L’Indonésie n’oublie pas le tsunami

Voilà déjà presque trois ans que les vagues meurtrières du tsunami ont déferlé dans l’océan indien, tuant près de 250 000 personnes. Trois années qui ont été mises à profit pour tenter de bâtir un réseau d’alerte précoce, sous l’égide de l’UNESCO, à l’image du dispositif en vigueur dans le Pacifique qui a plusieurs fois montré son efficacité.

Parmi les pays très engagés dans la création de ce réseau, l’Allemagne travaille avec le gouvernement indonésien et commence à obtenir des résultats. C’est ce qu’explique la Helmholtz Association of German Research Centres, qui coordonne les efforts des scientifiques allemands, dans un communiqué publié le 20 décembre. De nombreuses stations de détection ont été installées dans l’océan, et un système informatique a été déployé, qui est désormais opérationnel: en septembre, une alerte tsunami a pu être donnée très rapidement. Il avait fallu moins de quatre minutes pour évaluer l’intensité et la localisation du séisme de magnitude 8.

Le gouvernement indonésien se bouge aussi, semble-t-il. Un exercice d’alerte, impliquant 10 000 personnes, est prévu en guise de commémoration, comme chaque année depuis la tragédie de 2004. Une première bouée de détection de tsunami est mouillée et testée depuis deux ans dans le détroit de la Sonde; vingt-deux autres doivent être mises en place d’ici un an, dont une dizaine fournies par l’Allemagne. Elles sont dotées de capteurs installés au fond de l’océan, à 4000 mètres de profondeur, pour détecter, d’une part les séismes et, d’autre part les ondes de pression créées par le passage d’un tsunami sans être perturbés par les vagues de surface. L’Indonésie gèrera seule son réseau de surveillance à partir de 2010.

L’agence Indonésienne Antara soulignait il y a une dizaine de jours qu’un centre de recherches sur les tsunamis sera construit à Banda Aceh, en association avec l’université japonaise de Kobé. Il sera aussi chargé de faire de la prévention, pour diffuser les gestes qui sauvent quand une alerte au tsunami survient.

Dans les régions les plus dévastées (Indonésie, Sri Lanka et Maldives), la reconstruction se poursuit. La Croix-Rouge Internationale a fait récemment savoir qu’elle a reçu 2,5 milliards de dollars de dons, dont 60% ont déjà été dépensés. Mais il reste du pain sur la planche: dans le nord de l’Indonésie, 80 000 sans-abris ont été relogés par la Croix-Rouge, mais beaucoup vivent toujours dans des abris provisoires. Le gouvernement indonésien à fêté il y a une semaine la cent-millième maison reconstruite à Aceh. Vingt mille de plus devraient être achevées d’ici avril, même si de nombreuses constructions sont de très mauvaise qualité…

En France, c’est calme plat, dans la série «comme ça n’arrive qu’aux autres, on ne se presse pas». Le Monde expliquait le 6 décembre dernier qu’en dépit du traumatisme créé par le tsunami de l’océan Indien, peu de choses ont bougé en matière de surveillance des côtes françaises. Même si le risque d’un tsunami majeur est bien plus faible que dans les pays de la ceinture de feu, le pays n’est pas à l’abri, notamment en Méditerranée. Un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques publié le 5 décembre a tenté d’alerter le Parlement sur l’absence de progrès, en dépit de la compétence internationalement reconnue du CEA, acquise à l’époque de Mururoa et pas démentie depuis. Selon le rapport, il suffirait de 6 millions d’euros d’investissements, et de 3 millions par an, pour disposer d’un réseau de surveillance des rivages du pays…

2 commentaires

  1. Un système d’alerte se met en place, c’est bien. La France ne fait rien pour mettre en place un système d’alerte en Méditerranée, c’est normal : on est les meilleurs.
    Reste qu’il est un Tsunami dont on parle peu et dont peu de monde étudie les conséquence, c’est celui de la vague d’argent qui a déferlé sur les ONG pour la reconstruction.Cela a posé un énorme problème au Comité de la Charte qui gère les règles éthiques que se sont données les ONG, en particulier une règle qui veut que l’argent donné soit dépensé selon l’affectation qu’a voulu le donateur. D’où énormément d’argent là et des besoins énormes ailleurs avec une impossibilité d’organiser des transferts.(de mémoire, la croix rouge a reçu pour le Tsunami autant de dons qu’elle en avait eu depuis sa création)
    Sur le terrain peu de missions ont eu lieu pour voir comment réellement cela se passe. Qui va rapporter le cas de ces villages de pécheurs qui ont été chassés après le Tsunami pour laisser la place à de somptueux hôtels.Qui va rapporter d’autres errement de même nature que nul ne connait car personne ne les a recensé???

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.