C’est un gaz hilarant, mais sa découverte ne fait pas rire les climatologues. Peut-être quand même quelques petites bébêtes qui le reniflent en été. Une équipe finno-russe a découvert des sources de protoxyde d’azote dans les tourbes de la toundra arctique. Un gaz à effet de serre qu’on croyait circonscrit aux régions agricoles tempérées et aux forêts tropicales. C’est d’autant plus inquiétant que ces émissions semblent sensibles au réchauffement du climat.
Le protoxyde d’azote est le gaz hilarant qu’on fait respirer aux patients avant de petites interventions chirurgicales. C’est aussi un puissant gaz à effet de serre, dont le pouvoir réchauffant à échelle d’un siècle est trois cent fois plus élevé que celui du gaz carbonique. Il est produit par des bactéries qui transforme l’azote surabondant dans les sols. Son rôle avait déjà été pointé dans les terres agricoles, et le protoxyde d’azote suffirait à lui seul à éliminer tout le gain potentiel en gaz à effet de serre des biocarburants, au point de les rendre plus « réchauffants » que le pétrole.
Dans les terres gelées du grand nord, les chercheurs surveillaient surtout les émissions de carbone sous forme de méthane liées à l’activité microbienne. Plus le climat se réchauffe et plus les sols dégèlent, et plus ils émettent de gaz, amplifiant le réchauffement à leur tour. Mais dans des tourbières arctiques, l’équipe finnoise et russe ont repéré des émissions de protoxyde d’azote, à hauteur d’un gramme à un gramme et demi par mètre carré sur la période déneigée, de juin à octobre. En dehors des tourbières, les émissions de protoxyde d’azote restent négligeables.
Compte tenu de l’ampleur des surfaces de tourbières dans l’arctique, le protoxyde d’azote représenterait au moins 4% des émissions de gaz à effet de serre de ces régions, estiment les chercheurs dans Nature Geoscience (1). Ces rejets devraient s’accroître au fur et à mesure que les sols dégèlent. Et le pergélisol a déjà commencé à fondre dans le nord de la planète. Une fois encore, les scientifiques ont mis la main sur un phénomène d’amplification du réchauffement. Plus ça chauffera, plus ça chauffera…
(1) Edition du 15 février 2009
Et encore une rétroaction positive de plus…
Maintenant que le Grenelle de l’environnement a échoué, on le fait quand le Nuremberg de l’environnement ?