Quand la glace fond, le coupable est peut-être ailleurs

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Voilà des travaux qui vont faire jaser dans les chaumières. Car des chercheurs du Goddard Center de la Nasa, là où travaille le célèbre James Hansen, soulignent dans Nature Geoscience (1) que l’amélioration de la qualité de l’air serait responsable en grande partie du réchauffement dans l’Arctique depuis le milieu des années soixante-dix.

La combustion de charbon, de pétrole, mais aussi du bois, rejettent des composés soufrés et des suies (carbone). Les aérosols soufrés tendent à renvoyer l’énergie solaire vers l’espace —et donc climatisent notre climat— tandis que les petites particules de carbone jouent un rôle de radiateur. En Europe et aux Etats-Unis, les émissions de souffre auraient baissé de moitié en trente ans sous l’effet du durcissement des normes, tandis qu’elles ont augmenté en Asie, avec le développement économique et démographique. A noter que l’essentiel des émissions d’aérosols surviennent dans l’hémisphère nord.

A priori, on pourrait penser que ce que recrache l’Asie compense la baisse ailleurs, et que le résultat ne changerait pas la donne climatique. Mais des travaux publiés en janvier 2007 avaient montré que les émissions de polluants viennent pour l’essentiel de l’industrie dans les pays riches, alors qu’elles proviennent proportion plus importante des usages domestiques dans les pays d’Asie (2). Les suies sont le produit d’une combustion incomplète des hydrocarbures (moteurs diesels, réchauds à charbon), du bois, et même des bouses séchées. De plus, les conditions climatiques en Asie seraient moins favorables à la formation d’aérosols soufrés à partir de l’oxyde de soufre, le gaz précurseur.

La résultante serait donc une hausse plus forte de l’impact des émissions de suies (réchauffantes) que de celle des aérosols soufrés (effet refroidissant). Une combinaison qui amplifierait le forçage radiatif, et la contribution croissante des aérosols au réchauffement observé dans l’Arctique. Ils expliqueraient à eux seuls près de la moitié de la hausse de températures relevée depuis une trentaine d’années.

Tout cela n’est pour le moment que le résultat de simulations, qui devront encore être confirmées. Notamment en améliorant notre connaissance sur l’évolution des émissions de suies dans les pays asiatiques. Mais les travaux de la Nasa indiquent clairement que les régions de la planète qui se réchauffent le plus vite sont celles qui sont le plus influencées par les émissions d’aérosols. Cela expliquerait par exemple pourquoi l’Antarctique —peu influencé par les aérosols qui sont essentiellement émis au nord de l’équateur— se réchauffe quatre fois moins vite que l’Arctique.

Conclusion de mes confrères du Register, qui combattent farouchement l’idée d’un réchauffement lié au CO2: il faut développer l’usage du charbon en Chine pour doper les émissions de soufre, en filtrant les suies. Si on en est arrivé à cette extrémité, autant stopper les efforts de désulfuration des carburants des navires de commerce… Ou balancer du soufre avec des fusées comme le proposent certains. Même le conseiller d’Obama n’exclut pas qu’on en arrive là. Après, faudra pas s’étonner qu’il pleut de l’acide!

(1) Shindell et al. Nature Geoscience d’avril 2009
(2) Koch et al. Journal of Geophysical Research-Atmospheres du 24 janvier 2007

2 commentaires

  1. Et comme personne ne sait ni la teneur des aérosols soufrés, ni celle de la suie, et encore moins leur évolution sur 1 siècle, voilà un nouveau résultat de la « science » Playstation que personne ne peut contester. Et démerdez vous avec les chercheurs qui affirment, étude peer-reviewed à l’appui, que le RCA a été dû en partie à l’atmosphère toujours plus propre pour voir s’il faut construire de nouvelles usines au charbon ou en détruire.

    Petite devinette, qui a dit qu’on « ne sait strictement rien de la teneur des aérosols dans l’air, ni dans le passé, ni même maintenant » ?
    Réponse, James Hansen, mars 2009. Mais hey, c’est la « science » climatique.

    http://www.columbia.edu/~jeh1/2009/Copenhagen_20090311.pdf
    ”We do not have measurements of aerosols going back to the 1800s – we don’t even have global measurements today “.
    ”Even if we accept the IPCC aerosol estimate, which was pretty much pulled out of a hat, it leaves the net forcing almost anywhere between zero and 3 watts”.

  2. Impressionant ce minitax, maintenant il donne lui même les liens qui montre que son obsession du complot scientifique est le simple resultat d’une paranoïa aggravée par l’usage d’internet et une incapacité notoire à lire des documents…

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