Pendant le Nobel, les affaires continuent. A la lecture de l’édition du jour de l’édition électronique de Wired, on en sait un peu plus sur les motivations d’Al Gore à convaincre la planète de l’urgence climatique: le business. L’ex-vice-président américain, épinglé au début de l’année pour sa facture d’énergie record (1), poursuit ses investissements dans l’économie verte.
Wired raconte ainsi que Gore, comme d’autres, pensent que la Silicon Valley Californienne sera le berceau de la révolution verte. Il vient d’investir dans l’une des firmes vedettes de l’économie high tech, le fonds Kleiner, Perkins, Caulfield et Byers (KPCB). En échange, John Doerr, le fondateur de KPCB va entrer au board de Generation, la firme d’investissement «verte» de Gore. Le duo est aussi rejoint par le mythique Bill Joy, gourou du constructeur informatique Sun (2), reconverti dans l’activisme anti-biotech et anti-nanotech. KPCB devrait notamment investir dans les agrocarburants, et profitera de l’aura, de l’Oscar et du Nobel d’Al Gore.
Lors d’une conférence téléphonique, Gore a lancé un appel aux entrepreneurs de toute la planète, leur proposant de lui faire parvenir leurs idées et leurs business plan. Le Nobel de la Paix a fait dans le lyrique, annonçant que la révolution verte sera de plus grande ampleur que«la révolution industrielle. L’équivalent du Projet Manhattan, du programme Apollo et du Plan Marshall réunis». Sans renier son allégeance à la technologie toute puissante, Bill Joy n’a heureusement pas oublié de rappeler qu’il faudra d’abord commencer par freiner la soif d’hydrocarbures: «La solution la plus économique pour réduire la demande consiste à isoler. Ce n’est pas sexy, mais cela évite des dépenses énergétiques gigantesques.» Ce n’est pas Jean-Louis Borloo, nouveau porte-parole de l’industrie de la laine de verre et du double-vitrage depuis le Grenelle, qui le contredira. Et qui encaissera l’argent des futurs isolants high-tech si ses copains démocrates décrochent la Maison-Blanche l’an prochain et imposent un virage des Etats-Unis en direction de Kyoto?
Avec Gore, Doerr et Joy engagés dans la construction d’une Green Valley Siliconée (3), l’Europe n’a qu’à bien se tenir. L’Amérique écolofric montre ses biscotos. Il ne manque plus que Steve Jobs (Apple), trop occupé à promouvoir ses iPhone —réputés, selon Greenpeace, plein de produits bien peu verts— pour que le tableau soit complet. Quant à Bill Gates, en attendant de se faire détrôner par Gore de sa place de maître-du-monde-mais-grand-philantrope, il s’occupe du sida avec son copain Clinton. C’est déjà beaucoup. On cherche encore les richissimes européens qui en font autant.
Image. Une particule en lévitation optique. Gore, lui, entend bien faire léviter son portefeuille. © Denis Delbecq
(1) selon ses adversaires politiques du Tennessee Center for Policy, qui ont mis la main sur ses factures de 2005 et 2006, Gore dépense vingt fois plus d’énergie pour son domicile que la moyenne américaine, avec une facture annuelle de 30 000 dollars (près de 21000 euros).
(2) De mémoire, on lui doit notamment des travaux sur le système Unix et surtout le génialissime Java, une sorte de langage informatique universel qu’on trouve dans les logiciels pour internet et de nombreux téléphones mobiles.
(3) Je sais, rien à voir entre le silicium (silicon en anglais) et le silicone. C’était juste un bon mot. OK, je sors.
C’est une excellente nouvelle!
Avoir de tels entrepreneurs est indispensable pour la mise en place d’un monde à combustion raisonnée.
En même temps si ils peuvent amenés des fonds pour plus de recherches sur « tout ce qui est écolo » ce ne peut être que bénefique.
Oui c’est vrai on attend les « milliardaires » européens sur ce terrain (Anne, ma soeur Anne, ne voit tu rien venir??? 😉 )