La chasse à la baleine, vue de l’intérieur

Junichi Sato, de Greenpeace, présente à la presse de la viande de baleine volée, en 2008. Il risque 18 mois de prison © Greenpeace
Junichi Sato, de Greenpeace, présente à la presse de la viande de baleine volée, en 2008. Il risque 18 mois de prison © Greenpeace

Japon, baleine, deux mots qui fâchent. Alors que s’ouvre la semaine prochaine la réunion annuelle de la Commission baleinière internationale (CBI), qui pourrait lever le moratoire sur la chasse à la baleine, le Guardian publie le témoignage d’un ancien marin de cette prétendue flotte de recherche scientifique. Edifiant.

On l’a appris ce week-end, grâce au Sunday Times, le Japon ne recule pas devant les moyens pour acheter des votes à la CBI: le journal citait dimanche des témoignages d’officiels de petits pays qui expliquaient que le Japon leur a proposé une aide économique, parfois des versements discrets en liquide à quelques officiels, et une fois même des putes, lors de visites de ces officiels au Japon. Embarrassant, même si Tokyo a évidemment démenti.

Ce que raconte le Guardian est tout aussi gênant pour le Japon. Un marin —qui a souhaité garder l’anonymat, on le comprend— raconte les petites magouilles qui se déroulent pendant les campagnes de chasse à la baleine. Deux militants de Greenpeace Japon risquent d’ailleurs 18 mois de prison ferme —requis la semaine dernière— pour avoir volé un colis contenant 23kg de viande de baleine, dans le but de faire éclater la réalité de ces trafics au grand jour.

Selon la taupe citée par le Guardian, le trafic de viande de baleine permettrait à certains marins de multiplier plusieurs fois leur salaire annuel. L’homme, qui se fait appeler Mr. Whale, souligne que les officiels de l’Institut de recherches sur les cétacés ferment les yeux. Le marin, qui travaillait sur le Nisshin Maru, vaisseau amiral de la flotte baleinière japonaise, souligne que les marins emportaient entre 5 et dix cartons de viande (parfois 40) et que l’un d’entre eux s’est même fait construire une maison avec le produit de la vente. Ils choisissaient bien évidemment les meilleurs morceaux, ceux qui se vendent le plus cher, raconte le mystérieux Mr. Whale. Parfois, les morceaux moins recherchés étaient directement rejetés à la mer. Selon l’ancien marin, depuis que l’affaire Greenpeace à éclaté et suscité l’attention des médias, certains marins ont renoncé à embarquer sur la flotte baleinière, faute de pouvoir arrondir leurs fins de mois.

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