Vingt ans après, l’Exxon Valdez vogue toujours

A bord de l'Ailette, la récupération du pétrole du Prestige © Denis Delbecq
A bord de l'Ailette, la récupération du pétrole du Prestige © Denis Delbecq

L’Exxon Valdez, vous vous souvenez? Il y a tout juste vingt ans, ce pétrolier presque neuf (trois ans) s’était éventré sur des récifs en Alaska, parce qu’un capitaine ivre avait mal géré une tempête. Pas moins de 180 000 tonnes, l’équivalent 125 piscines (olympiques), de brut s’étaient déversées, provoquant l’une des pires marées noires de l’histoire. Des milliers de phoques, d’otaries et plus de deux cent mille oiseaux avaient péri.

Vingt ans après, selon la presse américaine, l’Alaska n’en a pas fini avec la merde puante du pétrolier. En surface, sur les côtes, on ne voit plus rien. Mais sous l’eau, la réalité est toute autre et les pêcheries de saumon sauvage ou de hareng n’ont jamais pu revenir à la situation d’antan. Selon les scientifiques, qui dépensent une partie du milliard de dollars versé par Exxon à étudier l’écosystème de la région, il reste du pétrole, toujours actif au fond de l’eau. Au moins cinquante mille litres, bien enfouis dans les anfractuosités, rien que sur l’estran rocheux. Et si un certain nombre d’espèces semblent avoir repris du poil de la bête, sept  (dont l’orque et l’otarie) ne sont pas encore tirées d’affaire, selon les spécialistes.

Mais l’Exxon Valdez, l’Amoco Cadiz ou l’Erika et le Prestige ne sont que des gouttes dans les flots de pétrole déversés chaque années dans les océans. Les pollutions accidentelles et spectaculaires ne représentent que 5% des six millions de tonnes qui se retrouvent chaque année dans l’eau de mer. Le WWF avait calculé en son temps que la Méditerranée se prend un Erika toutes les semaines, pour l’essentiel lié aux dégazages, déballastages et autres rejets qui devraient en principe être effectués au port, dans des installations adaptées. Et à Terre, ce n’est pas mieux, puisque des millions de tonnes sont déversées par des exploitants de puits peu scrupuleux, et des pipelines en mauvais état.

Pendant ce temps, l’Exxon Valdez poursuit sa carrière. Renfloué et rebaptisé S/R Mediterranean, il avait été retrouvé à Fos sur mer par les journalistes de l’Humanité en 2000. Le S/R vient de Sea River Maritime, la filiale de transport d’Exxon. Longtemps exploité sous pavillon américain, puis brièvement sous celui des Iles Marshall, l’Exxon Valdez vogue désormais —selon mes informations— avec un drapeau panaméen pour le compte d’une société de Hong Kong. Son petit nom? trop mignon: le Dong Fang Ocean. Il ne semble plus fréquenter les ports français, puisque sa dernière inspection chez nous remonte à 1998, au Havre. Il n’a jamais été contrôlé en Méditerranée. D’après son pedigree dans les fichiers des contrôles de l’Etat du port, il fréquente plutôt les eaux du Pacifique, notamment vers l’Australie et le Japon. Même les tueurs de biodiversité se recyclent.

2 commentaires

  1. Salut. A quand le moteur à connerie? On moins on sera sur d’avoir une énergie renouvelable!
    Voilà, j’avais juste envie dans débalaster une ici!

  2. Ddq, les rejets de pétrole à la mer provoqués par les »gros » ,marées noires, les déballastages, etc ne représenteraient que 20 % des rejets totaux, le reste étant le fait des « petits », c’est-à-dire vous et moi: petits bateaux en tous genres, lessivage à l’occasion des orages des pollutions à terre ( pertes aux pompes à essence, cuves à mazout qui fuient, graisses de moteurs, fuites des bricoleurs et des petites industries etc..). Mais il est plus facile de s’attaquer aux gros que de responsabiliser les petits.

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