«Smoking Joe», ou l’art de commander un plagiat

Décidément, ça val mal dans les sphères climato-sceptiques… Le quotidien américain USA Today reprend les accusations de plagiat, vis à vis d’un rapport publié en 2006 par un statisticien américain et commandé par une commission parlementaire présidé par le républicain et climato-sceptique Joe Barton. Celui que certains ont surnommé «smoking Joe», en raison de l’énergie qu’il dépense à préserver les industries polluantes de toute régulation.

Un peu d’histoire pour commencer. En 2005, Barton dirigeait la Commission de l’énergie à la chambre des représentants US. Il demande alors au statisticien Edward Wegman (George Mason University) de se pencher sur les travaux parus à la fin des années 90 sous la plume de Michael Mann (Université de Pennsylvanie) et réfuter la célèbre crosse de hockey de Mann, une reconstruction de l’évolution depuis mille ans de la température de l’hémisphère nord.

En 2006, Wegman, sort son rapport, très critique sur la manière dont Michael Mann a conduit ses analyses statistiques et rejetant ses résultats. Mais au printemps 2010, Raymond Bradley (Université du Massachusets), co-signataire des premiers papiers sur la crosse de Hockey avec Mann, apprend du site Deep Climate, que Wegman aurait, pour son rapport, plagié un de ses bouquins. Une découverte faite par un informaticien retraité, qui s’est plongé dans le rapport, avant de conclure que 35 des 91 pages étaient des plagiats, ponctués d’injection d’erreurs, de biais, et de contresens. Consultés par USA Today, trois universitaires, experts en plagiat viennent de confirmer le soupçon.

Cela ne change évidemment rien à l’analyse de Wegman, dont les conclusions ont depuis été réfutées (1), mais cela porte tout de même un doute sur l’intégrité scientifique du statisticien. Serait-il copain avec Claude Allègre? Ce dernier a l’avantage de ne plus dépendre d’une institution, il peut donc écrire ce qu’il veut dans ses bouquins. Wegman, lui va faire l’objet d’une enquête de la part de son université de rattachement, parce que dans la vraie vie scientifique le plagiat n’est pas une valeur très honorable.

(1) En 2006 le Conseil national de la recherche a creusé le sujet et porté des critiques à l’encontre des travaux de Mann, mais souligné que ses résultats avaient été confirmés par d’autres études scientifiques rigoureuses.

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