Quand Gustav menace l’Amérique, l’Inde se noie en silence

Comme ce monde est étrange. Partout, les médias font leur Une sur le cyclone Gustav, dont les vents et la pluie ont commencé à bousculer la côte Sud des Etats-Unis, provoquant l’évacuation de deux millions de personnes, et vidant la Nouvelle-Orléans de ses habitants. Sans doute à cause du douloureux souvenir de Katrina, quatre trois ans auparavant, qui tua plus de 1800 personnes lors de sa traversée des Caraïbes et son atterrissage à la Nouvelle-Orléans. Gustav a déjà tué plusieurs dizaines de personnes, pour l’essentiel à Haïti, et son bilan à Cuba reste inconnu.

Mais un autre drame se joue de l’autre côté de la planète, qui n’intéresse semble-t-il pas les médias. Et pourtant, en Inde, plus de huit cents personnes ont déjà trouvé la mort dans les inondations géantes provoquées par une violente mousson. Et plus d’un million de personnes ont été déplacées.

On évoque souvent un ratio entre nombre de victimes et distance pour mesurer l’absence de couverture médiatique d’une catastrophe naturelle. Pourtant, Delhi est plus proche de Paris que la Nouvelle-Orléans. Dans Google actualités, une recherche sur « Inde inondations » renvoie 267 références. En revanche « Gustav cyclone » renvoie 1118 références. Sur la version américaine de Google actualités, l’écart est encore plus spectaculaire: 56728 pour « Gustav hurricane » contre 3555 références pour « India floods ».

Bien évidemment, ces simples requêtes sur un moteur de recherche n’ont rien d’exhaustif. Elles montrent simplement combien, dès qu’il s’agit des Etats-Unis, nos oreilles sont plus sensibles au bruit des voitures qui quittent New Orleans sur les autoroutes saturées qu’aux familles qui pleurent leurs morts dans le pays de Gandhi.

8 commentaires

  1. Sans vouloir offusquer qui que ce soit, vous enfoncer une porte ouverte (l’effet du vent sans doute !)

  2. Et finalement, Gustav touche terre, sous la forme d’un ouragan de force… 2, donc une banale tempête.

    Super le travail des « spécialistes » des ouragans (grandement aidés par les journalistes toujours en mal de sensationnalisme) qui ne sont pas fichus de prévoir l’impact d’un ouragan 24h à l’avance mais qui savent nous faire prendre conscience que Katrina est dû à la faute des gaz sataniques des 4×4 (pour rappel, Katrina était un ouragan de force 3 quand il toucha la Nouvelle Orléans et les morts étaient dû non pas à l’ouragan mais à la rupture des digues en état de délabrement avancé).

    Résultat, on a déplacé 2 millions de personnes par « principe de précaution » et il y a eu des morts d’accident de la route mais zéro mort dû à la tempête. Merci messieurs les journalistes. La prochaine fois, dans une foule compacte, criez « au feu », ce sera mieux.

  3. Author

    Gaffe à vous, cher lecteur: la dépêche que vous citez parle du bilan dans l’Etat du Bihar. Une dépêche d’Associated Press du 27 août fait état de 800 morts dans le seul Etat d’Uttar Pradesh (source policière), le plus touché par les inondations.

  4. Author

    @minitax. Ayant quelques connaissances en météo, je ne qualifierai pas un cyclone de catégorie 2 de « banale tempête ». Pour le reste de vos commentaires, en particulier le dernier paragraphe, vous avez mal du me lire. Auriez-vous besoin de lunettes ou êtes-vous buté à ce point?

  5. @7 mais non Denis, je ne vous visais pas, justement. 😉
    De manière générale d’ailleurs, j’essaye de toute mes forces de penser à vous comme « blogueur » et non comme journaliste, lol.

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