Contre la grippe, bois de l’eau mon ami

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Le Tamiflu n’est plus en vente libre, tout séquestré qu’il est dans les stocks hospitaliers à l’approche de la grippe A? Et alors. Pour les japonais, au moins, il suffira de boire les eaux rejetées par les usines de retraitement… des eaux! Sans rire, il est difficile de croire que cet antiviral, qui n’a jamais prouvé de réelle efficacité contre la grippe, se retrouvait déjà, l’an dernier, dans les eaux usées de Kyoto. En quantités suffisantes pour être détectées.

On doit ce scoop à une poignée de chercheurs de l’Université de Kyoto qui ont étudié de près les rejets de trois stations d’épurations qui traitent les eaux usées de la ville éponyme, et prélevé des échantillons d’eau dans les cours d’eau où ils sont déversés. Tout ça au début décembre 2008, alors que l’hiver filait un sérieux coup de main à la grippe saisonnière. Puis, plusieurs fois, au fur-et-à-mesure que l’épidémie évoluait.

Au début des analyses, rien à signaler. Puis au printemps, une fois la grippe envolée passée, rien à signaler. Mais entre les deux, nos amis japonais ont excrété un paquet de dérivés du Tamiflu dans leurs urines. Qui ont échoué dans les cours d’eau puisqu’il n’est évidemment pas question de capter toutes les molécules pharmaceutiques qui sévissent dans les eaux usées. A vrai dire, seule une exposition au soleil peut briser le carboxylate d’oseltamivir rejeté par un humain soigné au Tamiflu. Et encore, à petite vitesse, si j’en crois un chercheur cité par Science News.

Bref, alors qu’on était loin de parler de pandémie, de grippe porcine, ou de H1N1, des antiviraux se payaient une promenade à 300 nanogrammes par litre dans la région de Kyoto. A combien ça grimpera quand la pandémie la plus célèbre du XXIe millénaire aura commencé à (vraiment) sévir?

Pourquoi le bloggeur s’inquiète-t-il soudain de la qualité des eaux japonaises? Parce qu’avoir travaillé pour la télé sur le Japon l’a rendu fou? Qu’on ne s’inquiète pas pour sa santé mentale. Le souci est ailleurs. Figurez-vous que les oiseaux japonais ont —comme tous les autres hélas— pris une bien mauvaise habitude: ils boivent de l’eau. Et donc, à Kyoto, ils ingèrent du Tamiflu… Déjà que l’efficacité du médicament est pour le moins douteuse, exposer inutilement d’éventuels virus de grippe, aviaire cette fois, à cette molécule pourrait bien leur donner l’envie de muter. Ça ne changerait sans doute pas beaucoup l’avenir de l’humanité, du moins à court terme. Sauf, bien sûr, celui des actionnaires des laboratoires pharmaceutiques… Elle est comme ça notre planète. Tu pisse un coup de trop, et hop, la relance mondiale est handicapée…

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