Allègre n’aimerait pas Effets de Terre?

Au pays d'Indridason © Denis Delbecq
Au pays d'Indridason © Denis Delbecq

Il y a quelques jours, j’avais contacté l’attachée de presse en charge du livre de Claude Allègre, «L’imposture climatique». Un message très court où je me présentais, et demandais à recevoir un exemplaire de l’ouvrage en «service de presse» (1). J’ai reçu la réponse aujourd’hui, qui m’a valu un grand éclat de rire, dans le train qui me ramenait à Paris après un reportage.

L’attachée de presse m’explique qu’elle se préparait à m’adresser le livre, quand elle est tombée sur Effets de Terre. Bien évidemment j’avais mentionné l’existence de ce site dans mon message, adresse comprise, sachant que tout communicant consciencieux ne manquerait pas d’y jeter un coup d’œil (1). Ce qu’elle fit, et ce qui la fâcha. Son message évoque brièvement le traitement que j’inflige à son protégé dans ces colonnes, et me conseille de «trouver le chemin d’une librairie» pour me procurer le pamphlet de Claude Allègre.

Après tout, c’est son droit. Aucune loi n’oblige un éditeur à adresser gratuitement un ouvrage à un journaliste encarté. C’est une tradition qui profite à tous: au budget des médias, et surtout au chiffre d’affaires des éditeurs. Et si elle est parfaitement libre de choisir qui sont les « bons » ou les « mauvais » journalistes, la représentante de Plon oublie ici une chose: un pamphlet se vend d’autant mieux qu’il suscite de polémique. De plus, je suis bien placé pour savoir que bon nombre des lecteurs d’Effets de Terre partagent les thèses de l’ancien ministre.

Au risque de surprendre certains, je pense qu’Allègre ne commet pas que des erreurs. L’autre jour sur RTL, d’ailleurs, il était partiellement dans le vrai quand il expliquait l’importance de l’affaissement des sols dans la montée des eaux maritimes au Bengladesh au journaliste de la radio qui essayait de lancer un reportage réalisé dans ce pays (2). Bref, j’étais impatient de lire son ouvrage, et notamment la manière dont il évoque le cas du Bengladesh (le fait-il?). Mais je m’en abstiendrai, car mon budget de modeste pigiste ne me permet pas hélas de m’offrir tous les ouvrages qui méritent d’être lus pour mieux exercer mon métier.

Par dépit, je me suis donc précipité ce soir dans ma librairie préférée, pour acquérir le dernier opus d’Arnaldur Indridason, l’auteur qui m’a donné envie de découvrir l’Islande. Avec un titre pareil, Hypothermie, on est bien dans le contexte du moment, non?

(1) J’aurais pu bien évidemment décliner un pedigree légèrement incomplet, et omettre Effets de Terre, où je ne suis pas tendre avec Allègre (je vous jure, il y a pire que moi). Mais il n’est pas dans mes habitudes de me cacher.

(2) Les sols bougent aussi. Quand un bassin sédimentaire s’enfonce, cela s’ajoute à la montée du niveau de la mer. Le Bengladesh vit donc une conjonction des deux. A l’inverse, quand une région s’élève, par suite d’une disparition de glaciers, son élévation se retranche de la montée de l’océan, comme c’est le cas en Scandinavie, où l’écorce terrestre s’élève toujours d’un centimètre par an.

15 commentaires

  1. Ah pfff, c’est décevant. Surtout qu’il a très certainement donné son bouquin à d’autres journalistes polémiques. J’aurais bien aimé avoir votre point de vue.

  2. « il était partiellement dans le vrai quand il expliquait l’importance de l’affaissement des sols dans la montée des eaux maritimes au Bengladesh »
    ———————-
    Denis,
    Il n’y a pas d’affaissement des sols ni de montée des eaux maritimes au Bangladesh. Le Bangladesh a gagné plus de 1000 km2 de terre alluvionnaire sur la mer ces derniers 30 ans et c’est comme ça que tout son delta a été formé depuis des millénaires (presque la moitié Sud du pays est à qq mètres d’altitude, comme le delta du Mekong). Et le niveau des mers n’a pas varié dans la région depuis que les mesures par satellites existent (à cause notamment d’une intense évaporation d’après Nils Axel Morner).

    Bref, Allègre est un gauchiste qui raconte une tonne de conneries. L’avoir pour la défendre la cause de l’anti-alarmiste (où il remplace la panique du réchauffement par la non moins stupide hystérie de « l’acidification des océans »), c’est comme s’allier Rael pour promouvoir la recherche sur le clonage.
    Il y a des alliés dont on se passe volontiers.

      1. Il n’y a jamais eu « acidification » des océans sauf dans la science playstation des modèles, petit Koen. Tu t’es encore fait couillonner comme avec l’histoire des glaciers himalayens.
        Essaye de faire preuve d’un peu de jugeotte, pour une fois.

      2. Bof, mission impossible.

    2. miniTAX, vous confondez plusieurs choses: -la subsidence, c’est -à-dire l’enfoncement du socle rocheux,qui est à l’oeuvre au Bangladesh comme dans tous les deltas du Monde, sinon, les sédiments ne pourraient pas s’y accumuler, faute de place pour cela . Cette subsidence est d’origine tectonique, mais elle est renforcée par le poids des sédiments accumulés, qui enfonce le substratum comme on peut le faire pour un bouchon flottant sur lequel on met une charge,
      -la compaction, c’est-à-dire la réduction de volume des sédiments résultant de l’expulsion de l’eau qu’ils contiennent.
      L’affaissement qui résulte de l’addition de ces trois phénomènes (subsidence tectonique, subsidence due au poids des sédiments accumulés, compaction), se traduit non pas par une montée du niveau de la mer, mais par un affaissement du rivage. Il est plus ou moins bien compensé selon les époques par l’arrivée de nouveaux sédiments apportés par les fleuves. Ces sédiments peuvent être arrêtés et donc si l’on construit en amont des barrages qui les retiennent, leur quantité diminuée ou augmentée par les variations des phénomènes érosifs en amont, eux-mêmes dépendants de la pluviométrieet de la nature des roches érodées,la compaction peut être accélérée si l’on puise de l’eau en grande quantité, etc..La variation du niveau général des mers n’est qu’un paramètre de plus dans un système fort complexe. C’est pourquoi décréter que la montée de ce niveau va noyer le Bangladesh dans les années qui viennent est une prédiction fort hasardeuse, mais la vôtre qui prétend qu’il ne se passera rien l’est tout autant. Et Allègre en sait me semble-t-il beaucoup plus que vous à ce sujet.

  3. « Au risque de surprendre certains, je pense qu’Allègre ne commet pas que des erreurs. »
    J’adore…

  4. Quelle coïncidence, ton ex-collègue Sylvestre publie aussi ce jour une première analyse du bouquin.

  7. Ce qui me fait marrer dans cette histoire c’est qu’Allègre a toujours pas digéré le fait que lorsqu’il a voulu faire déplacer Al Gore en France celui ci lui a envoyé un devis équivalent à ce que prend un déplacement à l’étranger d’un ancien vice président de première puissance mondiale et là il se retrouve à jouer la pingrerie sur un bouquin 😉

  8. Je ne sais pas s’il faut rire ou se désoler de ce genre d’articles…… allez rions en de bon coeur en se tapant sur la cuisse… c’est toujours ça de gagner.

    Mon cher Denis Delbecq, c’est sur que de se faire assimiler à Le Pen (cf. article sur Allegre précédent sur EdT « Un zeste de Père Noel…. » ) me pousserait personnellement à gentiment envoyer se faire voir sur les cimes de l’Himalaya, tous les srcibouillards qui confondent « plume acerbe » et « machine à insultes ». Mais bon les sceptiques étant déja des « négationnistes » , les mettre dans le même sac qu’un Le Pen n’est alors qu’un … trait d’esprit.

    1. Trait d’esprit ? oh non,

      humour des larges masses en luttes.

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