Marée noire de BP, l’inquiétude gagne

Marée noire du Prestige © Denis Delbecq
Marée noire du Prestige © Denis Delbecq

La Maison-blanche se serait-elle réveillée? L’administration Obama semble en avoir assez d’être accusée de rester les bras croisés face à l’ampleur de la marée noire. Hier, les autorités ont multiplié annonces et déclarations pour tenter de redorer leur blason. Et enfin levé le voile sur les volumes de pétrole rejetés depuis le 20 avril dernier.

Contrairement aux chiffres annoncés par BP et jusqu’à présent acceptés sans rechigner par les autorités américaines, le puits perdrait chaque jour entre 12000 et 19000 barils de brut. Jusqu’à présent, le chiffre officiel était de 5000 barils par jour (1). Ce seraient donc 50000 à 80000 tonnes qui se seraient échappées, auxquelles il faut ajouter les 32000 tonnes qui se sont déversées lors de l’explosion de la plateforme de forage.

Ces chiffres seront bien évidemment contestés. Peut-être pas par BP, qui évite de faire le malin, mais par des spécialistes, qui avaient —au vu des images— estimé ces derniers jours des rejets quotidiens pouvant atteindre 50000 barils (ce qui mettrait le total depuis le 20 avril, TTC, à 370000 tonnes…). Selon les spécialistes, BP pourrait être condamné à verser entre mille et trois mille dollars par baril rejeté, ce qui porterait l’addition judiciaire à ce jour à un milliard de dollars selon les volumes officiels, quatre fois plus selon les estimations officieuses… Mais c’est sans doute une goutte d’eau pour BP, face aux coûts liés aux opérations de colmatage et surtout à la perte boursière… Selon le dernier communiqué de BP, que j’ai reçu ce matin, l’opération de colmatage du puits pourrait encore prendre 24 à 48 heures avant qu’on sache si elle a réussi. Pour le moment, elle n’aurait pas aggravé la situation.

Aujourd’hui, donc, la marée noire de Deepwater Horizon a gagné ses galons de plus importante marée noire de l’histoire des Etats-Unis. (Pour le Golfe du Mexique, le record reste pour un accident similaire survenu en 1979 côté Mexicain, où plus d’un million de tonnes s’étaient déversées pendant un an).

On en sait un peu plus aussi sur la fameuse nappe sous-marine, qu’avaient découvert des océanographes près du lieu de l’accident. L’administration américaine (NOAA) avait réfuté cette découverte, expliquant que ces observations n’étaient que très préliminaires. Mais elles ont été confirmées par une seconde mission, à 35km cette fois du puits défaillant. Une nappe qui s’étend entre la surface et mille mètres de profondeur, sur une longueur de dix kilomètres. La concentration maximale, mesurée deux fois la même semaine, se situerait vers une profondeur de 400 mètres. Des analyses sont en cours pour savoir si des produits dispersants sont mêlés aux hydrocarbures remontés à la surface par le navire.

La bonne nouvelle —car il faut toujours une bonne nouvelle, n’est-ce pas?— c’est que certains microbes font un véritable festin de pétrole. Autour des plaques de pétrole, l’eau contient moins d’oxygène, un signe probable d’une forte activité microbienne. La moins bonne nouvelle, c’est que ce sont des organismes de la famille des vibrio qui ont été observés, agglutinés sur des échantillons de pétrole récupérés dans le Golfe du Mexique. Une famille qui compte notamment Vibrio cholerae, la bactérie du choléra. Et sans aller jusqu’à cette extrémité, les vibrio comportent toute une série de pathogènes pour la faune sous-marine, susceptible aussi de se transmettre à l’homme en cas de consommation de ces produits de la mer. Reste désormais à identifier plus clairement les bactéries observées, rappelait un chercheur interviewé par New Scientist. Des chercheurs conseillent d’ailleurs d’ajouter des fertilisants pour enrichir l’appétit bactérien qui pourrait aider à lutter contre les effets à long terme de la marée noire. Au passage, l’Agence américaine de l’environnement, tout en se félicitant de la baisse des quantités de dispersants déversées, ne décolère pas contre BP qui s’obstine à utiliser le Corexit 9500, une semaine après une injonction d’utiliser un produit moins agressif pour l’environnement.

Pour être complet sur le front santé et environnement, soulignons que les autorités ont rappelés à Terre les 125 chalutiers qui tentaient de circonscrire les arrivées de pétrole dans la région de Breton Sound. Selon les sources officielles, quatre marins se sont plaints de nausées, maux de crâne et douleurs respiratoires, ce qui conduit les gardes-côtes à revoir leur plan de lutte contre la mierda. Mais selon un syndicaliste de pêcheurs, des dizaines de personnes auraient été incommodées, et une douzaine ont été hospitalisées mercredi, l’une devant même être héliportée. Les «sauveteurs» réclament à BP des équipements de protection respiratoire et des gants, qui pour le moment n’aurait rien fourni.

Jeudi, Obama et son ministre de l’intérieur ont tapé du poing sur la table. Trente-trois puits d’exploration doivent immédiatement cesser les forages dans le Golfe du Mexique, le temps que les conclusions de l’enquête officielle sur Deepwater Horizon soient connues, et que des assurances soient données sur le bon état des systèmes de sécurité. Chevron, Shell et autre Petrobras devront donc attendre, et la production pétrolière américaine pourrait être amputée de quatre-vingt mille barils quotidiens qui devaient être mis sur le marché l’an prochain. De quoi aussi perturber toute l’industrie puisque les navires d’exploration se louent de longs mois à l’avance, et qu’ils se retrouvent en panne de travail. Au passage, l’administration a suspendu la vente de plusieurs concessions pétrolières au large de la Virginie, et dans le Golfe du Mexique. Il y a quelques jours, Washington avait interrompu les forages exploratoires dans l’Alaska.

(1) Rappelons que le baril représente 159 litres de pétrole, soit une masse d’environ 110 kg.

20 commentaires

  1. Bonjour,

    Du tapage de poing et du tapage médiatique (nocturne et diurne), c’est tout ce dont on peut s’attendre de la bande de ce président. Il n’a pas arrêté la torture instaurée par son prédecesseur, et il n’a pas non plus corrigé les dérives à la MMS (le service de l’Intérieur qui est censé contrôler les puits).

    Comme pour les dérives de l’industrie financière, ça va gueuler un peu quand il y a des caméras, et puis c’est tout.

  2. Author

    Obama vient quand même de virer (ou de pousser à la démission) la patronne du MMS. Vous voulez quoi, qu’il démissionne lui-même?

    1. Même s’il s’agit d’une femme, on appelle cela un bouc émissaire. Qu’à-t-il fait (ou son « ministre de l’Intérieur » Ken Salazar) avant cette catastrophe, à part relancer les forages en eaux profondes? Qu’a-t-il fait pendant cette catastrophe, à part suivre les conseils du premier coupable?
      Apparemment, BP n’a pas vraiment réussi à diminuer le flux de pétrole (et ils n’ont même pas commencé à colmater la fuite, pour l’instant ils essaient de remplacer la colonne de pétrole par une colonne de boue lourdes), et il est dit que si BP ne réussit pas avant la visite d’Obama aujourd’hui, il annoncera que l’état fédéral prendra le relais (Marine, NOAA, …) Pourquoi avoir attendu 6 semaines? Pour avoir son nom derrière un des plus gros désastres écologiques et économiques?

      Thomas Legrand dit que « ce n’est pas grave, on a juste un président qui nous fait perdre du temps ». Quand je vois ce que font les ‘présidents’ (ou premiers de l’exécutif) à côté, je suis presque prêt à le croire.

      1. Tout simplement parce que c’est à la compagnie pétrolière responsable de payer pour les actions liées à la marée noire. Si les états unis avaient lancés des actions sans l’avis de BP, la companie s’en serait sortis sans dépenser un $ et en plus ça n’aurait rien changer à la situation puisque c’est eux les sachant dans cette histoire…

      2. Est-ce qu’il faut comprendre qu’un état souverain est donc pieds et mains liés aux vicissitudes d’un assujetti fautif? Vous vous imaginez à quel point ils sont tombés bas alors?

      3. En l’occurence c’est pas BP qui balance du pétrole, ce sont les lois de la physique… BP c’est les mecs qui ont économisé sur une vanne… Et comme Obama il est ni géologue ni ingénieur je vois mal ce qu’il peut faire plus que les gens de BP qui le sont…

        Un état souverain peut obliger les BP du monde à mettre des vannes, il peut condamner les BP qui ont salopé la mer avec du pétrole à payer les réparations, mais une fois que la connerie est fait, on peut rien faire d’autre que de constater les dégats…

      4. En l’occurrence, c’est Transocean qui fournissait la plateforme, Halliburton le ciment, Schlumberger les pompes… tous des sous-traitants aux ordres de BP.
        Si les US n’avaient pas cédé leur souveraineté à l’industrie (UK et Norvège imposent par exemple des règles de sécurité beaucoup plus sévères pour éviter ce genre de connerie. Après tout, ce n’est que le 19e explosion pour cause de gaz dans le tuyau), ils auraient pu coordonner eux-mêmes les opérations, pour se rendre compte que la fuite est beaucoup plus importante que BP ne voulait admettre, et que l’urgence est plus grande que BP ne veut admettre. Il faut juste retenir que BP cherche à gagner du temps pour percer un trou à côté pour pouvoir récupérer ce qui reste du précieux liquide. Tout le reste, ce n’est que du paraître.
        De l’autre côté, le Mexique avait fait une marée noire 4 à 5 fois plus grande dont plus personne ne parle, les conséquences seront peut être moins graves qu’on ne peut le craindre.


  3. Deepwater Horizon est peut-être en train de devenir le catalyseur d’une prise de conscience du pic pétrolier. En tous cas à entendre Obama, on croirait qu’il parle du pic pétrolier.

    Obama – 26.05.2010 – We all know the price we pay as a country as a result of how we produce and use — and, yes, waste — energy today. We’ve been talking about it for decades — since the gas shortages of the 1970s. Our dependence on foreign oil endangers our security and our economy. Climate change poses a threat to our way of life — in fact, we’re already beginning to see its profound and costly impact. And the spill in the Gulf, which is just heartbreaking, only underscores the necessity of seeking alternative fuel sources. We’re not going to transition out of oil next year or 10 years from now. But think about it, part of what’s happening in the Gulf is that oil companies are drilling a mile underwater before they hit ground, and then a mile below that before they hit oil.

    With the increased risks, the increased costs, it gives you a sense of where we’re going. We’re not going to be able to sustain this kind of fossil fuel use. This planet can’t sustain it. Think about when China and India — where consumers there are starting to buy cars and use energy the way we are. So we’ve known that we’ve had to shift in a fundamental way, and that’s true for all of us.

    http://www.whitehouse.gov/the-press-office/remarks-president-economy-0

    Obama – 27.05.2010 – The fact that oil companies now have to go a mile underwater and then drill another three miles below that in order to hit oil tells us something about the direction of the oil industry. Extraction is more expensive and it is going to be inherently more risky.

    And so that’s part of the reason you never heard me say, « Drill, baby, drill » — because we can’t drill our way out of the problem. It may be part of the mix as a bridge to a transition to new technologies and new energy sources, but we should be pretty modest in understanding that the easily accessible oil has already been sucked up out of the ground.

    And as we are moving forward, the technology gets more complicated, the oil sources are more remote, and that means that there’s probably going to end up being more risk. And we as a society are going to have to make some very serious determinations in terms of what risks are we willing to accept. And that’s part of what the commission I think is going to have to look at.

    http://www.whitehouse.gov/the-press-office/remarks-president-gulf-oil-spill

  4. « l’inquiétude » gagne même vachement de terrain…
    Ce sont peut-être bien des « cinglés » (?) qui nous assènent ce genre d’information – voir ci-dessous -… mais quand on ne connaît personne sur place et que l’on est pas soi-même spécialisé dans ce genre de problèmes de « pollution pétrolière sous-marine », on peut quand-même se poser des questions… et s’inquiéter justement.
    Si quelqu’un ici a donc le temps d’apporter ses propres lumières à tout ce que l’on peut lire ci-dessous, ce serait franchement génial (à noter que j’ai reçu ce genre de message plusieurs fois déjà en une semaine, et encore hier et encore aujourd’hui, et on me demande à moi qui n’en sais fichtre rien d’y donner mon avis (à priori, tout cela est de la foutaise, mais je manque d’arguments constructif pour étayer ce sentiment)…
    Merci donc par avance à « la bonne âme » qui voudra bien prendre le temps d’y consacrer un peu de temps !

    Extrait de ce que je viens encore de recevoir ce soir pour la xième fois :
    ….. Des chasse-neige sont prêts à retirer des véhicules abandonnés sur les autoroutes dès que les évacuations se produiront
    . Greg Evenson
    Je vous suggère tous de bien porter attention : ce reportage s’aligne sur le rapport ALTA [1] de Clif High du 26 juin. Si vous attendez que CNN ou Fox vous donnent une idée sur quelque prétendue vérité à propos de la situation dans le Golf [du Mexique], alors vous feriez mieux de vous pelotonner, car vous allez devoir attendre très, très longtemps.

    Cela fait environ trois semaines depuis que Greg Evenson, autrefois policier d’État et personne nommée au Service secret, est passé à la radio dans l’émission The Waterman Files pour parler de ce que ses pourvoyeurs d’informations de première main lui divulguent à propos de la situation au Golf du Mexique et dans ses alentours. Aujourd’hui, M. Evenson a parlé et a mis la situation à jour avec Dr John Waterman [2].
    « Un pessimisme et un désespoir s’accroissent parmi les gens dans l’armée à qui j’ai parlé et qui ont vraiment un sentiment de catastrophe imminente et, jusqu’à présent, je n’ai jamais rien vu de tel. J’ai parlé aux militaires, et ils ne planifient que leur propre bien-être en ce moment en essayant d’évacuer leur famille. Planifiez-le parce que quand ça partira, ce sera, aux sens littéral et figuré, comme un raz-de-marée catastrophique là-bas. Une fois qu’il aura commencé, on ne pourra l’éviter d’aucune façon. »
    Je crois que les premières annonces faites concernant tout genre d’évacuation impliquant les personnes âgées, les personnes qui doivent partir en premier si possible, précipitera sans tarder une seconde vague de gens qui auront tergiversé, puis qui diront soudainement : « c’est le temps de bouger ». Cela dégringolera rapidement, mais les gens qui vont composer avec cette situation disent en ce moment tout bêtement : « Nous manquons de ressources, nous n’avons pas ce qu’il faut pour y arriver ».
    Greg Evenson a affirmé que les chercheurs de l’Université du Texas lui ont soufflé que, il y a cinq semaines (quelque chose qu’il a décrit dans une radio-diffusion du 27 mai), le U.S. Geological Service (service géologique
    étasunien) signalait qu’on avait précipité un tremblement de terre à presque 18 km sous le fond océanique après avoir effectué un forage allant jusqu’à environ 9 km dans le site de Deepwater Horizon. Ce n’est pas le puits le plus profond sur la terre, mais c’est le puits qu’on a foré le plus profondément, perçant une telle réserve de gisement de [ce genre de] pétrole. C’est pourquoi il est rouge et radioactif en remontant à la surface.
    Les rapports de l’U.S Geoligical Survey indiquent que ce tremblement de terre a peut-être occasionné une fracture du fond océanique, ce qui expliquerait les fuites de pétrole se produisant en large de 11 km à environ 45 km , fuites qui ne proviennent pas du tout des sites forés mais des fissures dans le fond océanique, provoquées par cette opération et par ce gisement géant.

    Après avoir défini la situation dans les régions touchées et parlé de ce problème en séparant la fiction de la réalité, M. Evenson a affirmé que « nous avons vraiment besoin d’ôter du débat toute absurdité… et des affirmations ahurissantes sans fond… parce que nous perdons du temps, nous prenons du recul à chaque instant. C’est peut-être [divertissant] pour certains mais pour d’autres, c’est quelque chose d’extrêmement sérieux, et ce l’est… »

    On suggère que les plates-formes – toutes celles opérant dans le Golf du Mexique – cesseront leurs activités.
    Une vidéo de Pensacola, en Floride, commence à se répandre sur Internet, montrant du méthane qui sort de l’eau en bouillonnant.
    On dit qu’il en sort un million de fois de plus dans certaines régions et cent mille fois de plus dans d’autres, ce qui est loin d’être normal. La quantité de méthane relâché équivaut à vingt fois celle du dioxide de carbone habituellement relâché dans l’atmosphère par les voitures, etc.

    Plusieurs scientifiques ont postulé que le relâchement inéluctable et énorme de produits toxiques occasionnera un phénomène gigantesque, voire planétaire, incluant d’importantes fluctuations dans le climat, responsables d’énormes tempêtes similaires à celles qu’on a vues dans les films hollywoodiens comme Le Jour d’après; elles seront époustouflantes.
    Quant à ce scénario, M. Evenson a répondu : « C’est exactement ça, et ajoutez-y le désastre absolu qui se déroule sous nos yeux à cause de cette vaporisation excessive, cette vaporisation extraordinaire de Corexit qui cause un dégât.
    J’ai vu des photos qu’on m’a fournies… de cultures, d’arbres et d’autres choses qui dépérissent par cette pollution continuelle. Comme si la création de ce problème n’était pas suffisante pour BP, l’entreprise en a engendré un deuxième, puis un troisième en affaiblissant l’infrastructure, les cultures et ainsi de suite, à cause de la vaporisaton de cet horrible Corexit.»

    « On commence à préparer des chasse-neige pour qu’ils aillent le long des autoroutes inter-états au milieu de l’été afin de retirer des véhicules abandonnés dès que les évacuation se produiront. »
    M. Evenson a supplié les gens de ne pas paniquer, de se péparer tout simplement en avance afin qu’ils puissent s’écarter du danger avant qu’une évacuation en bousculade ne commence ».
    – Greg Evenson
    http://thejohnchronicles.wordpress.com/

    On signale qu’il y a une énorme quantité de méthane relâché dans le golf, ce qui expliquerait la raison pour laquelle l’eau dans ladite vidéo semble bouillir.

    http://www.youtube.com/watch?v=a52k2DOE7Wk&feature=player_embedded

    …..

    1. Bonjour,

      Il ne faut pas tout confondre non plus.

      Du pétrole dans le Golfe, il y en a toujours eu, et en quantités considérables. La nappe de pétrole qu’on cherche à percer à certains endroits touche la surface en d’autres endroits. Cela fait des millénaires que cela fuit, et n’est pas une cause excessive d’inquiétude (c’est même une source d’énergie pour un éco-système très surprenant).

      Du méthane dans l’eau, c’est « normal » aussi. La fuite dégage entre 6 et 10 millions de litres, dont jusqu’à 40% de gaz. Cela se traduit donc par une production de 3 à 4 millions de litres de gaz, plusieurs milliers de mètres cubes. Pas étonnant qu’il y ait des bulles alors (BP semble capturer environ la moitié de cela. Tout le gaz, et une grande fraction du pétrole, est brûlé sur place).

      Donc tout cela fait partie d’une catastrophe normale.

      Je n’ai pas d’info « sérieuse » sur le détergent dont on dit tout et son contraire. C’est apparemment une très mauvaise idée, avec des conséquences à long terme, donc pas encore visibles maintenant.

      Reste la question d’un ouragan. Un vrai ouragan au mauvais endroit serait une deuxième catastrophe, et les US ont déjà démontré qu’ils sont entièrement incapables de traiter une telle catastrophe. Je comprends donc que les militaires veuillent « exfiltrer » les membres de leur famille, plutôt que de vivre sous les émanations nauséabondes de la catastrophe en cours. Si un ouragan frappe, il n’y a pas assez de bus pour tous le monde, et les véhicules seraient tous bloqués dans des bouchons monstres. Ils doivent essayer de préparer un « plan OrSec », mais avec ce genre d’idiots qui crient au loup dans le radio, ce sera difficile de toute façon.

      1. MERCI POUR LA RÉPONSE !
        Dorénavant, à tout ceux qui continuerons à m’envoyer ce genre de message, je les redirigerais vers cette page…
        :oD

        MEILLEURES PENSÉES !!!

  5. @Daniel Olivaw,
    Il est extrêmement facile d’affoler les gens et de les opposer entre eux avec des absurdités telles que celles que vous citez.. Et la catastrophe, s’il y en a une, viendra de là .
    En 1979, il est arrivé exactement la même histoire dans le Golfe de Campêche au Mexique avec le puits Ixtox 1 – çà a duré des mois et les quantités de pétrole et de gaz déversées en mer ont été à peine inférieures à celles qui seront déversées par le puits de Macondo ( Deep Water Horizon), du moins si les puits de secours arrêtent la fuite. Le saviez-vous? Qui s’en souvient? A l’époque, on en a parlé à la télévision de temps à autre pendant 3 à 4 semaines, mais comme çà se passait au Mexique, il n’y avait pas tous ces relais désordonnés d’informations inexactes et de rumeurs que nous connaissons aujourd’hui pour Macondo. La presse et les réseaux d’information » font encore une fois la preuve de leur incapacité à informer correctement et de leur pouvoir de nuisance, avec la complicité passive ou active des ignorants ou des malveillants de tout poil ( idem pour l’histoire d’Outreau).
    Et saviez-vous qu’en année moyenne les plus grandes quantités de pétrole déversées en mer ne sont pas le fait des marées noires et des explosions de puits, mais de fuites naturelles ( 60 % aux Etats-Unis, pays riche en pétrole, où il existe par exemple un petit ruisseau de pétrole qui coule sur une plage de Los Angeles) et des rejets des particuliers et des petites entreprises ( 80 % en France), auxquels on ne prête guère d’attention car ils se produisent continuellement et non par catastrophes. Seule la catastrophe nous intéresse, mêm si le quotidien est beaucoup plus dangereux.
    Si vous vous intéressez réellement à ces questions, ce dont je ne suis pas sûr, vous pouvez essayer de lire le rapport EPRINC  » The Blowout and the Deepwater Moratorium…putting the spill in perspective, July 2 2010″.
    Quant à la dangerosité du pétrole brut, elle est quasiment nulle sauf pour ceux qui se font engluer dedans. A La Brea près de Los Angeles on peut voir un musée où l’on montre toutes les espèces animales qui se sont prises depuis 30 000 ans dans les marécages emplis de bitumes qui existaient dans la région. De plus, le pétrole, non seulement disparaît par évaporation, mais il est consommé partiellement par des bactéries qui sont le point de départ de toute une chaîne alimentaire. Une fois la fuite colmatée, la nature reprendra ses droits en quelques années, comme çà été le cas sur les côtes bretonnes après le naufrage de l’Amoco Cadiz
    Quant au gaz naturel, il contient parfois à l’état brut des produits toxiques, comme un peu d’hydrogène sulfuré ou des traces de composés de mercure ou d’arsenic, mais je ne pense pas que ce soit le cas dans le Golfe du Mexique. De toutes facons, tout çà se dissout et se dilue dans les eaux bien avant d’atteindre la surface. Je vous signale à ce propos que dans certaines régions du globe, en Azerbaidjan ou en Irak par exemple, il y a des fuites de gaz naturel au-dessus des gisements pétroliers qui durent depuis des millénaires. Le temple du feu à Bakou, haut lieu du culte Parsi, a utilisé par exemple longtemps une de ces fuites pour impressionner les fidèles .
    Pétrole et gaz naturel sont surtout dangereux par leurs produits de combustion, ce dont tout le monde se fout parce qu’il s’agit du quotidien, pas de catastrophe. Pourtant, çà doit bien représenter en France de 10 000 à 20 000 morts par an ( maladies pulmonaires, cancers…). çà représente aussi de l’ordre de 45 % des émissions de CO2 ( sans compter le méthane)

    1. Pourquoi cette phrase : « Si vous vous intéressez réellement à ces questions, ce dont je ne suis pas sûr, vous pouvez essayer de lire le rapport EPRINC » The Blowout and the Deepwater Moratorium…putting the spill in perspective, July 2 2010?. » ?
      Si je pose ici la question sur le site de Denis Delbecq, c’est bien que le sujet m’intéresse et que j’espérais avoir des réponses sérieuses, claires et argumentées !

      Bon, cela dit, ce rapport EPRINC, on peut le lire où en version française ?
      MERCI

      1. Désolé, c’est un rapport US, en Américain, mais je suppose que par Google vous pouvez en avoir une traduction approximative. De toute façons, les figures sont très parlantes. Vous pourrez y repérer l’accident de l’Amoco Cadiz qui fait partie des 10 plus gros déversements de l’histoire. Que reste t-il de cette énorme pollution? Des homards un peu plus gros, dit-on.
        Je vous signale aussi un ouvrage qui date de 2000 aux Editions Technip, en Français par conséquent: » Bertrand A. Transport maritime et pollution accidentelle par le pétrole, faits et chifffres ». çà date un peu, mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, les déversements accidentels en mer ont eu tendance à décroître depuis lors, suite au durcissement des règlementations. Il n’en est pas de même des déversements quotidiens de petites entreprises et de particuliers, qui eux, ne sont pas accidentels, mais bien souvent volontaires.
        La presse se garde bien à quelques exceptions près, de rechercher dans la documentation existante des travaux permettant de mettre en perspective les catastrophes. Au contraire, elle cherche par tous les moyens à en amplifier l’ effet psychologique de manière à créer le maximum d’émotion. Et elle laboure bien évidemment en terrain très favorable, l’émotion étant un sentiment délicieux. Le résultat peut en être une amplification des effets de la catastrophe, mais qui s’en soucie? Bien au contraire, cela fait encore croître l’émotion, et c’est encore plus délicieux!
        La presse n’ira par contre jamais enquêter réellement sur les responsabilités individuelles de ceux qui rejettent quotidiennement leurs déchets de toutes nature en mer. Car il est tellement plus commode de rejeter ses responsabilités sur d’autres!
        Et désolé pour cette phrase qui vous choque…

      2. Bonjour,
        Je mettrai un peu plus de nuance. Pour le déversement du pétrole, c’est une catastrophe comme les autres, et la nature s’en remettra probablement sous quelques années.
        Mais je crois qu’il y a deux éléments qui distinguent cette catastrophe des autres. D’une part, la fuite a forcé au chômage des milliers de pêcheurs. Ceci paralyse tout un secteur industriel, plus tous les éléments annexes (les transporteurs des crevettes pêchées, les réparateurs des bateaux, ..), et avec les défauts sociaux inhérents à la société américaine, cela ne fait que des malheureux.
        D’autre part, la catastrophe s’est réalisé devant les mangroves et marécages du bassin du Mississippi, et là, je ne sais pas si les dégâts sont aussi facilement réversibles (je n’ai pas dit non plus qu’ils sont irréversibles, mais ce risque est bien réel).
        Donc c’est quand même un soucis grave. On peut l’imputer partiellement à notre soif insatiable de pétrole, mais il convient de noter que BP a une historique de sécurité déplorable (à commencer par la catastrophe de l’Exxon Valdez), tout cela pour garantir des retours suffisants aux actionnaires retraités Anglais ou d’ailleurs.

      3. Tout à fait d’accord, il s’agit d’une catastrophe exceptionnelle par son ampleur, qui sera sans doute plus importante que celle d’Ixtoc, qui a eu lieu dans un diverticule du Golfe du Mexique! Mais quel est le bilan réel de cette dernière, du point de vue environnemental comme du point de vue économique? Avez-vous lu un seul article de presse à ce sujet.Il n’y en a tout simplement pas . Pourtant çà donnerait au moins une référence quantitative , plutôt que de disserter dans le vague!

      4. MERCI POUR TOUTES CES RÉPONSES (« BMD » et « toxymoron »)…
        Le temps de digérer tout ça et de ‘trouver les sources’ que vous mentionnez…
        … et je reviendrais probablement pour d’autres éclaircissements !
        (A propos, dans certains courriels que j’ai également reçu ces derniers jours, il était question du « retour en force de la thèse de Fred Hoyle » a propos de l’origine de pétrole… Cela vous dit quelque chose ?

  6. Comme j’ai confié l’adresse de cette page à la plupart de mes contacts qui me transmettent allègrement ce genre de messages « affolants » mais auxquels on ne sait pas toujours quoi répondre vu que l’on est pas des spécialistes de ce sujet…
    Voici un autre exemple de ce qui circule en ce moment (et parmi les messages « les moins affligeants » !!!)

    – Catastrophe de BP: vers l’évacuation de millions de personnes ?
    (Cf. « http://www.washingtonpost.com » et « http://www.internationalnews.fr »)
    Titre original: Des évacuations massives commenceront-elles bientôt dans les régions côtières ?
    « Nous allons devoir évacuer les états du Golfe », a déclaré Matt Simmons, fondateur de Simmons and Co., une banque d’investissement pétrolier et, depuis l’explosion du 20 avril dernier, la source indéfectible de prédictions apocalyptiques. « Pouvez-vous imaginer évacuer 20 millions de personnes?… Cette histoire est 80 fois pire que ce que j’imaginais. »

    – Les plans d’évacuation du Golfe commencent à tourner autour du Net. Le benzène, des quantités incroyables de benzène sont libérées dans l’atmosphère et il est un danger clair et présent, non seulement pour les personnes âgées et les personnes souffrant de problèmes respiratoires, mais pour la population en général du Golfe dans son ensemble. L’Agence International de Recherche sur le Cancer a déterminé que le benzène est cancérigène pour l’homme et peut causer diverses formes de cancer après une exposition prolongée. Des expositions à des niveaux élevés de benzène montrent une association avec la leucémie, y compris la leucémie myéloïde aiguë, la leucémie lymphoïde aiguë et la leucémie myéloïde chronique. Les leucémies reliées au benzène ont été signalées pour se développer dans une période aussi courte que neuf mois. C’est beaucoup plus sérieux qu’ils le laissent entendre, d’autant plus qu’une des options est de brûler le pétrole qui s’échappe!

    Les plans d’évacuation de la région de Tampa Bay devraient être annoncés dans les prochains jours pendant que la FEMA se prépare pour ce qui est maintenant appelé la pire catastrophe de pétrole dans l’histoire de l’humanité. Evacuer la Floride! Seigneur Dieu! Qu’est-ce que ces monstres nous ont fait!
    J’écoutais l’émission radiophonique de « The Micro Effect » et il y avait un scientifique sur l’émission qui a dit qu’ils avaient des plans de secours pour évacuer la Floride et, éventuellement, la Côte Est, maintenant que le pétrole était entré dans les courants marins du Golfe. La nappe libère maintenant d’énormes quantités de benzène. Le benzène est un agent qui tue! N’y allez pas, éloignez-vous!

    Le benzène est un liquide aromatique clair, incolore et très inflammable qui s’évapore rapidement dans l’air et peut se dissoudre dans l’eau. Il se forme soit à partir d’un processus naturel où par les activités humaines ; les sources naturelles de benzène sont les volcans et les incendies de forêt.
    Le benzène est présent dans le pétrole brut, l’essence et la fumée de cigarette. Il est industriellement utilisé comme solvant dans les peintures et d’autres produits chimiques comme les colorants, les détergents, le nylon, les plastiques, les médicaments et les pesticides. Le benzène est largement utilisé aux États-Unis ; il se classe parmi les vingt premiers produits chimiques pour le volume de production et représente environ un pour cent de chaque gallon d’essence.

    Y a-t-il un danger pour la santé à l’exposition au benzène, à savoir le benzène peut-il causer le cancer?
    L’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (CIRC) a déterminé que le benzène était cancérigène pour l’homme et pouvait causer diverses formes de cancer après une exposition prolongée. Selon le CIRC, le benzène est souvent considéré comme « la mère de tous les agents cancérigènes », puisqu’un grand nombre de substances cancérigènes ont des structures qui comprennent du benzène. Des études professionnelles des travailleurs exposés à des niveaux élevés de benzène démontrent une association avec la leucémie, y compris la leucémie myéloïde aiguë, la leucémie lymphoïde aiguë et la leucémie myéloïde chronique. Les leucémies reliées au benzène ont été signalées pour se développer dans une période aussi courte que neuf mois, et peuvent rester dormantes pendant aussi longtemps que 25 ans après l’exposition initiale.
    Même une petite exposition au benzène peut provoquer des troubles temporaires du système nerveux, une dépression du système immunitaire et une anémie. Les effets à court terme incluent des irritations de la peau, des yeux et des voies respiratoires, des maux de tête, de l’irritation de l’estomac, de la somnolence et des vertiges. Des niveaux élevés d’expositions peuvent entraîner une accélération du rythme cardiaque, des saignements excessifs, des tremblements, des vomissements, l’inconscience et la mort. …..

    ET BLA BLA BLA BLABLABLA… Il y en a encore comme ça plusieurs pages !!!
    Comme je le disais déjà dans mon premier message :
    Si quelqu’un ici a le temps d’apporter ses propres lumières à tout ce que l’on peut lire ici, ce serait franchement génial…Merci donc par avance à « la bonne âme » qui voudra bien prendre le temps d’y consacrer un peu de temps !
    MEILLEURES PENSÉES

    1. Bonjour,

      Matt Simmons a fait fortune dans le pétrobusiness, mais l’a quitté depuis un certain temps déjà. La société qui porte son nom a exprimé son désaccord total avec ses thèses (comme quoi le statut d' »émerite » mène à tout).

      Sur les besoins d’évacuation, que ce soit la Louisiane, le Mississippi ou la Floride, on en a parlé. Peut être un jour, mais pas tout de suite.

      Le benzène est en effet cancérigène. Cela n’empêche personne d’en mettre dans toutes les variétés d’essence sans plomb, partout sur la planète. Il est probable que les personnes proches de la nappe (pêcheurs, nettoyeurs, …) vont mourir des conséquences. Il y avait un article dans la presse américaine disant qu’il n’y avait aucun survivant des personnes ayant participé au nettoyage après l’échouage de l’Exxon Valdez.

      Après tout, on vit une catastrophe dans la région. Et catastrophe implique perte de vies humaines, destruction des biens et de l’environnement, desctruction d’emplois, ….
      De l’autre côté, on est encore très loin des milliers de morts dus à Katrina, et on également très éloigné des milliards er milliards de dollars perdus dans la desctruction de la Nouvelle Orléans. Il faut raison garder.

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