Toujours y réfléchir à deux fois avant de manger du saumon. Dans le Washington Post, un reportage qui m’avait échappé —réapparu quinze jours plus tard, par les bienfaits de la syndication de contenus, dans les colonnes du Miami Herald— raconte les conséquences du boom de l’élevage du saumon dans les lac chiliens.
Voilà vingt ans que les premiers éleveurs se sont installés, séduits par la pureté des eaux de la région de Puerto Montt. Le reportage décrit l’état des fonds, recouverts d’aliment non consommé dans les cages à poissons. Le mélange granulé-fèces provoque la formation massive d’algues qui appauvrissent les eaux en oxygène, et perturbent les espèces de poissons endémiques (et les saumons élevés au passage). Ce problème concernerait déjà 20% des élevages, indique le Post.
La ville de Calbuco a vu sa population grimper de 50% en quinze ans; le tiers des emplois est lié à l’industrie du jeune saumon, dont la production a doublé depuis 1998 dans la région. A tort ou à raison, craignant une pollution, les habitants ne consomment plus de poisson cru. Les environnementalistes critiquent aussi l’usage massif d’antibiotiques (1). mais, souligne le Post, la prise de conscience des problèmes posés par l’élevage du saumon est réelle et le premier saumonier du Chili va transférer tous ses élevages de juvéniles dans des bassins à terre.
Plusieurs milliers de kilomètres au nord, la situation n’est pas brillante non plus dans les eaux canadiennes. Un papier paru dans la revue Science, le 14 décembre dernier, montre qu’un parasite qui se développe dans les élevages de saumon frappe durement les cousins sauvages du poisson. Selon les calculs des chercheurs, qui suivent les populations depuis 1970, le risque d’extinction des saumons sauvages dans la région est de 100%. la seule inconnue resterait le moment où cette extinction est avérée, probablement dans moins de dix ans. De fait, cette décimation proviendrait du contact entre les saumons juvéniles et un poux qui leur est fatal. D’ordinaire, ces petits poissons ne sont pas en contact avec les adultes, chez qui le parasite est inoffensif. Mais l’usage des rivières fréquentées par les adultes pour l’élevage des juvéniles provoque une surexposition fatale… Là encore, la solution serait de déplacer les élevages dans des bassins à terre…
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(1) A ce propos, une étude américaine toute récente montre que les éleveurs de poulets américains ont un risque 34 fois plus élevé que la population de porter des germes d’E. Coli résistants aux antibiotiques)
Rappelons d’ailleurs le guide de consommation responsable des produits de la mer que vient d’éditer le WWF. On le trouve ici :
http://www.pourunepechedurable.fr/
La solution est peut être aussi de limiter notre consommation de saumon, tout simplement, non?