Le spéléologue est-il un redoutable vecteur de maladies?

Les spéléologues sont-ils en train de décimer les grottes américaines? Aussi étrange que cela puisse paraître la question est posée, avec l’extension d’une maladie mystérieuse, le syndrôme du museau blanc (WNS), qui frappe depuis deux ans les chauve-souris dans certains états américains du nord-est. The Scientist cite aujourd’hui une biologiste américaine qui explique que cette maladie se propage, en s’installant d’abord dans les grottes les plus populaires chez les visiteurs de sous-sol.

Si l’homme n’y était pour rien, l’extension de la maladie se ferait de proche en proche. Mais les biologistes relèvent des sauts géographiques parfois importants. Les spéléos aguerris comme les spéléos du dimanche transporteraient à leur insu les spores d’un champignon qui s’attaque aux mammifères volants, et marque sa présence par un blanchiment du museau des animaux.

Mais il reste à prouver que c’est bien ce champignon qui cause la mort des chauve-souris, et qu’il ne s’agit pas seulement d’une pathologie opportuniste, qui profite d’une autre maladie encore inconnue. Le patron de l’association de spéléologie du Vermont explique que ses membres suivent depuis un an les consignes de décontamination proposées par les autorités de l’US Fish and Wildlife Service. Et il conteste l’idée d’un moratoire national sur la spéléologie qui interdirait l’activité le temps que les chercheurs comprennent les causes de cette hécatombe…

Au Québec, on prend les choses au sérieux. L’an dernier, des visites dans des mines abandonné ont montré que les chauve-souris ne souffraient pas de la maladie. A priori, l’Europe ne serait pas concernée par ce syndrôme. Mais les amateurs d’observation des chauve-souris sont sur le pied de guerre, comme Chiroptera, qui résume les conseils donnés aux spéléologues pour éviter de déplacer virus et autres maladies: on enlève le maximum de boue de ses chaussures avant de quitter le site, on désinfecte ses chaussures et ses gants à la javel, on lave son linge à 60°C minimum et surtout on évite de visiter un nouveau site sans avoir suivi ces règles de décontamination (1).

Ça me rappelle un cas de grippe aviaire dans un élevage en France il y a trois ans, qui a, peut-être, été provoqué par un journaliste. D’ailleurs, Vannier, le responsable de la santé animale avait souligné qu’il y avait un peu trop de journalistes dans le voisinage. «Ça nous inquiète, on voudrait que la pression journalistique baisse un peu, les journalistes peuvent être aussi d’excellents vecteurs de virus», avait-il expliqué à l’AFP…

(1) Chiroptera a aussi mis en place une carte interactive pour que les témoins de museaux blanchis puissent y pointer leurs observations!

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