Une tour dans le désert solaire français

5°45’01 » Est. 44°30’28 » Nord. Retenez cette position. C’est dans ce village, à Aspres sur Buëch (Hautes-Alpes) que sera construite la première centrale thermosolaire de France. Un partenariat entre Dalkia (filiale de Veolia), Solar Euromed et le Conseil Général des Hautes-Alpes, qui mettra à disposition un terrain de quatre-vingt hectares.

Quelque part en 2010, les miroirs (ou héliostats, parce qu’ils suivent le soleil) renverront la lumière de notre astre vers une chaudière placée en haut d’une tour. Une chaudière analogue à celles qu’on trouve dans les centrales thermiques à hydrocarbures ou nucléaire, suivant le cycle eau, vapeur, turbine, électricité. La centrale baptisée Solenha produira 60 GWh d’électricité par an, pour une puissance installée de 12MW, grâce à trois cent jours d’ensoleillement et à un système de stockage de chaleur pour maintenir la production lors des passages nuageux.

A vrai dire, cette première n’en est pas une. En 1983, EDF avait inauguré la centrale Themis, dans les Pyrénées Orientales, qui avait produit de l’électricité jusqu’en 1986 avant d’être abandonnée. L’année où le blogueur de ces pages avait entamé ses études scientifiques sur l’énergie solaire… Aujourd’hui, Themis héberge des recherches sur le solaire, conduites par le CNRS (laboratoire Promes).

Qu’on ne s’y trompe pas. On ne sauvera pas la production électrique française avec ces centrales solaires thermiques. Mobiliser 80 ha des rares terres assez ensoleillées de notre pays pour seulement 60 GWh d’électricité par an, on a vu mieux. Mais Solenha sera une vitrine bienvenue pour redorer le blason solaire français. De leader jusqu’au début des années quatre-vingt, la France est devenue depuis un vilain petit canard. Combien de fois Mouchot, qui imprimait le journal de l’Exposition universelle de 1878 avec de l’énergie solaire s’est-il retourné dans sa tombe?

Cet abandon est sans doute à porter au débit du Président Mitterrand et des écologistes eux-mêmes, après l’abandon du programme nucléaire français. Stoppé dans son élan, EDF et l’Etat n’avaient plus besoin d’alibi écolo pour faire passer la pilule dans le grand public, et toutes les recherches ont cessé, ou presque, provoquant au passage une mutation dans ma carrière.

Pourtant, peu le contestent, le solaire thermique fait partie de l’équation planétaire mondiale. Parce que des territoires immenses sont bombardés par le soleil dans la ceinture tropicale. L’Allemagne l’a bien compris, qui développe la recherche dans ce domaine, tout comme dans le solaire photovoltaïque, depuis une décennie. Par exemple, pour fournir sa technologie si le projet Desertec voit le jour. Pour ceux qui auraient raté un épisode, ce concept proposé par l’Allemagne, qui a reçu la bénédiction de notre lider maximo verde et des responsables des pays méditerranéens (1), vise à produire de l’électricité à partir du soleil et du vent dans les pays d’Afrique du nord et du Moyen-Orient, pour l’exporter vers l’UE via un réseau électrique à courant continu.

(1) Sommet de l’Union pour la Méditerranée, le 13 juillet à Paris

2 commentaires

  1. Le raccourci avec Mitterrand est un peu gros ! EDF a t-il besoin d’alibis en plus , j’en doute…

    Pour moi le problème est d’abord la dépendance à un producteur, la surconsommation induite par les appareils non finis à cause de la course technologique induite par le système que je qualifie personnellement de ‘japonnais’. En effet il faut bien comprendre que le japon a bouleversé l’évolution et la recherche par la confluence du savoir et de l’économie de marché. ça veut dire quoi, ça veut dire que la recherche est financé par un retour sur la vente de produits directement issue de celle-ci et ceci sans délai, ni expérience, ni validation… Il est découle un système pervers impossible de stopper. Je peux citer par exemple la photo numérique – ou les ordinateurs portables. Question consommation le progrès est nul. Je considère qu’un outil qui n’ai pas capable de ‘performer’ dans sa globalité comme un appareil faussement meilleur. Bien sur il y a la couleur, la taille etc qui ont évoluées, mais question globale et la dedans j’inclus la durabilité je pense même qu’on régresse. En France nous avons des organismes de recherche financés différemment et même si c’est critiquable le concept actuel imbriqué de la production et de la recherche est hautement néfaste à une évolution cohérente de la société donc vers un devenir écoloqique global.
    Quand à l’exportation d’énergie, qu’est ce que cela peut donner à part une nouvelle dépendance. De plus sur un réseau cc je suis circonspect puisque c’est le système qui a le plus de pertes en ligne à moins de maîtriser la supraconduction. Un des problèmes de l’eau c’est les fuites et un de l’électricité c’est l’effet joule ! A ce sujet l’article sur les serveurs de Google n’a bien fait réfléchir, moi qui utilise beaucoup de stockage. ..

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