Après les exercices d’autosatisfaction béats (voir Borloo dans les colonnes de Libé samedi), chacun a vite repris ses bonnes vieilles habitudes. La France est repartie dans le formidable surplace de son Grenéant, tandis que Sarkozy, qu’on aurait bien aimé voir mouiller sa chemise à Bali —plutôt que le caleçon de Borloo—, se faisait pixelliser en compagnie de Carla Bruni à Disneyland.
De son côté, Washington n’aura pas attendu pour faire connaître sa lecture du “plan d’action de Bali”. Le document évoque une «action nationale/internationale» pour lutter contre le réchauffement. Aux Etats-Unis, ce sera «national» a fait savoir la Maison-Blanche ce week-end, qui a ouvert son parapluie en demandant, une nouvelle fois, aux grands pays en développement d’agir de leur côté contre les émissions de gaz à effet de serre. Et souligné que ces pays, Chine et Inde en tête, devront prendre leur part, laissant entendre que les Etats-Unis n’accepteront pas de contraintes si ces pays n’acceptent pas d’exigences. Un discours d’autant plus inquiétant, finalement, que la primaire qui oppose Obama et Clinton chez les démocrates, les amis d’Al Gore, fait bien peu de cas de la planète…
Finalement, ce week-end aura tout de même suscité une réaction positive, même si la voix ne fait pas franchement autorité chez les grands de ce monde: le patron de l’agence internationale de l’énergie (AIE) est monté au créneau, pour rappeler qu’au rythme actuel, la quantité de gaz carbonique émise dans l’atmosphère grimperait de 27 milliards de tonnes par an à 42 milliards en 2030. «C’est un scénario dont nous ne pouvons pas accepter qu’il devienne réalité», a expliqué Nobuo Tanaka au Spiegel. Pour Tanaka, il ne faut rien attendre de la séquestration des gaz émis par les centrales à charbon, pétrole et gaz tant que la tonne de gaz carbonique ne sera pas valorisé au delà de 50 dollars. Aujourd’hui, elle ne vaut même pas la moitié, et le prix s’écroule régulièrement tant les quotas alloués par les Etats de l’UE à leurs entreprises sont généreux…
Je lisais ce week-end dans le JDD des augures qui croient savoir qu’une récession américaine provoquera une nette baisse du cours du pétrole en 2008. Il n’y a finalement qu’à espérer que la croissance chinoise soit capable de les faire mentir. Un retour du pétrole dans la sphère du «presque gratuit» serait un nouveau coup dur porté aux efforts d’économie et aux énergies renouvelables…
Au fait, ça pourrait monter bien plus que prévu: des travaux publiés ce week-end dans Nature Geoscience calculent, à partir de l’évolution des mers au cours du dernier âge interglaciaire, que le niveau pourrait grimper de 1,60 mètres d’ici la fin du siècle… Le double des estimations du scénario pessimiste de l’ONU. Borloo n’aura que l’embarars du choix pour se baigner…
• Voir aussi Bali, c’est fini… Mais pas les soldes.
Bonne nouvelle: l’Allemagne a programmé 48 GW de centrales à charbon supplémentaires pour faire face à l’augmentation prévue de sa consommation d’électricité d’ici 2030!!! Au moins Bush a le mérite de la franchise!Tandis que l’Allemagne prétend dans les discours officiels qu’elle va faire baisser ses émissions de CO2!
Nobuo Tanaka n’alerte pas que sur le gaz carbonique. Le site de l’Agence Internationale de l’Energie ( http://www.iea.org) est plein de communiqués de ce brave homme sur la tension qui s’installe sur les marchés pétroliers, faute de capacités de production excédentaires. Son prédécesseur, Claude Mandil, a fait également de même sur la fin de son mandat. Rappelons que cette tension est anticipée depuis de nombreuses années par l’Association for the Study of Peak Oil ( ASPO) ( http://www.peak.oil.net, http://www.dieoff.com, http://www.oilcrisis.com ) qui a déjà publié un article à ce sujet dans Scientific American en 1998! et qui s’est surtout à l’époque attiré des sarcasmes! J’ai indiqué sur ce site un lien ( Yves Mathieu+ pétrole par google) où l’on trouve un scénario de l’évolution de la production pétrolière très en accord avec les déclarations de ces messieurs!
Quant à l’élévation du niveau des eaux,bien plus élevée que prévu, il n’y a pas que Nature Geoscience à le prétendre, depuis qu’on s’est rendu compte que les glaces du Groënland s’écoulaient bien plus rapidement qu’on ne l’avait anticipé vers la mer. On observe également un début de saturation des eaux de surface des océans par le gaz carbonique, ce qui signifie si cela se confirme, une accélération prochaine de l’augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère ! On passerait donc d’une augmentation plus ou moins linéaire à une augmentation exponentielle!
Tout va très bien, madame la Marquise!
Je profite de ce déterrement…
J’étais en train de regarder combien de centrales au charbon en Allemagne allait être arrêté dans le même temps en 2030, ce sera quelque chose comme 60 GW de charbon en moins sur le réseau allemand parce que les centrales existantes seront arrivés en fin de vie et bonne pour la casse…Finalement si c’est 48GW qui était prévu c’est plutot une bonne nouvelle…
En même temps que je regardais la liste des projets d’ouverture de centrales au charbon qui était soit tombés à l’eau soit en sursis (Herne, Ensdorf, Bielefeld, Lünen, Mittelsbüren, Köln-Niehl) le hasard du websurfing m’a fait tombé sur une présentation de RWE, et là par contre c’est un peu plus inquiétant…
http://www.energymanagertraining.com/Presentations2008/Indo-GermanSymposium15-16May2008/15-05-08Presentations/I-RolandDubois.pdf
p7 slide de droite…
« Full auctioning poses a risk to the economic viability of coal-fired powerplants to be commissioned after 2012. »
Je sens que le lobbying va allez bon train dans les couloirs de Bruxelles…
J’adore aussi la conclusion :
« Even in case the shares of renewables and gas can significantlybe increased: Mankind can not do without coal! »
J’irais bien dire : si la demande fait qu’il est nécessaire d’avoir du charbon, alors c’est qu’il faut changer la demande…