Un feu de paille qui n’en est pas un

Le Moniteur nous apprend lundi qu’un incendie volontaire de bottes de paille pourrait déboucher sur le développement du matériau dans la construction. Conduit par le CSTB, cet essai visait à tester la résistance au feu d’un isolant (de simples bottes de apille recouvertes d’un enduit) vis à vis des normes de construction des bâtiments pouvant accueillir du public. Réalisé en juillet dernier sur une construction à ossature bois, il a donné lieu à toutes une batterie de mesures dont les résultats seront positifs. L’isolant a résisté les trente minutes réglementaires sous les assauts d’un violent feu de bois (600 kg) allumés au rez-de-chaussée. Le Moniteur souligne qu’un essai conduit en laboratoire Allemagne sur ces bottes de paille avait montré une résistance d’une heure trente aux flammes. Mais le maître d’œuvre d’un projet d’école à Issy-les-Moulineaux a préféré demander un essai en vraie grandeur au Centre Scientifique et Technique du Bâtiment.

Voir la vidéo de l’essai.

10 commentaires

  1. Il serait temps que les règlementations évoluent sur ces sujets (je pense également au traitement des eaux usées). On prétend construire l’Europe et tous les pays ont des normes différentes sur les matériaux de constructions. Il serait quand même bon de mettre en commun nos connaissances (avec l’Allemagne par exemple qui est pas mal en avance là-dessus) plutôt que chaque pays refasse ses tests et mette des années avant de faire évoluer ses normes. M’enfin, mêmes avec tous ces tests on trouvera toujours des vendeurs de béton pour dire que les maisons en bois et paille brulent plus que les constructions « traditionnelles »…

    1. Sauf que le CSTB et les mécanismes de l’assurance décennale de manière générale c’est ce qui permet d’empêcher tout à fait légalement les entreprises de construction européennes de venir proposer leurs services en France… Mettre en commun ça voudrait dire que ce ne serait plus possible de faire payer 50% plus cher les batiments en France pour une qualité inférieure, franchement vous avez vu qui on a à la présidence de la république ? Vous y croyez vraiment qu’il va s’occuper des marges du BTP ?

      1. « vous avez vu qui on a à la présidence de la république ? »

        Un pote à Bouygues non ?

        « Vous y croyez vraiment qu’il va s’occuper des marges du BTP ? »

        Il n’est pas interdit de rêver ! 😉

    2. S’il est souhaitable d’harmoniser la réglementation européenne, il ne faut toutefois pas oublier que l’Europe reste diverse. Je ne suis pas sûr que la paille allemande soit identique à la paille française, ou à la paille polonaise ou chypriote; donc une seule mesure commune risque aussi d’être la mauvaise mesure pour tous.
      Je savais déjà que le bois résiste mieux au feu que l’acier ou le béton; maintenant on pourra y ajouter la paille.
      Prochaine étape: convaincre les paysans d’abandonner leurs roundballers pour refaire des bottes de paille à l’ancienne 🙂

      1. C’est pas le fait que ce soit de la paille qui permet d’éviter l’incendie, c’est le conditionnement en ballot. Pour qu’il y ait un incendie il faut de l’oxygène et à l’intérieur d’un ballot de paille il n’y en a pas (contrairement à un tas de paille qui lui va brûler).

        Et sinon c’est pas le maitre d’oeuvre qui a demandé l’essai, c’est le bureau de controle qui n’arrivait pas à mettre la paille dans les petites cases que lui fournit l’administration française…

  2. J’ai bien aimé cette vidéo qui est une belle démo de la médiocre qualité du numérique à tous points de vues, j’ai toujours été un défenseur de l’analogique dans certains domaines , même si je suis moi-même de formation électronique-informatique. Parce que je suis contre la médiocrité.

  3. Agriculteur à 1100 m dans le Massif Central, j’ai bâti avec ma femme en 1992 un bâtiment d’élevage de 800 m2 en charpente traditionnelle, bois cordé (murs en bûches) et bottes de paille crépies. A l’époque, pas de normes ni de garanties : autoconstruction obligatoire. Et l’histoire des trois petits cochons, on l’a entendue quelques centaines de fois ! Un vieux paysan m’avait dit :  » Vous verrez, si dans 20 ans c’est encore debout, vous serez imités. » J’avais pris ça pour une boutade, pensant que convaincus par les qualités d’isolation, de facilité de mise en oeuvre et de faible coût, la technique allait vite faire tache d’huile. C’est lui qui avait raison, et je vois avec plaisir aujourd’hui des associations développer la construction paille (les Compaillons, Terre Vivante), les revues la vulgariser (la Maison Ecologique),des artisans acquérir et proposer leurs compétences, des entreprises inventer des panneaux composites à base de paille, et si le CSTB et les assurances suivent, c’est bon ! Comme quoi, il faut quasiment une génération pour que des pratiques novatrices se diffusent à l’échelle d’une société…Pionniers partez jeunes, il vaut mieux avoir raison trop tôt que trop tard. Et puis on en profite plus longtemps, car depuis 18 ans, mon bâtiment est esthétique et bien isolé. Et les bottes étant soigneusement crépies avec 4 à 5 cm de mortier, elles sont à l’abri de l’eau, des rongeurs et de l’oxygène donc du feu. Ces tests au feu avaient déjà été pratiqué au Québec il y a environ 20 ans je crois (chercher les livres du québecois François Tanguay). On est quand même lents au démarrage en France non ?
    Merci Denis pour ton site qui pourrait aussi s’appeler Terre Vivante !

  4. Bonjour,
    Cela veut-il dire que l’on peut désormais faire certifier (HQE BBC) un bâtiment en paille auprès d’un organisme tel que promotelec afin de bénéficier des crédits d’impôts et autres PTZ ?
    J’ai cru comprendre sur les forums que jusqu’à maintenant, il refuse les projets en paille.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.