Le G8 accouche d’un thermomètre invérifiable

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Ainsi donc les grands de ce monde se sont fixés un objectif dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il faudra veiller à ne pas dépasser 2°C d’augmentation, depuis le début du XXe siècle. Un drôle d’objectif, même si une telle déclaration  d’un G8 aurait été impensable il y a un an.

Pourquoi un drôle d’objectif? Parce que personne ne pourra le mesurer. Par définition, une hausse de température, cela se vérifie sur le long terme, et après coup. Au départ, les leaders du G8 devaient discuter d’une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Un chiffre faible pourtant au regard de nombreux travaux scientifiques qui préconisent le fameux «Facteur 4», une division par quatre des émissions des pays riches(1). Mais un chiffre vé.

Une teneur atmosphérique en CO2, ça se mesure facilement. On peut par exemple s’appuyer sur les mesures faites par les américains au dessus de Hawai, à défaut de satellite (2). Bien sûr, il existe des débats dans la communauté scientifique, pour savoir s’il faut se fixer un seuil de 400 ppm, de 450 ou de 500 ppm. Mais on peut raisonnablement trouver un point d’accord en demandant aux scientifiques du Giec.

Une fois ce seuil de CO2 fixé, il est aisé de suivre les progrès (on peut toujours y croire) ou les retards pris. Mais en se choisissant un seuil de température, peut-être plus facile à vendre dans les médias qui se jetteront sur cette histoire de thermomètre et de fièvre climatique, nos leaders ont protégé leurs arrières, et pris une fois de plus le risque d’offrir sur un plateau les armes qui permettront à la Chine et l’Inde de s’enfermer dans leur position.

D’ailleurs, Hu Jintao était trop content de devoir se défiler, pressé par ce qu’on appelle dans son pays des «affaires politiques intérieures». Conserver la mainmise sur la plus riche région minière de Chine mérite bien quelques entorses au protocole du G20 et quelques petits massacres aussi…

(1) Facteur 4 qui a été introduit par Chirac dans la planification à long terme en France.
(2) La Nasa a raté le lancement de son Orbital Carbon Observer au début de l’année.

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