Vingt milliards pour 35 millions de vies ensoleillées

Il y a un peu plus d’un an, je vous avais parlé du projet Desertrec, qui consisterait à déployer d’immense centrales solaires à concentration en Afrique du Nord, qui livreraient leur courant électrique en Europe, au moyen de lignes à faibles pertes. Un projet évoqué notamment au cours du pince-fesses diplomatique organisé par notre lider maximo verde pour lancer l’Union pour la Méditerranée.

Deux chercheurs du Center for Global Development, un think tank de Washington ont creusé le sujet pour voir à quoi l’UE et ses voisins du Sud pourraient arriver si ils retroussaient rapidement leurs manches. Kevin Ummel et David Wheeler ne se contentent pas de tirer des lignes électriques et des miroirs virtuels dans les déserts. Ils ont sorti leur calculette pour montrer que l’Europe —et ses voisins— ont tout à gagner à récupérer l’énergie solaire dans les régions les plus riches d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Les deux auteurs ont pris en compte les coûts de construction, les frais financiers, le coût des infrastructures de transport (du Maroc vers Madrid via Gibraltar, depuis la Libye vers Milan, en passant par la Sardaigne et la Corse et depuis la Jordanie vers Ankara, en passant par la Syrie). Ummel et Wheeler tiennent aussi compte des textes européens en matière d’émissions de carbone. Et ils comparent ça au prix de l’énergie tirée du gaz et du «charbon supercritique» (1).

Je vous passe tous les calculs et les courbes des quarante et quelque pages de leur étude (2), j’ai lu tout cela en diagonale, mais suffisamment pour voir que les auteurs ne sont pas de dangereux militants écologistes. Le résultat est assez séduisant. A supposer que tout ça se décide très vite, les travaux pourraient commencer en 2010, et la production démarrer progressivement deux ans plus tard, en ciblant bien sûr les régions où l’énergie solaire reçue au sol est la plus importante. En 2020, cette infrastructure pourrait fournir 55 TWh, soit la consommation d’électricité de 35 millions d’européens, à un prix inférieur à l’électricité tirée du charbon et du gaz. Et éviterait le rejet de plusieurs milliards de tonnes de gaz carbonique chaque année. A noter qu’une partie des centrales solaires fourniraient de l’électricité 24h/24 grâce à un stockage de chaleur. Les deux chercheurs considèrent qu’une centrale solaire avec stockage de 3300 MW peut remplacer 2500 MW de centrale à charbon. Sans stockage, l’addition solaire grimpe à 7700MW pour offrir le même service…

OK, tout cela ne ferait qu’alimenter un dixième de la population de notre continent. Mais le plus surprenant, je trouve, c’est que tout cela réclamerait un niveau de subventions relativement limité jusqu’à 2020, et sans subventions pour les centrales solaires qui s’ajouteraient après 2020. Pour Ummel et Wheeler, il suffirait d’une vingtaine de milliards de dollars au cours des dix premières années pour aider les méchants capitalistes qui s’attelleraient au projet (3). Au final, chaque tonne de gaz carbonique évitée reviendrait à 14 dollars, ce qui n’est pas très cher.

Allez, je suis sûr que nos spécialistes du décorticage d’études sur la production d’énergie y trouveront à redire. Et que les autres moqueront l’audace de l’augure tant les incertitudes sont grandes. Mais il faut bien avancer! Sans oublier que pour gagner la bataille climatique, il faudra beaucoup d’économie d’énergies, des énergies renouvelables. Le nucléaire, ce n’est pas pour tout le monde!

(1) Le must du high tech en matière de centrale qui pue et qui tue.
(2) Au passage, la bibliographie est une mine de documents accessibles sur internet sur tous les domaines évoqués, de la production au transport et au stockage de l’énergie.
(3) 12 à 28 milliards suivant les hypothèses. Bizarrement, les auteurs ne donnent pas le coût global d’un tel projet.

51 commentaires

  1. Vous arrivez à produire de l’électricité avec une centrale en maintenance, déconnectée du réseau ou en panne ? Non ? Pourtant ça arrive continuellement sans qu’il n’y ait de black out… Ca s’appelle un réseau électrique.

    Allez encore un :

    http://www.interacademycouncil.net/CMS/Reports/11840/11971.aspx

     » Nonetheless, the Study Panel believes that, given the dire prospect of climate change, the following three recommendations should be acted upon without delay and simultaneously:

    – Concerted efforts should be mounted to improve energy efficiency and reduce the carbon intensity of the world economy, including the worldwide introduction of price signals for carbon emissions, with consideration of different economic and energy systems in individual countries.
    – Technologies should be developed and deployed for capturing and sequestering carbon from fossil fuels, particularly coal.
    *********- Development and deployment of renewable energy technologies should be accelerated in an environmentally responsible way. »*********

    Rapport coécrit par Steven Chu…

  2. Oui mais dans un réseau électrique, on essaie de réduire au possible les capacités de backup parce que les doublons, ça coûte la peau des fesses, tant en investissment qu’en entretien.
    Or quand vous augmentez la part de production d’une source aussi imprévisible que le solaire jusqu’à, allez, soyons fou, 50% du nombre de TWh annuel, ça veut dire qu’il faut construire à peu près la même capacité de production par des moyens fiables et mobilisables à volonté (traduisez gaz, charbon, fioul, EPR).
    Bref, le solaire est une source d’électricité qui demande quasiment 2x plus d’infrastructure, alors même que la moitié de l’humanité dispose de ZERO infrastructure et qu’on nous brandit la menace de la déplétion & rareté des ressources.

    C’est donc non seulement une « solution » idiote et coûteuse mais aussi une « solution » moralement à gerber.

  3. « Or quand vous augmentez la part de production d’une source aussi imprévisible que le solaire jusqu’à, allez, soyons fou, 50% du nombre de TWh annuel, ça veut dire qu’il faut construire à peu près la même capacité de production par des moyens fiables et mobilisables à volonté (traduisez gaz, charbon, fioul, EPR). »

    Et j’imagine que vous avez une source pour cette affirmation ? Un rocket scientist peut être ? 40% de la production du Danemark est imprévisible pourtant ni eux ni leurs voisins n’ont eu à doubler leurs infrastructures, ça s’explique comment avec votre théorie ?

  4. @ Tilleul,
    Eh non, j’ai pas de source ni preuve pour cette affirmation, notamment parce que personne n’a réussi à atteindre 50% d’électricité imprévisible (solaire + éolien). Mais bon, je n’ai pas de source non plus pour l’affirmation 2+2 = 4, désolé.

    Quant à l’exemple des 40% du Danemark, vous avez sûrement abusé de substances récréatives frelatées. Le Danemark arrive péniblement à 20% d’électricité éolienne, malgré qu’il soit un tout petit pays relié à des voisins disposant de copieuses productions d’électricité mobilisables (hydraulique & fossile) par une des réseaux de transport électrique les plus développés au monde (à cause de la densité démographique).
    Et résultat, c’est le pays qui a l’électricité la plus chère d’Europe en même temps que ses émissions de CO2 ont AUGMENTE ! Super comme modèle.

    Question : si les 20% d’électricité danoise par éolienne n’ont pas besoin de backup par des centrales thermiques comme vous le sous-entendez, alors les émissions de CO2 devraient baisser au Danemark non ? Alors pourquoi elles sont en hausse ?
    Voyez, vos moulins à vent ne marchent nulle part, même sur papier.

    Et à propos de Steven Chu, vous avez sans doute « oublié » de coller le paragraphe qui vous dérange dans votre extrait. Parce qu’on apprend que finalement, il approuve le nucléaire : http://news.cnet.com/8301-11128_3-10141790-54.html

    Ouch ! Mais pourquoi la réalité est-elle si méchante ?

  5. « Eh non, j’ai pas de source ni preuve pour cette affirmation »

    Ah bon ? Alors vous n’en savez rien mais vous l’affirmait quand même ? Qu’est-ce qui c’est passé, vous vous êtes réveillé ce matin et vous avez décidé qu’il fallait « doubler les infrastructures » (?) pour faire du solaire et maintenant vous attendez que la réalité change ?

    – Puisque vous affirmez que le Danemark controle 80% de sa production électrique vous pouvez m’expliquer par quel mécanisme le TSO arrive à controller les cogénérations connectés au réseau de distribution ? Parce que même lui n’est pas au courant…

    – Sur les émissions du Danemark,

    http://cdiac.ornl.gov/trends/emis/graphics/dent.gif

    On peut comparer avec la tendance de la France ?

    http://cdiac.ornl.gov/trends/emis/graphics/frat.gif

    – Si vous voulez je peux citer la conclusion sur le nucléaire

    « Nuclear’s potential, however, is currently limited by concerns related to cost, waste management, proliferation risks, and plant safety (including concerns about vulnerability to acts of terrorism and concerns about the impact of neutron damage on plant materials in the case of life extensions). A sustained role for nuclear power will require addressing these hurdles. »

    Ouch mais pourquoi la réalité est-elle si méchante ?

  6. @miniTAX.

    Qui brandit la menace de déplétion? Les méchants producteurs ou les méchants écolos?

     » Au début du 21ème siècle, nous sommes à un tournant. L’exploration de nouveaux gisements n’est plus capable à elle seule de renouveler les réserves. Même si l’on peut encore compter sur une amélioration des récupérations, le pétrole viendra à s’épuiser d’ici quelques décennies. Mais avant cet épuisement, dans l’immédiat, c’est-à-dire d’ici 5 ans pour les pessimistes et d’ici 25 ans pour les plus optimistes, la menace est celle de pénuries : l’offre ne devrait plus être capable de répondre à la demande toujours croissante : on aura atteint le pic de Hubbert pour le pétrole. L’après pétrole, cela nous concerne donc dès aujourd’hui. C’est trouver rapidement des énergies de remplacement pour réserver le pétrole qui nous reste à des utilisations « nobles » (fabrication des plastiques, des fibres synthétiques…). Et surtout faire d’importantes économies d’énergie, en particulier dans les pays gros consommateurs. » http://www.planete-energies.com/contenu/petrole-gaz/societes-petrolieres/avenir-petrole-gaz.html

  7. MiniTAX: Et résultat, c’est le pays qui a l’électricité la plus chère d’Europe en même temps que ses émissions de CO2 ont AUGMENTE ! Super comme modèle.
    ====

    MiniTAX qui se préoccupe du CO2… encore une démonstration que le progrès est profondément imprévisible.

  8. @ Tilleul, cessez donc d’arnaquer les pigeons verts. Les 80 % de rendement énergétique, c’est avec une turbine à cycle combiné (comportant donc une chaudière) et récupération de chaleur. Avec votre Kombi, il faut une turbine à combustion, de rendement 25 % parce qu’elle doit changer d’allure sans arrêt ( il suffit de regarder la rapidité des fluctuations des proportions sur le camenbert de droite pour le comprendre).Et il s’agit d’électricité, et non pas de chaleur, qui n’a rien à voir dans cette affaire. Pour les proportions moyennes du gaz sur la totalité de l’année, il n’y a aucune valeur précise, c’est dommage, mais le défilement des proportions dans le camembert montre que le gaz représente une proportion annuelle très importante.

    Vos histoires d’absence de disponibilité des centrales à chaudière, nucléaire, charbon ,gaz, ne nous faites pas rire. Bien sûr qu’il faut parfois arrêter les centrales. Mais le facteur de charge du nucléaire, c’est 75%, pas 20 % comme l’éolien et 10 % comme le solaire ( d’ailleurs regarder le comportement du solaire sur votre Kombi. A propos, Speicher-Wasser, c’est du pompage-stockage ou simplement du stockage?

    Et la nécessité d’exporter pour les centrales nucléaires,que vous n’arrêtez pas de rabâcher, comment faisait-on quand les connections avec les pays voisins étaient beaucoup plus réduites. Ces échanges, c’est du commerce en fonction du prix de marché spot de l’électricité, pas une nécessité physique. Et si l’on donnait enfin un prix aux émissions de CO2, cela bouleverserait ces échanges, à notre profit. C’est entre autres pour cela que l’Allemagne s’arqueboute pour l’empêcher.

    Vos données sur les émissions de carbone du Danemark et de la France sont intéressantes. Elles montent bien les conséquences sur les émissions des choix des deux pays après les chocs pétroliers: charbon pour le Danemark et nucléaire pour la France, le relâchement de la France pour le pétrole après le contrechoc pétrolier dû au laxisme de l’automobile, le remplacement récent du charbon par le gaz au Danemark, et le développement du gaz en France, faute de contruire de nouvelles centrales nucléaires. Cette dépendance croissante au gaz, que je ne cesse de dénoncer, est-elle une bonne idée au vu de ce qui se passe en ce moment sur le front Russo-Ukrainien? A propos, auriez vous ce graphique pour l’Allemagne, je n’arrive pas à me le procurer?
    Le rôle joué par l’éolien au Danemark dans tout çà est dans l’épaisseur du trait de plume, et malgré la décroissance due au remplacement progressif du charbon par le gaz, les émissions de carbone sont encore, à population égale, de 40 % supérieures aux nôtres.
    @Peak Oil 2008, je vous signale une communication intéressante de Laherrère et Wingert lors d’un congrés récent à Barcelone ( mais peut-être la connaissez vous?Sinon, vous la trouverez sur http://www.aspofrance.org ), qui analyse les conséquences de la crise économique sur la date du Peak Oil (celui dû à la physique et non ceux dûs à l’économie): Il devrait être un peu repoussé dans le temps ( 2012? ), mais avec une chute plus raide ensuite. De fait, la consommation ne baisse pas beaucoup: peut-être aura-t-on 3 à 4 % de moins sur l’ensemble 2008-2009 par rapport à un scénario sans crise économique, ce qui veut dire que l’on va continuer à sortir presque 4 milliards de tonnes de pétrole chaque année, soit environ 4 fois plus que les nouvelles découvertes en année moyenne. Les bitumes canadiens et les pétroles synthétiques (ex-charbon, gaz, biomasse, schistes bitumineux) ne pourront être produits à un rythme suffisant pour enrayer la chute. Ils ne feront que l’atténuer! Et les projets dans ce domaine se raréfient, les investissements n’étant plus actuellement rentables!

  9. enrgie fossile,energie renouvelable ,quel choix

    Sauver l’humanité des conséquences du changement climatique, par le seul recours à la réduction de l’utilisation des énergies fossiles, peut s’avérer encore plus néfastes que les conséquences elles mêmes, en plus quelle autre énergie nouvelle est capable de prendre le relais et de remplacer l’énergie fossile. En effet priver le monde de cette ressource équivaut a réduire à néant toutes les formes de développement induites par ces dernières ,et par conséquent revenir à l’ère de la charrue ,encore n’est il pas égoïste et injuste de la part des pays développés après avoir atteint un degré de développement considérable, au dépens de la terre, de venir aujourd’hui demander aux pays émergents ou en voie de développement de ne pas recourir à cette énergie ,alors qu’il est bien connu, que leurs émissions sont minimes sinon insignifiantes( en dehors de la chine et l’inde) devant celle des pays comme les états unis, le canada et l’Europe.
    La contribution de tous les pays ,dans les efforts internationaux de lutte contre les changements climatiques est d’une importance cruciale, mais il est de l’intérêt des pays développes d’aider les pays en développement, à concilier entre avantages environnementaux et développement économique national, qui dépend en grande partie des énergies fossiles, cela doit passer par la recherche d’une juste adéquation permettant l’utilisation idoine de l’énergie au service d’un développement qui protège l’environnement.
    Il est aussi d’importance de les assister et de les encourager à accompagner l’utilisation propre et rationnelle de l’énergie fossile, d’un développement des énergies renouvelables, dont les PEV disposent de gisements inépuisables.
    Les regards se tournent actuellement, vers l’énergie solaire, car non polluante et ne dégageant pas de gaz à effet de serre, ni de déchets toxiques, et ayant une empreinte carbone réduite par rapport aux combustibles fossiles, et ce par sa transformation en chaleur ou en électricité.
    Si des motifs de protection de l’environnement sont avancés pour justifier le recours à cette forme d’énergie, il n’est un secret pour personnes que les raisons sont plus d’ordre économique qu’environnemental, en effet à chaque fois que les prix du pétrole augmentent, ce discours devient d’actualité.
    Même si beaucoup de progrès sont enregistré en matière de développement de cette forme d’énergie, il n’en demeure pas moins, qu’elle est loin d’égaler ou de remplacer l’énergie fossile, qui malgré ses effets néfastes sur l’environnement, reste le moteur du développement par excellence.
    chaalal moulay

  10. @Chaalal Moulay,
    Le recours aux énergies fossiles est effectivement indispensable dans beaucoup de pays en voie de développement, et je crois que personne sur ce site ne prétend le contraire. Il y est principalement question des efforts que doivent faire les pays développés, car ce sont eux qui sont responsables de l’essentiel de la consommation dans ce domaine. Cela dit, la Chine, qui s’est développée grâce au charbon, en arrive à un point où elle devient aussi criticable que les pays développés. Il faut donc effectivement accompagner les PEVD pour qu’ils puissent utiliser rapidement d’autres formes d’énergies que les combustibles fossiles, mais aussi pour qu’ils aient une meilleure efficacité énergétique. Cela passe par l’élaboration d’une véritable politique énergétique et la formation de bons spécialistes.
    Le Maroc par exemple (êtes-vous Marocain?) n’a pas de combustibles fossiles et doit donc les importer. Il aurait tort me semble-t-il de miser sur les combustibles fossiles alors qu’il a de très bons atouts avec l’éolien, qui a un facteur de charge très important autour de Tanger et aussi dans le Sud, et qui peut être épaulé par des centrales hydroélectriques installées dans les montagnes. Idem avec le solaire.Il est possible d’installer dans le Sud des centrales à concentration. Il a des ressources d’uranium avec les phosphates et peut également envisager quelques réacteurs nucléaires. Les ressources humaines sont également là, avec des grandes écoles scientifiques qui sont de qualité. Par contre, il lui faut veiller,étant donné le coût de ces investissements, à freiner au maximum le gaspillage de l’énergie.

  11. « Avec votre Kombi, il faut une turbine à combustion, de rendement 25 % parce qu’elle doit changer d’allure sans arrêt ( il suffit de regarder la rapidité des fluctuations des proportions sur le camenbert de droite pour le comprendre) »

    Devinette, si j’ai à équilibrer un réseau électrique avec du gaz, qu’est ce que je dois déployer : une seule et unique monstrueuse centrale de 40GW au milieu du pays avec des électriques de plusieurs mètres de diamètre qui en partirait, ou alors une multitude de centrales de quelques MW dont le déclenchement individuel serait décidé ou non suivant les prévisions météo du jour ?

  12. @Tilleul, comme à votre habitude, vous répondez à côté de la question. Je n’ai aucunement parlé des problèmes de rééquilibrage du réseau, et je voudrais bien savoir où j’ai prétendu qu’il fallait installler des centrales de 40 GW. J’ai simplement dit que le rendement électrique d’une turbine à combustion, qui n’est déjà pas fameux quand elle fonctionne à puissance constante, diminue fortement quand elle doit varier sans arrêt d’allure! Il est alors d’environ 25 %. Or les turbines à combustion sont les seules, avec les centrales hydroélectriques de lac, à pouvoir compenser la rapidité des fluctuations de l’éolien! C’est pourquoi je dis et je répète depuis le début que le développement des éoliennes en France, dès que l’on excèdera les possibilités de régulation offertes par l’hydroélectricité et les quelques aménagements qui peuvent être faits par les modifications du réseau et l’installation de capacités de stockages, entraînera une croissance de la consommation de gaz, et des nuisances qui vont avec, et n’est donc pas durable à brève échéance!
    Et l’amélioration de la prévisibilté des fluctuations de l’éolien ne changera rien à ce problème! Elle permettra simplement de mieux prévoir le moment où les centrales à gaz devront adapter leur allure, et de mieux éviter les perturbations du réseau.
    Quant aux bénéfices à attendre d’une décentralisation très importante des moyens de production électrique, je demande à voir. Cela me paraît relever largement du mythe de l’âge d’or et du décervelage écologique. Je comprend bien que l’on diminue un peu les pertes d’électricité dues au transport, mais de combien? Elles sont d’ailleurs assez faibles, de l’ordre de 7% de la production. Et, autant que je sache, la longueur totale des câbles de distribution locale, basse et moyenne tension, est bien supérieure à celle des câbles à haute tension.
    Et, si vous voulez installler de petites unités de centrales à gaz partout pour équilbrer vos jolies fermes éoliennes installlées partout, sans considération des facteurs de charge locaux et donc à des prix pouvant varier du simple au triple selon la région, il vous faut nécessairement installer des conduites de distribution de gaz partout, qui se raccorderont nécessairement quelque part à de grosses installations de transport, pipe-lines continentaux ou ports méthaniers. Or les pertes d’énergie dues au transport dans ces conduites de gaz sont à mon avis supérieures aux pertes du transport électrique.
    Il est remarquable que tous les montages proposés par les associations écologiques ou les associations antinucléaires (je fais soigneusement la distinction) font appel au gaz pour compenser les faiblesses des énergies renouvelables. Mais on n’y trouve pour autant aucune analyse sérieuse de la façon dont le gaz peut être mis en oeuvre, de son coût, de ses dangers ( il y a en moyenne chaque mois une explosion due au gaz en France, avec assez souvent des morts et des destructions matérielles importantes, et la mortalité due au gaz dans le monde est incomparablement supérieure à celle entraînée par les centrales nucléaires) et bien sûr, il n’est pas question dans ces schémas de la durabilité du gaz et des contraintes de son approvisionnement!
    Alors bien sûr il y a le biogaz, dont on dit des merveilles sans en analyser les possibilités quantitatives!

  13. Il y a des turbines à gaz qui ont des très bonne courbe d’efficacité à mi-charge, c’est d’ailleurs pour ça qu’on les utilise pour équilibrer le réseau. Quand aux solution décentralisé, je vous rappelle que 60 à 70% de l’énergie qui sert à faire le courant électrique part en chaleur dans les centrales et dans les cables… Dans une solution décentralisée vous la récupérez cette chaleur… Vous n’êtes pas non plus obligé d’envoyer du courant de qualité électronique partout dans le réseau mais vous pouvez adapter la qualité du courant (et donc le cout) aux usages et vous avez des sécurités bien plus importants qu’avec une solution centralisée… C’est pas la Gironde qui va dire le contraire…

    Je vous rappelle que c’est du biogaz… donc pas de terminaux méthanier… et j’adore les gens qui se croit tellement plus intelligent que les autres qu’ils sont persuadés d’être les seuls personnes au monde à s’être rendu compte que le souffle du vent variait, que la biomasse il faut la traiter et la récupérer, et même que le soleil se couche la nuit… Genre personne depuis le début de l’humanité c’est jamais rendu compte que le soleil se couchait la nuit avant vous, mais c’est vraiment dingue ça… Pourquoi est-ce que vous n’iriez pas tout de suite annoncez à la face du monde cette vérité ? Ca fait plus de 100 ans qu’on fait des recherches dans le photovoltaïque mais personne ne s’est jamais rendu compte que le soleil ne brillait pas la nuit, brisons la supercherie !

  14. @Tilleul, certes, mais y-a-t-il toujours quelqu’un pour récupérer cette chaleur? Et quelles sont à votre avis les pertes d’énergie dans la filière gaz?Et le niveau de sécurité? Et comment fonctionnez- vous quand il n’y a plus de gaz? Ah oui, le biogaz!
    Une fois qu’on a réalisé que le soleil ne brillait pas la nuit, ce qui est si je comprends bien votre cas depuis longtemps, pourquoi alors ne pas en tenir compte?

  15. @Tilleul, à propos vos turbines à combustion miracle, quelles sont les valeurs de rendement en fonction de la puissance fournie?

  16. Tilleul a écrit : « Quand aux solution décentralisé, je vous rappelle que 60 à 70% de l’énergie qui sert à faire le courant électrique part en chaleur dans les centrales et dans les cables »
    ——————————————
    L’argument du courant électrique qui part en chaleur dans les câbles est assez somptueux, surtout venant d’un fada des éoliennes.

    Tilleul, au cas où votre mémoire sélective vous fait faux bond, je vous rappelle que les éoliennes, c’est ce qui demande de tirer le plus de câble pour acheminer l’électricité des quelques milliers d’éoliennes placées à perpète-les-oies jusqu’aux centres urbains où se situe la demande, ce qui peut-être remplacé pour une seule centrale au charbon, gaz ou nucléaire bien positionnée qui a une empreinte de juste quelques centaines d’hectares. Et cet inconvénient majeur s’applique également à d’autres renouvelables comme le solaire voire l’hydroélectrique.

    Alors c’est assez cocasse de voir un patisan de « l’énergie verte » faire l’éloge de la décentralisation avec des arguties sur la perte d’électricité dans les lignes de transport alors que son fond de commerce consiste à balayer d’un revers de main le problème d’intermittence des renouvelables en sortant l’excuse de l’interconnectivité (‘savez, la réplique choc du « vent qui souffle toujours quelque part en France »).
    Bonjour la cohérence !

  17. Je vous rassure la vitesse des trains ne va pas non plus vous faire exploser les organes internes et la mise en route du LHC ne va pas non plus créer un trou noir qui va engloutir la terre… L’UE s’est fixé un objectif contraignant de 20% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique en 2020, ç

    En tout cas c’est assez cocasse de voire un soit disant libéral faire l’éloge de la centralisation qui nécessite la création de monopole…

  18. il manque un morceau :

    L’UE s’est fixé un objectif contraignant de 20% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique en 2020, ça fait très longtemps qu’on sait que ça ne peut être que positive de passer massivement aux énergies renouvelables… La maintenant on en est plus à savoir si s’est possible on en est à explorer le comment et à définir les meilleurs stratégie pour y arriver…

  19. @Tilleul, l’Europe s’était déjà fixé un objectif de 21 % d’électricité renouvelable en 2010. A moins de deux ans de l’échéance, elle est à 14!
    En 2008, elle a fait en énergie primaire 7,5% de renouvelable, alors que l’objectif est de 12 en 2010. Et l’Allemagne malgré de ruineux efforts n’ atteint toujours pas la moyenne européenne.
    Alors, les objectifs 2020!
    Pour atteindre 20 %, il faudrait qu’en 12 ans la consommation d’énergie de l’Europe ait été divisée par plus de deux! Ce n’est pas impossible si l’on divise par deux la consommation de carburants et si on rénove efficacement l’habitat. Mais ce qu’on observe, c’est l’augmentation régulière de la consommation, non sa diminution!

  20. L’Allemagne (qui n’a pas d’hydro) rempli son objectif européen primaire et électricité pour 2010 et se trouve devant la France en terme d’énergie renouvelable… Et je vous rappelle que la France a une plus grande dette que l’Allemagne avec une économie moins bonne et moins de population… donc les leçons d’économie d’un pays en faillite peuvent être relativisé…

    De plus si vous faites attention aux objectifs du white paper, les taux de croissances des EnR sont bons. Ce qui pose problème c’est l’objectif de 20% d’efficacité énergétique, c’est à dire que la consommation d’énergie augmente trop vite… mais les crises économiques s’accompagnant de la baisse de la consommation d’énergie la part des renouvelables va mécaniquement remonter… J’attends beaucoup de la banqueroute du secteur automobile pour baisser la consommation de pétrole et remonter tout ça.

    Pour l’électricité en 2007 on était à 14,93% d’EnR dans la part d’électricité, ça va être dur mais ça peut être jouable en considérant que les EnR ont toujours battu les taux de croissance prévues par les analystes…

    Pour l’objectif de 2020 il va au contraire être très facile à atteindre : une grande partie des unités de production d’énergie fossile vont être retiré car en fin de vie, le charbon intéresse de moins en moins de monde, le gaz a moins la côte depuis l’hiver dernier, les centrales nucléaires ne sont pas capable d’être construite en un aussi court laps de temps… il reste plus que les renouvelables, ou alors c’est la bougie…

  21. @Tilleul, l’objectif ENR 2010 pour l’Europe de 27 était de 12 % de l’énergie primaire. Fin 2007 la réalisation était de 7,5% , contre 6 % fin 2000. Pour atteindre l’objectif fin 2009, il faudrait faire en deux ans 3 fois plus que ce qui a été fait en 7, soit une multiplication du rythme des réalisations par 21, et même plus car la consommation d’énergie augmente pendant de temps là!Passer à 20 % en 2020 est dans ces conditions un rêve pieux, sauf si comme vous le dites la consommation diminue fortement. La crise va jouer dans ce sens, mais en même temps, avec la crise, l’argent pour les investissements s’évapore!
    Et même si l’objectif est atteint en 2020, il nous restera 80% à assurer avec du fossile et du nucléaire. Ou à diminuer notre consommation énergétique par 5?

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