Pour suivre les tsunamis, il faut lever les yeux au ciel et suivre les signaux des satellites du GPS. C’est la surprenante avancée faite par une équipe française, qui confirme dans Geophysical Research Letters que la propagation des tsunamis dans l’océan crée une onde qui modifie les propriétés de l’ionosphère.
La vague d’un tsunami ne mesure que quelques centimètres d’amplitude en plein océan. Mais sa longueur d’onde peut atteindre cent kilomètres, ce qui fait que des centaines de kilomètres carrés d’océans oscillent en même temps, de quoi créer une »onde de gravité interne», qui déplace d’autant plus l’air que l’atmosphère est raréfiée. Une vague de 10 centimètres provoque ainsi un déplacement de l’atmosphère d’un kilomètre! De quoi comprimer l’ionosphère (autour de 300 km d’altitude), ce qui perturbe la propagation des signaux des satellites en orbite pour le positionnement GPS.
C’est en étudiant les données de stations GPS fixes au sol, à Hawaii, obtenues lors de trois tsunamis (2006, 2009, 2010) que les chercheurs français ont pu observer le déplacement des vagues. Des résultats qui prolongent des travaux de la même équipe qui, en 2006, avaient modélisé le signal enregistré par deux satellites lors du tsunami de Sumatra en 2004. Il reste à rendre tout cela utilisable en temps réel, pour améliorer les prévisions après la formation d’un tsunamis.
Selon un chercheur interrogé par Nature, l’idée d’un impact des tsunamis sur l’ionosphère remonte aux années soixante-dix. Mais à l’époque, il n’y avait pas de GPS. Décidément, le système de positionnement par satellite américain a beaucoup d’usages imprévus. Il sert déjà à mesurer la température de la haute atmosphère, la teneur atmosphérique en eau et même la «rugosité» des océans, qui donne des infos sur les vents…