Je déteste les moyennes

Ah la bagnole. L’air de rien, l’Allemagne est en train de torpiller le projet de réglementation européen sur les émissions de gaz carbonique des voitures. L’Allemagne, bien sûr car une grande part de sa production sont des grosses berlines, les Mercedes, BMW, Porsche et autre Audi, qu’il sera difficile de faire passer sous la barre des 120 grammes de CO2 au kilomètre retenus comme moyenne maximale. Les français et italiens, plus habitués à faire petit, moins lourd et moins vorace, s’étaient fait très discrets ces derniers temps.

Comment torpiller une «norme» pour ne pas fâcher Merkel sans donner l’impression de baisser le pantalon, s’est demandé la Commission européenne. Et elle a trouvé! L’UE reconnaîtra l’existence de pools de constructeurs. Un fabriquant de gros machins qui puent pourra se déclarer copain avec un constructeur de Twingo. Si ensemble, ils ne dépassent pas les 120g au kilomètre, exit les amendes. Un peu comme si un automobiliste surpris à 180 km/h sur l’autoroute pouvait échapper aux gendarmes au prétexte qu’un ami de circonstance ne roulait qu’à 90 km/h au même moment. En plus, ça va créer un nouveau business: on voit tout le profit que pourrait tirer Renault en acceptant de couvrir les agissements d’Audi…

Alors inventons des pools. Regroupons les usines qui déversent de trop fortes quantités de saloperies dans les rivières avec des industriels exemplaires. Et hop, fini les amendes pour pollution! Marions les mauvais pêcheurs du dimanche avec des navires-usines. Exit les quotas de pêche. Rapprochons les patrons et leurs ouvriers sous-payés: en moyennant leurs augmentations de salaire, il serait interdit de qualifier d’abusive la hausse de 45% du PDG.

Ce n’est pas en moyennant la pollution, en compensant les discours, qu’on fera bouger les choses. En matière de pollution, de protection du climat, on a tout autant besoin de réduire les écarts-types que de faire baisser la moyenne!

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5 commentaires

  1. Sigmar Gabriel nous dit que l’Allemagne va baisser ses émissions de GES de 40 % d’ici 2020! Avec qui va-t-elle se moyenner?Le partenaire va être dur à trouver, car l’Allemagne a programmé 48 MW de centrales à charbon d’ici 2020, soit 10 MW de plus que les centrales en service actuellement, qui ne seront pas toutes démantelées d’ici là! L’Allemagne confirme donc qu’elle n’a en fait pas l’intention de sortir du charbon et du CO2! A propos, pour ceux qui aiment les calculs de coins de table,à raison de 30 à 35 morts de maladies pulmonaires par TWh ( Markandya et Wilkinson 2007, Electricity Generation and Health,The Lancet, September 15 ) et 10 fois plus de maladies graves, le charbon en Allemagne, c’est combien de morts et de maladies graves par an rien que pour les centrales?

  2. BMD: l’Allemagne n’est pas une économie planifiée je vous signale… Ce n’est pas à l’Allemagne d’imposer telle ou telle solution technique aux opérateurs, elle se contente de fixer des normes que les fournisseurs d’électricité se doivent de respecter. Pour l’instant ceux-ci sont persuadés d’arriver à construire des centrales à charbon sans dégagement de CO2 dans l’atmosphère, s’ils n’y arrivent pas il n’auront pas d’autres choix que de changer de techniques s’ils veulent réussir à se plier à l’objectif national.

    Pour rester dans le sujet, vu le temps que j’attendais de le caser dans une brève ce site là !

    http://www.cheatneutral.com/

    Dorénavant gràce à la compensation infidélité vous aussi vous pouvez appliquer à votre vie personnelle les même indulgences que les gros pollueurs 😉

    Par rapport à Renault, je ne compterais pas sur eux pour faire dans l’environemental, il y a quelques temps j’écoutais une interview de Carlos Ghosn sur BFM. Quand on lui posait la question de savoir si ce n’était pas aller à contre-courant que de sortir un 4*4 en période de grenelle de l’environnement ça réponse était un truc du style : les gens sont tous prêt à dire qu’ils veulent des voitures propres mais quand dans les faits ce qu’ils achètent c’est des 4*4 alors je leur donne ce qu’ils veulent…

  3. @Tilleul, aucune des centrales planifiées en Allemagne ne comporte à ma connaissance le moindre stockage de CO2, ce qui provoque d’ailleurs une grosse colère de Green Peace. Il était temps qu’ils se réveillent, ceux-là! A noter qu’ils ont mis une banderole sur une centrale Espagnole et une autre sur une centrale thaïlandaise. Mais de banderole sur une centrale Allemande, nenni! Courageux, mais pas téméraires!
    J’ai vu une proposition d’Alstom d’équiper une de ces centrales en oxycombustion avec stockage de CO2 en bouteille haute pression sous forme liquide! On pourra mettre ensuite les bouteilles à Gorleben peut-être s’il reste de la place?Et le gouvernement allemand n’ a pas à ma connaissance imposé le stockage. Il est vrai que comme vous le dites ce n’est pas une économie planifée!
    Maintenant, si vous avez des informations à ce sujet, tenez-nous au courant!

  4. Pour donner une idée du soutien populaire aux centrales à charbon, RWE a déjà du renoncer à construire une centrale à charbon à Ensdorf parce que les citoyens l’avaient rejeté à 70% lors d’un vote. Il n’y a qu’en France qu’il n’y pas d’opposition au charbon dans les autres pays.

    Le charbon en allemagne c’est juste un moyen pour le SPD de garder des électeurs à coup de subventions. La fermeture des mines de charbon est d’ores et déjà annoncée, à moins qu’en 2012 la situation en matière d’énergie justifie de les garder ouvertes. Donc dans les 4 prochaines années le lobby du charbon allemand a tout intérêt à favoriser les annonces de constructions futures de centrales à charbon.

    Au niveau de la séquestration du CO2, Vattenfall compte ouvrir une centrale pilote près de Berlin en 2008 (oxycombustion) et RWE compte sur l’utilisation de centrales à IGCC. Il me semble que l’union européenne demande à ce que toutes les centrales à charbon construites après 2010 soit capable de stocker du CO2 (sans pour autant le faire) avec une obligation pour 2020, mais je suis incapable de dire si c’est une obligation ou une recommendation.

    Ceci dit la séquestration de CO2 répond à un besoin politique et social mais certainement pas technique (aucun intérêt par rapport à l’énergie nucléaire) et avec l’expérience du lac Nylos, je me sens pas super confiant dans l’absence de danger lié à ce genre de stockage…). Si le SPD se trouve éjecté du pouvoir la relance du charbon en Allemagne, j’y compterais pas…

  5. @Tilleul, le ciel vous entende au sujet des centrales à charbon allemandes! Quant au stockage de CO2 il n’est pas techniquement très difficile. Il y a bien longtemps que le CO2 est utilisé par les pétroliers pour mieux récupérer certains gisements de pétrole, mais le stockage est très coûteux et il est loin d’être sûr que des volumes de stockage suffisants soient disponibles à distance raisonnable des lieux de production. Comme vous le dites, le charbon ne sera alors plus du tout compétitif avec le nucléaire. D’autre part la fiabilité de ces stockages est à démontrer. Mais les pays où le charbon est abondant et représente une très importante source d’énergie pour l’avenir à moyen terme ( Etats-Unis, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Australie, Indonésie, Colombie) continueront à miser sur le charbon et ne s’embarrasseront pas de coûteux stockages à moins d’une très forte pression internationale, pour des raisons de coût de l’énergie, d’énormité des investissements à réaliser pour changer de sources d’approvisionnement, mais aussi de sécurité énergétique car cette dernière est un élément essentiel de la souveraineté des Etats! On constate d’ailleurs actuellement la reprise en main des questions énergétiques au niveau des Etats, sous l’effet des inquiétudes liées à la raréfaction du pétrole, après plusieurs décades de « libéralisme ». L’Allemagne ayant l’intention de ne plus exploiter son charbon, en 2018 je crois, peut-être abandonnera-t-elle aussi les centrales à charbon. Mais rien n’est moins sûr, il est si facile de continuer avec du charbon Australien. Et quid de la Pologne et de l’Ukraine? En tous cas le choix de l’Allemagne sera déterminant pour qu’il existe enfin une politique énergétique européenne! Or il n’est pas clair actuellement!
    Quant à la géothermie comme pour toutes les autres énergies dites renouvelables ( la géothermie n’en faisant d’ailleurs pas partie, contrairement à sa réputation , dans les conditions actuelles de son exploitation), je considère comme très important d’évaluer correctement les flux , de manière à savoir le mieux possible sur quelles quantités nous pouvons concrètement compter! et puisque nous sommes en France, commençons par y faire un état des lieux aussi exact que possible, en tenant compte des flux maximals disponibles, des rendements nets pratiques de transformation,des limites technologiques actuelles et de leurs possibilités d’ évolution dans le temps. Ce travail a été relativement bien fait à l’échelle mondiale dans le cas du pétrole sous la pression de la nécessité, mais mal fait dans le cas du charbon car il n’y avait pas d’urgence. Pour les renouvelables ainsi que pour le nucléaire, il a été mal fait faute d’un minimum de sérénité dans le débat.
    Et ce travail devrait également être fait au niveau Européen, pays par pays!

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