Sarkozy, à Cuba!

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Lundi, notre lider maximo verde s’est donc rendu dans les départements touchés par Xynthia. Un phénomène puissant, qui a tué au moins 51 personnes, en dépit de l’alerte qui avait été donnée par Météo France. Mais il semble que les pouvoirs publics n’ont pas encore appris à manier les tempêtes. Pourtant, raconte le Figaro, fin janvier, Sarkozy s’était félicité de la manière dont une tempête avait été gérée le 23 janvier dans le Sud-Ouest, avec « beaucoup plus de réactivité, moins de victimes, plus d’efficacité » que la tempête de 1999.

Notre lider maximo verde ferait peut-être mieux de traverser l’Atlantique, pour se rendre au pays du véritable lider maximo. Cuba, en effet, a appris à négocier des cyclones bien plus puissants que Xynthia, et les bilans humains sont là-bas bien moins lourds qu’ailleurs. C’est d’ailleurs pour cette raison que le maire de Galveston avait fait le déplacement en avril dernier. A Cuba, on avait déploré 7 morts lors du terrible cyclone Ike de 2008, trois fois moins que dans la ville texane, notamment grâce à la politique musclée d’évacuation dans la dictature. Les vents d’Ike affichaient une puissance presque deux fois supérieure à ceux de Xynthia (1).

Bien évidemment, il n’est pas question d’envoyer l’armée à chaque fois qu’une tempête s’approche des côtes françaises. Mais la France pourrait au moins revoir ses codes de constructions, ses plans de prévention de risques et mettre sur pied de véritables procédures d’évacuation. N’importe quel pays concerné par de grosses dépressions, de type cyclonique, le font. Comme le soulignait le Monde hier, de nombreuses constructions restent érigées dans des zones inondables, protégées par des digues ou un frêle cordon dunaire. Ajoutez-y le fait que beaucoup de ces maisons sont en rez de chaussée, et les habitants se retrouvent rapidement piégés par les eaux. Pourtant, certains préfets français sont au parfum: quand un cyclone approche de la Réunion ou des Antilles françaises, on interdit la circulation et on invite les gens à se rendre dans des centres d’hébergement!

Une tempête est un phénomène dangereux. D’une part parce que le vent peut faire des dégâts sur des constructions inadaptées ou mal entretenues. Mais aussi, dans les régions à côte basse, parce que la dépression aspire littéralement la mer. Chaque hectopascal sous la valeur de pression « neutre » (1013 hectopascal) fait grimper le niveau de l’eau d’un centimètre. A 975 hPa pour Xynthia, ça fait déjà 38 centimètres. Ajoutez-y l’onde formée par la déformation de l’océan par le vent et des effets locaux liés à la topologie des fonds marins, et vous obtenez une « marée de tempête » qui peut faire grimper la marée d’un à trois mètres dans nos contrées. Selon le Monde, qui cite un responsable du Conseil régional de Poitou-Charentes, la surcote a atteint 1,8m au dessus de la marée haute.

Une des caractéristiques de la gestion cyclonique par la Révolution cubaine, c’était le marathon télévisuel qu’infligeait Fidel Castro quand il dirigeait le pays. Notre lider maximo verde pourrait peut-être faire pareil. Prendre l’antenne à l’approche de la tempête, et rester en direct jusqu’à ce qu’elle s’éloigne, pour expliquer ce qui se passe, inviter les gens à partir de chez eux, etc. Sarzkozy en prof de météo, ça serait la classe!

(1) A la louche, la puissance des dégâts infligés par les vents est proportionnel au carré de la vitesse.

2 commentaires

  1. A l’inverse de ce que je pense du traitement de la pandémie H1N1, ce qui vient de se passer illustre bien ce qu’est une application insuffisante de l’application du principe de précaution et du retour d’expérience.

    Il y a en effet une sous estimation des risques et de leurs conséquences du fait :
    de leurs raretés (en tout cas en France), de la perte de mémoire collective ou individuelle d’événements équivalents dans le passé, de constructions inadaptées dans des zones inondables ou à risques, de non entretien ou réparation des ouvrages de protections, d’un manque d’anticipation des initiatives à prendre, de la trop(?) grande dépendance de l’électricité et du téléphone, de la primauté des intérêts à courts termes sur le long terme, etc.

    Au-delà de cette tragédie en France, une note d’optimisme à travers l’étude de Indur M.Goklany du CSCCC http://www.csccc.info/reports/report_23.pdf

    Cette étude de Novembre 2007 intitulée « Décès et mortalité dus aux événements météorologiques et extrêmes » montre une forte diminution des décès dans les plus récentes années. (Tableaux pages 4 et 7). J’espère que cela va continuer.
    Il cite (page 11) plusieurs facteurs qui ont contribués à l’amélioration de la capacité d’adaptation :
    Meilleure technologie pour le suivi en temps réel et une alerte plus précoce, nouvelles normes des bâtiments, meilleures prévisions météorologiques, renforcement des communications et des systèmes de transport, facilitant, notamment, l’arrivée des aides matérielles ou alimentaires et des médicaments dans les zones sinistrées.

    Bien entendu, tout cela ne peut fonctionner efficacement sans volonté politique. Il est aussi nécessaire que ces nouvelles technologies soient partagées et accessibles aux pays et populations les plus pauvres, pour qu’ils puissent les adapter à leurs propres réalités.

  2. Il y a aussi des politiques plus musclées qui consistent à interdire purement et simplement les habitations dans les zones à risques, et cela passe par la prise en compte de la sécurité des personnes avant les intérêts financiers lors de l’élaboration des PLU. Ce n’est pas le cas actuellement. Les maires ont beau jeu de se défausser maintenant sur l’Administration, en disant que c’était à elle de censurer leurs PLU, mais c’est une énorme hypocrisie, car c’était en premier lieu à eux de refuser les permis de construire s’il y avait risque. Mais il est tellement juteux pour les maires, et surtout pour certains propriétaires membres des conseils municipaux, de déclarer constructibles des terrains autrement sans valeur! Hypocrisie aussi de la part des politiques, qui ont déclaré qu’ils ne débattraient pas de ces problèmes par respect pour les victimes! C’était pourtant le moment d’en débattre.
    Tous les risques ne peuvent pas être évités, mais 90 % peuvent l’être. La décision de mettre en place les ppr remonte à Haroun Tazieff en 1978! Depuis ce temps, les maires traînent les pieds! trop c’est trop.
    En Charente-Maritime et en Vendée se pose aussi depuis longtemps le problème de la préservation des zones humides, qui constituent une part importante du territoire. Cette préservation est importante pour la préservation des espèces, y compris de poissons qui alimentent l »industrie de la pêche, mais aussi pour la préservation de la qualité des eaux. On observe qu’il est difficile d’y stopper l’urbanisation, alors même que l’Europe a édicté des règles strictes et qu’il est en principe interdit d’y construire. De plus une grande partie vient d’en être inondée par la mer!

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