Incahuella, c’est le nom du projet que l’on a commencé à imaginer il y a 6 ans déjà, que l’on a orchestré pendant 2 ans, et qui se concrétise depuis 2 semaines.
C’est le 13 Janvier 2011 que nous avons enfin posé le pied à Ushuaïa, point de départ de notre périple de deux années le long de la Cordillère des Andes. Des idées plein la tête et un projet audacieux où l’on souhaitait tout faire à pied, sac sur le dos.
Parc National Tierra del Fuego
Superficie : 63 000 ha (2000 ha sont accessibles au public)
Date de création : 1960
Localisation géographique : 20km à l’ouest d’Ushuaïa (Argentine)
Point culminant : Mont Vinciguerra (1476m)
Organisme de gestion du parc : Aministration argentine des Parcs NationauxEcosystème type : Forêt sub-antarctique
– Hêtraies (Nothofagus betuloides, Nothofagus antarctica, Nothofagus pumilio et Drimys winteri)
– Tourbières (Sphognum magellanicum et Tetracium magellanicum)
– Eboulis et prairies alpinesEspèces animales emblématiques :
– Renard de Magellan (Pseudalopex culpaeus)
– La loutre (Lutra provocax)
– Oies sauvages
– Phrygile à tête grise (Phrygilus gayi)
– Cormorans
– Pic de Magellan (Campephilus magellanicus)Espèces exotiques :
– Castor (Astor canadensis)
– Lapin ( Oryctolagus cuniculus)
– Renard gris (Pseudalopex griseus)Problématiques écologiques majeures :
– Espèces invasives : Le castor favorise l’inondation des berges et entraîne une modification locale du cycle de l’eau. La destruction des berges est en plus favorisée par le lapin qui y creuse ses terriers. Le renard gris quant à lui entre en compétition avec le renard de Magellan, natif de la région.
– Mauvaise gestion des sentiers de randonnées : Inexistence de sentiers pour traverser les tourbières, qui sont donc détruites peu à peu par les touristes qui ne veulent pas se mouiller les pieds…
– Nourrissage abusif des animaux sauvages par les touristes.
Chargées de 20kg et quelques dizaines de kilomètres plus tard, force est de constater que le défi était très ambitieux ! Marcher longtemps sur une route très poussiéreuse en se faisant frôler par les voitures… nous avons vite commencé à lever le pouce. Les avantages sont nombreux : nous gardons notre énergie et notre temps pour profiter davantage du cadre magnifique que nous offrent les coins reculés de la Patagonie, et nous rencontrons ainsi beaucoup plus de locaux.
La remise en question de notre défi physique a été dure à initier, mais nous ne regrettons pas ce choix. Depuis, nous avons pris l’habitude de sillonner les parcs naturels en y établissant un camp de base. Cela nous permet de découvrir plus sereinement la faune et la flore de la région, et de discuter avec les gestionnaires des parcs .
C’est dans le Parc National Tierra del Fuego, que nous avons planté notre tente pour la première fois. Nous avons pu y observer à foison de nombreuses espèces d’oiseaux et de mammifères, et nous rendre compte à quel point le castor est une véritable plaie écologique dans la région!
Reserva Forestal Magallanes
Superficie : 20878 ha
Date de création : 1932
Localisation géographique : 10km à l’ouest de Punta Arenas (Chili)
Point culminant : Mont Fenton (600m)
Organisme de gestion : CONAF (COrporacion NAcional Forestal)
Ecosystème type : Forêt sub-antarctique
Nous avons ensuite passé plusieurs jours dans la réserve forestière de Magallanes, située à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Punta Arenas (Chili). Après des rencontres très enrichissantes avec des gardes du parc et un professeur d’écologie, il semble que certaines espèces soient particulièrement surveillées et nuisibles dans la région. Parmi celles-ci, le sanglier qui comme chez nous voit ses populations augmenter fortement et qui entraîne une dégradation des terres. Mais c’est tout de même le castor qui occupe le plus les esprits.
Son arrivée dans les environs est très controlée pour éviter qu’il ne colonise le continent (NDLR : la Terre de feu est une île). Le castor a été introduit depuis le Canada en 1946 par l’armée argentine, pour favoriser le développement économique de la région (production de fourrures). Ça a été un échec puisque le climat local est moins froid qu’au Canada, et le castor ne produit donc pas une fourrure aussi épaisse. Exotique en Patagonie, le castor entre en compétition avec le « coipo », le ragondin natif occupant la même niche écologique, mais nettement moins compétitif que lui. Plus petit, avec une queue ronde, le coipo ne construit pas de barrage le long des cours d’eau, et ne créé donc aucune inondation dans des zones déjà très humides (90% de la Terre de feu sont en fait des tourbières, et quand on commence à noyer les 10% de terre sèche restant… la situation se complique !).
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