L’activité humaine la plus exposée aux aléas climatiques est bien évidemment l’agriculture. La planète compte toujours plus d’un milliard de mal nourris. Qu’en serait-il dans un climat réchauffé, avec un régime de pluies modifiées? Une équipe de l’université de Stanford a tenté de déterminer quelles parties du monde, dans les régions où on souffre de la faim, poseront le plus de problèmes de ressources alimentaires. Elle confirme dans la revue Science que le sud de l’Afrique et de l’Asie pourraient connaître de sérieuses difficulté de production agricole d’ici une vingtaine d’années.
Les régions du monde où la population se développe le plus sont aussi des régions qui sont en première ligne face aux modifications des régimes de sécheresse et de pluies. A partir des résultats de vingt modèles de prévision climatique, des habitudes alimentaires de chaque région et des relations entre variabilité climatique et production agricole, les chercheurs calculent que dans le sud du continent africain, la production agricole pourrait baisser de 30% en vingt ans si rien n’est fait pour adapter les pratiques agricoles au climat perturbé. En Asie du sud, qui concentre 30% des mal nourris de la planète, la perte serait plus faible, environ 10%, mais néanmoins importante puisque la population de ces pays continue à croître rapidement.
Les chercheurs ont travaillé production par production pour déterminer les priorités des politiques d’adaptation. Ainsi, dans le sud du continent africain, la production de riz devrait légèrement augmenter, tandis que celle de maïs, de blé, de soja devraient nettement baisser. En Asie du sud, l’ensemble de la production devrait baisser, à l’exception de celle de sorgho qui ne serait pas altérée par le réchauffement climatique.
Certains diront bien sûr qu’il ne s’agit que de résultats de modèles. C’est une évidence. Mais comment tenter d’orienter les programmes d’adaptation qui seront nécessaire pour éviter d’aggraver les problèmes d’alimentation des régions pauvres de la planète? C’est bien ce qui motive l’équipe américaine, qui espère donner des pistes aux organisations internationales qui financent le développement de l’agriculture.
Image. Un champ de mil. © CNRS