L’atome, un avenir sombre au pays d’Obama

La centrale nucléaire de Gravelines (France) © Denis Delbecq
La centrale nucléaire de Gravelines (France) © Denis Delbecq

Trop cher, le nucléaire n’a pas beaucoup d’avenir aux Etats-Unis, à moins que le gouvernement s’en mêle, ce qu’il ne fait pas. Le Massachusetts Institute of technology a remis à jour sa longue étude publiée en 2003 sur l’avenir du nucléaire aux Etats-Unis. Six ans plus tard, ce long plaidoyer est resté lettre morte, et le nucléaire n’a pas progressé (ce qui revient à dire qu’il a reculé) aux Etats-Unis.

Pourtant, les centrales nucléaires américaines fonctionnent sans problème majeur, leur taux de disponibilité est excellent, les cours de l’uranium ne sont pas si onéreux que ça. Alors quelle est la raison de ce surplace-qui-est-un-recul?

C’est encore et toujours le prix du nucléaire. Les coûts de construction ont flambé de 15% par an dans le nucléaire en cinq ans, plus que pour les autres types de centrales thermiques. En 2007, le prix du kilowatt installé était de 4000 dollars pour le nucléaire, contre 2300$ pour le charbon et 850$ pour le gaz. Ce qui donne, selon le MIT, un coût de 8,4 cent au kWh pour le nucléaire, contre 6,2 pour le charbon et 6,5 pour le gaz. Même en taxant le gaz carbonique à 25$ la tonne, le nucléaire resterait encore un chouia plus cher que le charbon… (le projet de marché du carbone adopté aux USA table sur un cours de 15$ la tonne de CO2).

Mais il y a pire: les banquiers n’ont pas confiance et surfacturent les prêts accordés à cette industrie. Ils craignent les retards et surcoûts si fréquents dans l’industrie nucléaire et le font payer par une surprime qui creuse l’écart de coût entre le nucléaire et le charbon et le gaz.

A noter que les chercheurs du MIT, qui regrettent l’absence de progrès sur le stockage des déchets, se penchent à nouveau sur la question de la prolifération nucléaire, et réitèrent leur proposition de fournir du combustible nucléaire clefs-en-mains (enrichissement, retraitement) aux pays en dehors du G8, pour rendre moins attractif pour eux la construction d’installation d’enrichissement ou de retraitement, et éviter qu’ils ne se retrouvent avec de l’uranium très enrichi ou du plutonium…

Reste une question, si on ajoute le coût de ces installations et de ces opérations, sans compter les petits cadeaux nécessaires pour achever d’emporter l’adhésion des pays en question, à combien grimpe le prix d’un kilowatt-heure atomique?

5 commentaires


  1. Environ 50 €/kwh (60 à 70$/kwh) tout compris (construction, entretien, traitement des déchets, déconstruction et …backchich si vous y tenez).
    C’est donc plus chère que l’électricité produit à partir du charbon aux USA car ce pays posséde de grande réserve de charbon peu cher (deuxième producteur aprés la Chine…) mais moins cher que l’éolien et surtout que le solaire. En plus, ils ont du pétrole… Ils ont donc le temps de voir venir…

    Voilà pourquoi les américains ne sont pas pressés de pousser tout de suite à la construction de centrales nucléaires : le charbon est actuellement plus rentable pour eux sauf si quelqu’un leur prouve que ce n’est pas bien…
    Ils s’intéressent cependant de prés à l’EPR et ils sont leaders dans le « groupe des six » qui prépare la future génération de réacteurs nucléaires qu’ils construiront quand le besoin financier se fera sentir peut-être dans 10 ou 20 ans.

    Cependant, le problème majeur à long terme n’est pas vraiment le coût.

    Les vrais problèmes se situent dans l’indépendance énergétique, la sureté d’approvisionnement et …surtout, surtout dans la fin progressive des énergies fossiles (dans l’ordre pétrole, gaz et charbon) qu’il faut anticiper. Les pays qui n’ont ni charbon, ni gaz, ni pétrole doivent anticiper davantage que les autres … qui se serviront en premier.

    Faire de l’électricité de base aujourd’hui avec des énergies fossiles est un gâchis des ressources (sans parler des pbs de CO2…) qu’il faudrait dédier aux transports, à la pétrochimie ou pour la production d’électricité en pointe (réaction rapide possible).

    La production d’électricité d’origine nucléaire permettra d’économiser un peu de ces énergies et de reculer les échéances de la pénurie en attendant de trouver des solutions miracles comme de résoudre le stockage à grande échelle des énergies intermittentes pour alimenter un pays sans interruption et sans à coups.


  2. si ça pouvait être le cas chez nous… mais areva guette !

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