A Fukushima, bâches et colorants contre l’eau radioactive

Paradoxalement, ce qui était à première vue une bonne nouvelle est en train de devenir un vrai casse-tête pour les liquidateurs de Fukushima Daiichi. Car la découverte d’une faille dans un puisard dépendant du réacteur 2 était un signe positif: vu la quantité d’eau hautement contaminée qui s’écoule à la mer par cette faille, il est probable que son obstruction serait de nature à réduire de manière importante les rejets de radioactivité dans l’océan.

Mais rien n’y fait. Pas plus l’injection massive de béton que de colle polymère, qui ne résistent pas à la pression de l’eau. Lundi, Tepco devait tenter d’installer des bâches, dans le puisard pour y construire une sorte de liner comme on en trouve dans les piscines. Des tests doivent être effectués par injection de colorant, pour tenter de déterminer le parcours exact de cette eau chargée en iode et en césium, et confirmer qu’elle provient —comme le supposent les liquidateurs— du réacteur numéro 2.

Une firme japonaise à proposé d’enfermer chacun des bâtiments sous une gigantesque et épaisse bâche, de manière à éviter la dissémination de radioactivité dans l’air. Mais, comme le souligne Kyodo, l’efficacité d’une telle méthode est plus que douteuse. D’abord parce que ces bâches pourraient rapidement être détruites sous la chaleur qui se dégage dans les réacteurs tant qu’un refroidissement pérenne ne sera pas rétabli. Mais bien évidemment, elles auraient l’avantage de cacher ces images de ferrailles enchevêtrées qui ne sont pas la pour rassurer l’opinion publique japonaise. Selon le briefing de l’AIEA dimanche, la température dans le réacteur 1 ne dépasse pas 259°C, quand le maximum du réacteur 2 a baissé à 153°C. Dans le réacteur 3, la température ne dépasserait pas 118°C. Les liquidateurs injectent respectivement 8 m3/heure, 9 m3/h et 7 m3/h d’eau dans les trois réacteurs. Par ailleurs, 2000 litres d’une résine soluble à l’eau ont été dispersés à l’extérieur (sur 500 m2) pour voir si cela réduit les émissions de poussières radioactives. Les corps de deux ouvriers, probablement tués par le tsunami, ont été retrouvés dans le sous-sol du bâtiment turbine n°4. Ils étaient portés disparus depuis le 11 mars. Le bilan du séisme et du tsunami continue de s’alourdir, avec 12157 dècès confirmées et 15496 disparus. Selon les calculs des scientifiques, le tsunami a grimpé jusque 38 mètres dans la ville de Miyako (préfecture d’Iwate).

La bonne nouvelle sur le front du nucléaire, c’est que partout dans les zones contaminées, le niveau de radioactivité baisse ou s’est stabilisé. Un signe que les rejets atmosphériques de la centrale sont désormais très inférieurs à ce qu’ils ont été dans les jours qui ont suivi le séisme. Selon NHK, en revanche, le gouvernement japonais à caché, entre le 14 mars et le 23 mars des informations dont il disposait, qui laissaient entendre que dès le 16 mars, la contamination pourrait atteindre 100 mSv (en équivalent annuel, peut-on supposer faute de précision) dans certaines régions proches de la centrale, mais situées au delà de 30km. Officiellement, rapporte NHK, c’est parce que la Commission de sûreté du nucléaire japonaise ne disposait pas d’informations précises sur la localisation de cette radioactivité prévue par les simulations.

[MAJ 04/04/11@12:03: Tepco a annoncé son intention de déverser 11500 tonnes d’eau contaminée dans le Pacifique, pour faciliter le travail de ses équipes d’intervention.]

2 commentaires

  1. Tiens, je croyais que les responsables autour du nucléaire ne mentaient jamais…

    Déverser 11 500 tonnes d’eau contaminée dans l’océan ? Délibérément ?
    Ah bon… C’est vrai, j’oubliais que ce n’est pas dangereux.

    Bâches, « liner », eau déversée dans l’océan, on est quand même admiratif devant la qualité et la cohérence des moyens mis en oeuvre par Tepco, c’est quand même un gigantesque bricolage.

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