Une médaille pour le moteur à eau

Il a écopé de vingt ans de prison, il mériterait plutôt une médaille. Un philippin de 82 ans, qui se prétend inventeur du moteur a eau, devrait finir ses jours en prison, s’il n’est pas acquitté en appel du moins.

Daniel Dingel a travaillé dur. Depuis 1969, il met au point un moteur révolutionnaire, pensez donc. On met de l’eau dans le réservoir, rien d’autre promis, et hop, sa Toyota avance, le pot recrachant de l’eau. Le saint homme. Bien sûr, comme toute invention, il fallait passer du stade de prototype à la production industrielle. Et notre homme avait été persuasif, en soutirant plus de quatre cent mille dollars à une entreprise taïwanaise.

Mais la bise arriva, et l’inventeur se trouva fort dépourvu quand il fallu livrer les trois voitures promises. Dingel ne put jamais fabriquer les réacteurs-miracle à hydrogène. Et le pigeon en fut mal d’aise. Et voilà notre inventeur malheureux, qui pourrait croupir quelques années dans une geôle philippine.

Ça vous fait rire, les déboires de ce pauvre philippin? Mais rappelez-vous un peu les (mes)aventures de notre Giscard de président. Lui, l’immense polytechnicien, s’était fait piéger comme tant d’autres par le gang des avions renifleurs.

Et puis après tout, on nous vend bien les piles à combustible qui brûlent de l’hydrogène et ne recrachent que de l’eau comme une solution d’avenir pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Et les hommes politiques y croient dur comme fer, oubliant que, jusqu’à preuve du contraire, on fabrique l’hydrogène avec du pétrole ou du gaz. Alors, qui est le plus grand escroc?

10 commentaires

  1. Encore plus futé , Sieur Nègre … affaire à suivre !

  2. L’hydrogène, ça pourrait aussi se fabriquer avec de futures centrales nucléaires, par thermolyse. Et avec quels enjeux économiques …!
    Notez, on peut aussi en faire avec des éoliennes en mer ou du solaire, dans lesquels il faudrait aussi investir massivement.

  3. Dans le cas de Guy Nègre, ce n’est pas la source d’énergie qui est intéressante, c’est la réduction du poids de la voiture associée qui permet de contrebalancer les pertes d’efficacité lié à l’air comprimé… (ainsi qu’un avantage en terme d’émissions de substances nocives qu’il est plus facile de controler dans une centrale que dans un pot d’échappement).

  4. D’accord Tilleul mais on attend toujours le prototype au point , parce que pour l’instant on est dans le gag . Pour la fabrication de l’hydrogène il semble que jeune pousse américaine a mis au point un système de production très prometteur et surtout avec un bon rendement. Alors il y a de l’espoir de ce côté

  5. bonsoir
    on peut produire de l ydrogene
    a partir d un electrolyseur un bocale d un litre d eau
    2elctrodees en tige filetee inox
    & cuilliere acafe de bicarbonate de soude dans l eau
    le tout brancher sur une batterie
    de 12volts
    et vous obtiendrez de hydrogene
    cordialement robert

  6. Author

    Merci Robert. J’ai fait ça aussi en cours de physique quand j’étais ado. Et sans bicarbonate! Mais entre cette petite manip’ de coin de table et l’industrie, il y a un gouffre. Le bilan énergétique de l’électrolyse est tout simplement détestable…

  7. @Ratmanoff, avez-vous le lien avec cette jeune pousse américaine?
    Le rendement énergétique global de l’électrolyse, c’est-à-dire le rapport entre l’énergie disponible dans l’hydrogène produit et l’énergie totale ayant servi à le produire (en y incluant l’énergie nécessaire à la fabrication de l’électrolyseur) , est d’environ 0,6 selon les données dont je dispose.
    Le rendement de la compression de l’hydrogène dans des bouteilles à 700 bars est de l’ordre de 0,8, celui d’une pile à combustible de type PEM est de 0,4, celui d’un moteur électrique de 0,8. Le rendement global de la voiture correspondante serait donc d’environ 0,6X0,8X0,4X0,8, soit environ 0,15, ce qui n’est pas si mal, compte-tenu du fait que le moteur électrique, s’il est assisté par une batterie importante permettant de récupérer l’énergie de freinage ou l’énergie de pesanteur dans les descentes, a un meilleur rendement en énergie utile que le moteur à combustion interne.Il se comparerait donc à celui d’une Prius.
    Là où le bât blesse, c’est que le rendement dde fabrication de l’électrcité n’est que d’environ 1/3. il faut donc diviser ce rendement par 3.
    D’autre part, les quantités d’énergie emmagasinables par des bouteilles d’hydrogène sont faibles, 2 à 3 fois moins que pour des bouteilles de gaz naturel.Un système de distribution d’hydrogène comprimé coûte aussi extrêmement cher!
    Faire fonctionner une voiture à hydrogène à partir d’électricité produite à partir de gaz naturel, comme cela sera de plus en plus le cas en Europe, est donc une stupidité. Il vaut mieux et de loin utiliser directement ce gaz dans des voitures fonctionnant au gaz naturel, dont il circule déjà des millions d’exemplaires dans le monde. Le faire à partir d’hydrogène produit par de l’éolien ou du solaire,ou du nucléaire, c’est déjà mieux. Mais il s’agira de toutes façons de voitures de faible autonomie.

  8. @Tilleul, vos affirmations sur la réduction de poids que permet la voiture de Guy Nègre me rendent perplexe: car enfin, l’énergie embarquée dans une bouteille d’air comprimée à 200 bars est de 8 Wh par kilog, soit 15 fois moins qu’une batterie au lithium. Par conséquent, dans 100 kg de batterie au lithium, je mets 12 kWh, au lieu de 0,8 kWh dans 100 kg de bouteilles. D’autre part, un moteur à air comprimé pèse-t-il moins lourd qu’un moteur électrique à puissance égale? Je pense que non. Quant au rendement énergétique global, il n’est pas supérieur à celui d’une voiture électrique. Je ne compte pas les pertes d’électricité en ligne, qui sont les mêmes dans les deux cas. Pour faire de l’air comprimé à partir d’électricité, le rendement est de 0,8, soit à peu près le rendement d’un cycle de batterie. Le rendement d’un moteur à air comprimé est inférieur à celui d’un moteur électrique, et les moteurs électriques peuvent se mettre dans les roues, ce qui diminue les pertes d’énergie dues aux transmissions. Les batteries peuvent récupérer l’énergie de freinage, et de pesanteur dans les descentes, pas les bouteilles d’air comprimé.D’autre part l’air comprimé faisant geler les conduites à la détente, il faut un apport de chaleur pour l’empêcher. La source de chaleur est fournie par du pétrole embarqué (2 litres aux 100 km). Tout cela fait chuter le rendement énergétique pratique du véhicule à air comprimé à moins de la moitié de celui du véhicule électrique à batterie. Et il consomme au bout du compte plus d’électricité ( polluante en Allemagne) qu’une voiture électrique au km parcouru.

    Finalement, pour un poids équivalent, j’irai 20 fois moins loin avec la voiture de Guy Nègre qu’avec une voiture électrique équipée en lithium, et il me faudra quand même consommer du carburant!

    Le prix, je ne sais pas. Sans doute moins qu’une voiture électrique. Mais s’il me faut devoir le recharger tous les dix kilomètres, il me faudra embarquer un compresseur et sonner aux portes le long du chemin pour trouver de l’électricité. A moins de l’utiliser en hybride, un moteur à essence prenant le relai pour faire rouler la voiture et comprimer de l’air? Ce serait coûteux, plus lourd, et encore plus bruyant!

    Je ne doute pas que Guy Nègre soit un ingénieur brillant, d’ailleurs le monde entier nous l’envie paraît-il, mais sa force est qu’il n’a pas besoin de payer sa publicité. Il lui suffit d’utiliser, comme autrefois les militaires du Moyen-Âge, la communication par pigeons ( verts), assurée quasi gratuitement par Internet. Le pigeon (vert) est en général persuadé que l’air ( pur) est une source d’énergie et se comprime tout seul, et s’empresse de faire partager sa conviction dans les forums.

    Avec tout çà, on finira avec des voitures à pédales, ou avec des charrettes traînées par des ânes, mais en ce cas il faudra en produire, de la luzerne bio!

  9. Je ne fais que donner les explications qui sont avancées et me paraissent les plus crédibles… il y a bien des chariots élévateurs à fourche qui utilisent des moteurs à air comprimés plutôt qu’un moteur à batterie donc si les deux technologies sont en compétition sur ce genre d’appareils, ça me paraitrait pas extraordinaire de voir une voiture à air comprimé… Ca n’a strictement aucun intérêt dans un pays développé et c’est pour ça que personne n’a jamais commercialisé ce genre d’apparils, mais dans un pays en développement qui étouffe sous la fumée des pots d’échappement ça peut déjà sauver quelques vies…

    Et puis après tout il y en a bien des pigeons qui imaginent que monsieur tout le monde va pouvoir disposer d’une voiture électrique au lithium, c’est du même tonneau…

    Par contre je vous sens bien aigri face au écologiste ? Vous digérez toujours pas le fait que ça fait 30 ans qu’ils ont raison et qu’à chaque fois on s’en rend compte trop tard ? Ca expliquerait pourquoi vous êtes obligé de continuer à leur inventer des prises de position aussi farfelues les unes que les autres ? Parce que les zélotes de la voiture à air c’est plutôt dans votre camps des théoriciens de la « voiture propre »* qu’on les trouve…

    * : Philippe Murray disait « Souhaiter une bonne télévision, c’est comme de penser qu’il aurait pu y avoir un bon nazisme », je suis pas loin de penser la même chose sur la « voiture propre »…

  10. « Avec tout çà, on finira avec des voitures à pédales, ou avec des charrettes traînées par des ânes, mais en ce cas il faudra en produire, de la luzerne bio! »

    Si ça heurte tellement vos convictions d’imaginer que un urbanisme conçu et maitrisé permet d’abolir totalement le besoin de voiture individuelle je vous conseille de retourner au XXe siècle et de laisser le progrès suivre son cours…

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