Pas si simple d’être chasseur de baleines

battre, au harpon et au fusil, une baleine grise de neuf mètres de long, le capitaine Wayne Johnson en était fier. Cet indien de la tribu Makah voyait dans cette chasse le moyen de forcer le destin. Depuis les années vingt (à l’exception d’une campagne en 1999), la tribu Makah ne peut plus pratiquer son art ancestral, en vertu de la législation américaine, alors qu’elle dispose désormais d’une dérogation accordée par la Commission baleinière internationale, pour une vingtaine de baleines tous les cinq ans.

Mais l’initiative du capitaine Johnson n’a pas plu aux anciens, qui espéraient récupérer leur droit par la justice. Le Conseil tribal s’est réuni et a tranché. Certes cette prérogative est gravée dans le marbre du traité signé à Neah Bay en 1855 entre la tribu Makah et les Etats-Unis. La tribu dispose d’ailleurs d’une dérogation au moratoire décidé par la Commission baleinière internationale, et la baleine grise du nord Pacifique ne figure plus sur la liste des espèces menacées. Mais Johnson et ses acolytes auraient dû en référer au Conseil tribal. Ils seront donc poursuivis devant la justice. Ils risquent de la prison et vingt mille dollars d’amende, sans compter l’opprobre jetée par les organisations anti-chasse.

Le pire pour le capitaine redresseur de torts, c’est que la baleine a coulé à pic. Il n’a pu rentrer victorieux au port comme le faisaient ses ancêtres. Et si les travaux publiés aujourd’hui dans les annales de l’Académie américaine des sciences sont confirmés, les Makah ne sont pas près de retrouver leur tradition: une longue enquête génétique semble prouver que les baleines grises du nord Pacifique n’ont pas, contrairement à ce qu’on pensait, retrouvé leur population de jadis. Aujourd’hui, alors que 25 000 baleines croisent dans les eaux froides de l’océan, des signes de malnutrition apparaissent, considérés jusqu’alors comme un signe que la population aurait atteint le maximum de ce que l’écosystème peut supporter. Mais selon les chercheurs de Stanford, la raison en serait autre, sans doute climatique: en regardant les variations génétiques des baleines, ils en déduisent que la population a dû atteindre une fourchette de 76 000 à 118 000 specimen avant le début de la chasse commerciale. Elle aurait donc été retirée bien trop tôt de la liste des espèces menacées.

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