Pour EDF, il faut choisir entre le vent et l’atome

Eolien à la casse © Denis Delbecq
Eolienne à la casse © Denis Delbecq

Le ton monte outre-Manche entre les différents lobbies de l’énergie. Le Guardian expliquait hier qu’EDF et E.ON font pression sur le gouvernement britannique. Ils affirment —selon le Guardian— qu’ils ne pourront pas construire de nouvelles capacités nucléaires si Londres ne revoit pas ses plans éoliens à la baisse.

Les deux industriels semblent considérer que l’objectif de 35% d’électricité d’origine renouvelable fixé par Londres est incompatible avec le redémarrage du nucléaire. Cité par le quotidien britannique, EDF réaffirme que le boom des énergies intermittentes oblige à construire des centrales à gaz. Evidemment, ça fait râler les écologistes, et Greenpeace affirmait hier que le National Grid, qui gère la distribution de l’électricité en Grande-Bretagne, «a montré qu’il est possible d’aller au delà de 30% d’électricité avec les renouvelables». EDF conseillerait de ramener ce chiffre à 20%. Il semble que l’électricien craigne aussi l’excédent d’électricité quand le vent est de la partie!

Le plus marrant dans tout ça, c’est qu’il y a un an, E.ON s’était inquiété de la hausse des coûts dans le nucléaire, expliquant qu’il faudrait compter 6 milliards d’euros par centrale (le double des estimations du gouvernement britannique de l’époque), et que le simple remplacement des centrales nucléaires existantes coûterait 60 milliards d’euros au consommateur. Ajouterai-je « pour un effet négligeable sur les émissions de carbone » puisqu’il ne s’agit ici que de remplacer place pour place? EDF est candidat pour quatre réacteurs EPR chez nos voisins. Tant qu’à faire, autant aller chercher de la technologie nucléaire russe, au moins la facture sera moins salée…

34 commentaires

  1. Temps mort les enfants.

    Depuis quelques années que je m’intéresse à tout ça, je vois toujours les mêmes discussions et argument revenir, d’un côté nous avons les apôtres des renouvelables qui disent que ceux-ci se substituent à la base, d’un autre les supporteurs de l’atome qui prétendent le contraire.

    Moi, je veux bien tous vous croire, sincèrement, je pense vraiment que vous êtes tous de bonne foi dans vos arguments (je pense à Tilleul, BMS, Lecture et Karva).

    Alors je me dis que si vous n’êtes pas d’accord c’est peut être que vous faites, chacun de votre côté, des hypothèses (sur la configuration des réseaux électriques par exemple) qui n’apparaissent jamais dans vos discussions, et que, forcément, à hypothèses différentes, on a des conclusions différentes.

    Alors si vous preniez, ici ou dans le forum, le temps d’y penser et d’en discuter, peut être que le débat arriverait à progresser un peu.

  2. @Romu, les renouvelables se substituent effectivement à la base, et c’est bien là le problème. Pour le comprendre, je vous suggère de vous faire le petit montage suivant:
    En cherchant un peu, vous pouvez trouver sur Internet la structure de la consommation française d’électricité pendant une semaine: vous verrez que vous pouvez la découper en trois zones: une base, environ 60 à 70 % de la consommation, qui peut être fournie par des centrales produisant constamment la même quantité d’électricité au cours du temps, centrales à chaudière, nucléaires ou thermiques. Une semi-base, 20 à 25 % de la consommation, qui peut-être assurée par le même type de centrales, mais dont la production varie lentement au cours du temps. Et une pointe, 5 à 10 % de la consommation, qui fluctue rapidement au cours du temps et qui ne peut plus être assurée par ce type de centrale, qui n’a pas la réactivité nécessaire, mais qui doit l’être par des centrales à réaction rapides qui ne peuvent être que des centrales hydrauliques de lacs ou des centrales à gaz.
    Vous cherchez de la même façon un exemple de production éolienne sur une semaine et , par transformation affine, vous faites un scénario où croît progressivement la contribution de l’éolien à la consommation d’électricité. Vous verrez que cette production permettra d’assurer une petite partie de la base, car il y a toujours un peu de vent quelque part, mais que pour l’essentiel, elle s’y substitue car vous êtes obligé de mettre sur le réseau des quantités croissantes d’électricité fluctuant très rapidement, qu’il faut compléter par de l’électricité fournie par des centrales à réaction rapide pour épouser au mieux la demande.
    Cette situation implique que l’on doit faire de moins en moins appel aux centrales fonctionnant en base, centrales nucléaires surtout en France, centrales à charbon surtout en Allemagne. On en diminue de ce fait la rentabilité, tandis que l’on augmente progressivement la participation de centrales très réactives fonctionnant de manière très irrégulière, qui fournissent donc une électricté très coûteuse. De plus, les possibilités de l’hydraulique étant limitées, on arrive rapidement à une situation où il faut de plus en plus de centrales à gaz et où on augmente les émissions de gaz à effet de serre, alors que dans un premier temps on diminue la part, modeste en France, des centrales à charbon fonctionnant en base et donc on diminue un peu les émissions.
    Tilleul nous explique que l’on peut remédier à tout çà avec des installations décentralisées, style ferme éolienne et petite centrale à gaz alimentant une petite agglomération, un réseau de chaleur pour fonctionnner en cogénération, et des réseaux intelligents reliant ces installations décentralisées.
    Même si aller un peu dans cette direction a de l’intérêt, je ne crois pas que l’on puisse aller très loin , et le syndicat européen de l’éolien non plus, puisqu’il nous explique qu’il faut construire un réseau européen de lignes à haute tension pour acheminer la production éolienne européenne!!!

  3. Je ne fais pas d’hypothèse, je constate les résultats des travaux des projets de recherche (pour l’UE, dispower, eu-deep ou le cluster IRED par exemple) et les offres industrielles qui se montent en Europe, au Japon ou aux Etats-Unis… En plus le pouvoir politique considère que c’est la voie à suivre, d’autant plus que la quasi totalité des centrales électriques (dont 270 GWe de nucléaire) vont dégagée du réseau parce qu’elles sont trop vieilles ce qui donne une fenêtre d’opportunitée majeure pour tout reprendre de zéro… Maintenant je crois avoir déjà dit que quiconque se mettait à faire des hypothèses sur l’intégration des EnR sur le réseau sans avoir les résultats de labos de recherche sous la main est des outils de simulation qui coute un paquet d’oseille est un pur charlatan… Le réseau électrique mérite un peu mieux que des calculs de coin de table et des raisonnements à base de copier-coller d’internet…

    De toute façon comme le nucléaire est trop long à construire (et trop cher), que le gaz a un approvisionnement intermittent et est trop cher à l’usage et que les centrales à charbon subissent de trops fortes oppositions (RWE a décidé d’abandonné tous nouveaux projets de charbon en Europe de l’Ouest), d’autant plus que la séquestration du carbone n’existe pas et n’existera jamais… ben on a pas le choix les deux seules solutions qui restent pour faire de l’électricité à grande échelle c’est le vent et le solaire… (avec une lueur d’espoir par rapport aux énormes progrès accomplis dans la biomasse et dans les énergies marines).

    En tout cas c’est marrant de voir des gens assurer que les centrales nucléaires sont peu flexibles après avoir défendu l’exact inverse il y a quelques semaines…

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