Un manteau de fourrure pour sauver la biodiversité

Dans la série «les envahisseurs», je vous présente le possum de Nouvelle-Zélande. J’ai découvert son histoire dans un papier marrant du Guardian, qui dresse un inventaire à la Prévert de produits verts insolites. Et on y trouve la fourrure de possum néo-zélandais… De la fourrure? Il fallait en savoir plus.

Ne le dites pas à vos enfants: la déclinaison néo-zélandaise de la paire d’agités de l’Âge de glace (deuxième opus) doit être méthodiquement pourchassée. Même de grandes ONG comme le Fonds mondial de la nature (WWF) le reconnaissent, même si c’est très discret. Le gouvernement néo-zélandais essaie de susciter une véritable industrie de la fourrure de possum. Certains appellent même ça de l’«éco-fourrure»… Mais qu’a donc fait ce marsupial pour mériter ça, hormis agacer Manny, Sid et Diego dans leur exode face au réchauffement climatique?

En Nouvelle-zélande, le possum est un alien. Qui apprécie tout particulièrement le climat. Il avait été introduit en 1837, pour créer un business de… fourrure. Mais l’animal nocturne s’est un peu trop adapté: il y en aurait plus de 75 millions sur l’archipel, soit 279 au kilomètre carré ou encore 19 par habitant…

Le possum apprécie tout particulièrement le kiwi, enfin ses œufs, qu’il contribue à exterminer. Il détruit la végétation (21000 tonnes chaque nuit) et, de plus, constitue le principal réservoir de tuberculose animale en Nouvelle-Zélande. Il contamine en particulier les furets, qui transmettent ensuite la maladie au bétail. Et on ne lui connaît qu’un seul prédateur, l’automobiliste nocturne et pressé… Bref, la liste de ses méfaits est si longue que le gouvernement a mis en place des stratégies d’éradication qui ont pourtant échoué. Et pas moyen de mettre en place un pont aérien pour réexpédier les bestioles dans l’Australie de leurs ancêtres où ils sont protégés par la loi. C’est la dure réalité des îles.

Reste donc le business. Pensez-donc, on imagine une armée de mannequins posant dévêtues, le corps orné de fourrures, pour promouvoir cette «éco-fourrure». Pour la Nouvelle-Zélande, seul un engouement planétaire pour cette fourrure pourrait rendre la chasse au possum suffisamment juteuse pour que le marsupial soit exterminé. (Oscar Wilde s’y était adonné en Australie). Le stock sur pattes est tel que la Nouvelle-Zélande pourrait fabriquer deux millions de manteaux.

Evidemment, cette chasse n’est pas du goût de tout le monde. Et les extrémistes de la protection animale du PETA voudraient bien obtenir son interdiction, au profit d’une lutte contraceptive. Ils ne disent pas s’ils sont prêts à passer leurs nuits dans les forêts pour faire avaler la pilule au terrible alien!

L’industrie de la fourrure a mis sur pied un site internet (pas très sexy d’ailleurs) pour promouvoir les produits tirés du possum: vêtement, couvertures, fibres en vrac, peluches, et les australiens en ramènent à chaque voyage. Peut-être pourrait-ils emporter quelques bêtes vivantes, ce serait plus élégant, non?

Image: Un possum, victime de son seul prédateur en Nouvelle-Zélande. © DR

Un commentaire

  1. c’est absolument horrible la fourrure n’en portez jamais!!ne soutenez pas cette horrible industrie!!

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