En voilà une question intéressante. Hier, à l’occasion de sa visite en Australie, le ministre des Affaires étrangères chinois a une nouvelle fois plaidé pour le droit de son pays à polluer plus. Yang Jiechi a pris la peine de rappeler les efforts de son pays pour réduire l’intensité énergétique de sa production, autrement dit la quantité d’énergie nécessaire pour produire chaque unité de son produit intérieur brut. Et souligné que les émissions de gaz à effet de serre par habitant d’un chinois sont encore trois fois plus faible en moyenne que celles d’un habitant de pays riche.
Jusque là, rien que de très classique. Mais là où la question devient intéressante, c’est quand Jiechi demande qu’on prenne en compte le fait que son pays produit de plus en plus pour l’ensemble de la planète, et donc qu’on ne l’oublie pas lors des discussions sur le climat. «Nos émissions de gaz à effet de serre ne servent pas qu’à répondre aux besoins quotidiens des chinois. Elle servent aussi à répondre aux besoins de nombreuses personnes sur la planète, particulièrement celles à bas revenus.»
D’une certaine manière, Jiechi propose de revoir les méthodes de calculs des émissions réchauffantes de chaque pays. La question a déjà été évoquée çà-et-là. Faut-il incorporer ce que pèsent en GES les importations et exportations quand on calcule les rejets de gaz carbonique et autres produits à effet de serre de chacun? Car finalement, les délocalisations reviennent à exporter la pollution. C’est d’ailleurs la menace que de nombreux industriels agitent en permanence quand on leur demande de respecter des quotas. Du moins ceux qui le peuvent.
En tenant ce discours, la Chine prend un risque, du moins sur le long terme. Aujourd’hui, on voit mal comme les délocalisations massives pourraient cesser. Mais à force d’augmentation du prix du transport —hausse du brut oblige— et de l’éventuelle prise en compte des importations de gaz à effet de serre, certains pays pourraient être conduits à essayer de relocaliser certaines productions. Qu’en pensez-vous?
Disons que quand l’énergie sera à un prix qui rendra les différences de salaire imperceptible, alors la mondialisation prendra probablement fin d’elle même, non ?
La relocalisation est une nécessité, le mode de production actuel décentralisé, qui fait conditionner en Thaïlande des crevettes pêchées et consommées en Europe est une aberration. La seule solution viable pour le faire, c’est une taxe sur le transport des marchandises.
Les taxes n’empèchent pas les dominants d’augmenter leurs revenus sur le dos des dominés pour maintenir leur accés à la marchandise.
L’autre solution s’appelle l’interdiction d’importation pouvant etre produite plus prés, mais pour cela il faut abandonner l’idée de libre circulation.
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Mais à force d’augmentation du prix du transport —hausse du brut oblige— et de l’éventuelle prise en compte des importations de gaz à effet de serre, certains pays pourraient être conduits à essayer de relocaliser certaines productions. Qu’en pensez-vous?
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@M. DD
Je pense que vous ne connaissez pas l’évolution du prix du fret par container ces dernières années, ni la part MINUSCULE que ça compte dans les produits importés, ni l’explosion du volume pendant même que le prix du baril a été multiplié par 3 en 5 ans, sans quoi vous ne fantasmeriez pas ainsi à une *probable* relocalisation. Eh oui, la réalité des chiffres est cruelle.
La seule possibilité réaliste pour qu’il y ait moins de produits Made In China, c’est que le salaire moyen chinois augmente (ou que le salaire moyen français baisse). Mais alors, ce sera du made in Vietnam ou Ghana.
Si la Chine propose de modifier le comptage du bilan CO2, en sachant pertinemment que c’est impossible à mettre en place, c’est juste pour acheter du temps en attendant que le protocole de Kyoto se décompose de lui-même, décomposition déjà en état avancé pour ceux qui veulent bien ouvrir les yeux.
Ce n’est pas une limitation par pays qu’il faut imposer… Cela n’a aucun sens dans un monde globalisé.
Il n’y a qu’une chose à faire, faire payer au mettre cube la production de gaz à effet de serre.