Mercredi, j’imagine que les bulles couleront à flot pour ta nomination à la tête de Total (1). Tu entreras vite dans le vif du sujet puisque ta boîte fait partie des accusés dans le désastre provoqué par l’Erika en 1999-2000. Tu auras lu, je suppose, le résumé fait par les scientifiques de l’ONU sur l’avenir de notre climat, qui n’est guère engageant pour l’avenir.
J’ai lu quelque part que tu t’intéresse au nucléaire, pour
diversifier ta boutique. Je n’ai pas la prétention de te dicter ta
conduite. Mais comme j’ai lu que tu es considéré comme un original
parmi les tiens, tu pourrais trouver plus audacieux pour réorienter
l’avenir d’un grand groupe pétrolier.
Si les clients se pressent
toujours aux pompes pour acheter ton carburant, la maison Total n’a pas
forcément bonne presse, surtout après l’Erika et AZF, et les
longues manœuvres de procédure… Pourquoi ne pas verdir un bon coup
l’image du premier groupe français et investir dans les technologies
vertes. Les vraies, pas le biocarburant qui n’a pas d’autre objectif,
du moins en Europe, que de sauver la PAC et le métier des
raffineurs-distributeurs de carburants. Mais tu pourrais ériger des
éoliennes en mer, financer des centrales solaires dans les pays
ensoleillés, pousser la récupération du gaz de décharge, ou plus
efficace encore investir dans les programmes d’économie d’énergie.
Cher Christophe, tu as dit au Financial Times
que les énergies renouvelables ne pourront jamais satisfaire qu’une
petite partie des besoins en énergie. Mais as-tu lu le passionnant
rapport publié par Greenpeace
il y a quelques jours? Je suis sûr que pour un homme talentueux, ce
dont je ne doute pas, il y a plein d’idées à tirer pour gagner de
l’argent et redorer le blason de l’industrie pétrolière.
(1)
Christophe de Margerie, 55 ans, prend les rênes mercredi de Total. Le
groupe a réalisé un bénéfice de 12 milliards d’euros en 2005.