h qu’elle est audacieuse en matière de pollution, l’industrie du transport maritime! La Lloyd’s List, organe d’information du secteur, annonçait en une que «les armateurs crient victoire» après une décision d’un juge américain interdisant à la Californie d’appliquer ses normes sur les émissions de polluants des navires.
L’Etat d’Arnold Schwarzenegger en a ras le bol de respirer les émanations des navires. Les gros rafiots des ports de la région de Los Angeles émettraient 30 tonnes par jour d’oxydes de soufre, plus que les véhicules, raffineries de pétrole et autres centrales électriques du coin. Et je ne vous parle pas des oxydes d’azote (48 tonnes par jour, toujours dans les ports de Los Angeles et de sa région). Des textes fédéraux sont en ce moment devant le congrès américain, qui réduiraient à 1000 ppm (le taux qui s’appliquera en Europe en 2010) la teneur maximale en soufre des carburants de navire au lieu de 27 000 ppm en moyenne… Par comparaison, la norme pour le carburant des camions américains est de seulement 15 ppm! A Los Angeles, la situation empire d’années en années. La capacité d’accueil des ports pourrait doubler ou tripler dans moins de vingt ans.
La Californie, comme pour bien d’autres questions relatives à l’environnement, avait donc pris les devants en 2006, abaissant les normes pour les navires croisant jusqu’à 24 milles de ses côtes. Alors une organisation influente, l’Association du commerce marchand du Pacifique (PMSA) a attaqué le Comité Californien de l’air pour faire cesser ce délit inadmissible aux yeux des armateurs. Et, comme l’annonce LLoyd’s List, ces derniers ont gagné: les lois américaines, qui autorisent l’Etat de l’ouest américain à adopter des règles environnementales plus dures que les textes fédéraux, ne s’appliquent pas aux navires. C’est en tous cas l’analyse qu’en a fait le juge de district William Shubb, qui a interdit à la Californie d’appliquer ses textes.
L’Agence spatiale européenne avait publié en 2004 une carte mondiale de la concentration en oxydes d’azote, tirée des observations de son satellite Envisat. On y voyait bien évidemment les grandes régions industrielles, mais aussi certaines routes maritimes en Asie… Plus près de nous, la Grande-Bretagne avait pu constater il y a quelques anées que le soufre émis par les navires empêchait de réduire les pluies acides le long de certaines de ses côtes (voir aussi ce rapport sur l’état des mers europénnes de l’ICES en 2003, qui montre une carte édifiante des dépots de soufre liés aux navires sur les côtes norvégiennes).
Ce qui est quand même hallucinant c’est de voir qu’aux US, comme en France d’ailleurs, on est capable de faire de telles projections sur 20/30 ans comme si nous n’allions jamais passé le « peak oil ». Pour la France, je parle des projets de nouveaux aéroports, Paris et Nantes en tête.