Cachez ce solaire que la France ne saurait voir

ans rire. L’Allemagne a donné les premiers coups de pioche de sa première centrale solaire thermique à tour. Pour ceux qui n’ont pas connu le four solaire d’Odeillo et feu la centrale française Themis, je rappelle que ces centrales sont formées d’un vaste champ de miroir qui suivent la trajectoire du soleil, et renvoient son image vers une chaudière placée en haut d’une tour. Le reste est une «banale» centrale thermique: la chaleur donne de la vapeur qui entraîne une turbine qui produit du courant…

Sans rire, donc, l’Allemagne aura sa centrale, installée à Jülich, là où se trouve l’un des fleurons de la recherche allemande sur les énergies renouvelables. Le site (16 hectares, pour 2 hectares de surface de miroirs) délivrera une puissance maxi de 1,5MW à l’aide d’une chaudière conçue par l’agence spatiale allemande (DLR), et livrera environ 1000 MWh chaque année sur le réseau électrique. Ce qui ne fait pas beaucoup par mètre carré occupé, dirons les sceptiques. Et ils ont raison: pas d’être sceptique, mais sur la densité de production par surface occupée.

Allez, détracteurs du solaire, riez un bon coup. Ensuite, vous grincerez des dents. L’air de rien, l’Allemagne met discrètement le paquet dans la conception des grandes centrales solaires thermiques, comme elle le fait dans les tous les systèmes solaires. Parce que, dans quelques années, ces usines seront rentables dans les pays de la ceinture tropicale. Et bien évidemment, les gouvernements se tourneront vers le leader qui sera sans doute Allemand.

A force d’avoir rigolé du vent et du soleil, nos hauts responsables grinceront aussi des dents. Le leader mondial, le précurseur, dans l’éolien, c’était la France, même si l’éolienne d’EDF de 1 MW de Saint-Rémy des Landes (Manche) n’a pas tenu le coup longtemps (sept mois), dans les années soixante. Le précurseur dans le solaire thermoélectrique, c’était la France. Mais le programme nucléaire a tant aspiré de fonds, qu’il n’est resté que des miettes pour les énergies renouvelables. Plus d’installations pilote (si, un petit projet depuis 2006 sur le site de Themis), plus de formation de haut niveau (la plupart ont fermé leurs portes à la fin des années 80, je le sais j’ai été l’un des derniers élèves de l’une d’entre elles)… Et du retard dans les décisions industrielles.

Résultat, nous regardons passer le train éolien, et ce sont les petits malins allemand, danois et espagnols qui vendent leurs moulins à vent dans le monde entier. Et ce seront les allemands et les espagnols (ils ont une centrale expérimentale de 11 MW à Almeria et construisent une centrale commerciale de 300 MW) qui iront peupler les déserts de miroirs… Allez monsieur Borloo, enfin une idée pour remettre la France dans la course?

2 commentaires

  1. Allez je vais en rajouter une couche…

    J’ai déjà eu une discussion avec une chercheuse dans une université allemande : elle était stupéfaite que la France soit aussi peu avancée dans le solaire alors que la qualité de la recherche française sur ce sujet est (était?) supérieure à la recherche allemande et qu’en plus on avait cette ressource en abondance…

    Histoire d’enfoncer le clou c’était une chercheuse qui à l’origine travaillait pour la recherche américain et qui avait accepté de changer de pays (avec la perte de rémunérations associées) parce qu’il était plus facile de travailler sur les EnR en Allemagne plutot qu’aux Etats Unis…

  2. Author

    Vous ne croyez pas si bien dire. S’il en avait été autrement pour le solaire en France à la fin des années quatre-vingts, je ne serai pas journaliste mais chercheur dans cette direction…

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