Même les barrages réchauffent la planète. Enfin, les ouvrages construits dans les pays chauds… Une nouvelle étude confirme que l’ensemble des barrages de la planète émettraient une centaine de millions de tonnes de méthane chaque année, soit plus que les rizières. Un gaz qui, à volume égal, réchauffe vingt fois plus l’atmosphère que le dioxyde de carbone: 100 Mtonnes de méthane, c’est donc l’équivalent de 2 milliards de tonnes de gaz carbonique, quatre fois ce qu’émet un pays comme la France… En gros, les barrages émettent autant, voire plus, de gaz réchauffeurs d’atmosphère que si on produisait l’électricité en brûlant du gaz naturel. Les récifs de corail n’ont pas fini de mourir…
J’avais déjà vu passer des travaux là-dessus il y a quelques années,
quand le CNRS se penchait sur le barrage de Petit-Saut en Guyane. Sur
cent ans, l’ouvrage crachera, avaient calculé les chercheurs, autant
qu’une centrale gaz de puissance équivalente. En gros, la végétation
noyée par les barrages tropicaux se décompose en recrachant beaucoup de
méthane. Pire, quand le niveau de l’eau baisse, la végétation repousse,
pompe du CO2, puis recrache du méthane, vingt fois plus rachauffant,
quand l’eau revient. Un phénomène d’autant plus marqué qu’il fait
chaud, et que la surface de la retenue d’eau est large.
Alors que faire? Arrêter de construire des barrages dans les pays
chauds? Pourquoi pas, et c’est le combat de nombreuses ONG. Non pas
pour défendre le climat, mais surtout pour éviter les déplacements
massifs de population et/ou la déforestation. Mais en même temps, les
pays du sud ont besoin d’électricité pour se développer, donc un arrêt
des projets hydroélectriques serait aussi un coup de frein au
développement humain… Compliqué.
Les chercheurs brésiliens, qui signent l’étude dont il est question
ici, proposent de récupérer le méthane (même molécule que le gaz
naturel, pour ceux qui ne le sauraient pas). On brûle ce méthane, on
récupère de l’électricité, et on divise par vingt les émissions à effet
de serre du barrage. Problème… Comment fait-on pour récupérer le gaz
émis par des lacs dont la surface est parfois de plusieurs milliers de
kilomètres carrés? Les brésiliens ont en tête une machine qui ira
pomper les eaux riches en méthane, et en extraire le gaz. Mais ça
consommera pas mal d’énergie… Bref, une fois de plus le serpent se mort
la queue et pendant ce temps, le radiateur atmosphérique fonctionne à
plein régime.
Bon, pour résumer l’actualité de la semaine, on en a pris pour cinq ans
de Sarkozy, on doit éviter les biocarburants, les barrages, ça laisse
plus de place aux moulins à vents et aux réacteurs atomiques. A moins
que… chacun fasse un (gros) effort pour réduire sa consommation! On va
encore m’accuser de militer pour le retour à la bougie.
Etant issu d une formation scientifique, je decouvre ce nouvel argument. Connais tu plus precisement le lien entre un barrage et l emission de methane??? Merci.
C’est très loin d’être nouveau comme question. Dans cet article comme d’autres que j’ai lu, on fait la fixette sur la nécessité qu’il y ait de la végétation engloutie lors de la création du barrage pour qu’il y ait émission de méthane ce qui est faux. Par définition, une eau stagnante aura tendance à s’eutrophiser par lessivage de ses bassins versants, par développement de cyanobactéries qui pompent l’azote atosphérique et en augmente ainsi la teneur de l’eau ce qui conduit au développement d’une biomasse qui finira par se décomposer en libérant du méthane dans ce milieu devenu anoxique. C’est ce qui se passe dans votre mare à grenouille lorsqu’elle commence à puer après un développement d’algues vertes. C’est pour cette raison que le calcul des émissions de méthane est hautement complexe. En exemple, lorsqu’on réduit la surface des zones humides d’eau douce, on diminue les émissions naturelles de ce puissant gaz à effet de serre (GES). Cela a bien sûr un impact non négligeable sur la biodiversité ces dernières habritant un nombre très important d’espèces dont certaines dépendent directement de ces écosystèmes. Si à côté de ça on développe de nombreuses retenues d’eau artificielle, on émet du méthane d’origine anthropique dans des quantités inférieures ou supérieures à celle de la zone humide disparue. Pas si simple quoi. Idem quand on parle des émissions de l’élevage. Si on remplace des ruminants comme des bisons par des vaches, qui peut affirmer si le bilan en matière de GES est positif ou négatif?
Dernières précisions en ce qui concerne les barrages, il ne faut pas nécessairement qu’il soit situés dans des pays chauds pour libérer du méthane bien que dans ce cas les émissions seront plus importantes.
En gros, la fermentation en absence d’oxygène produit du méthane. C’est un phénomène qu’on observe aussi dans les décharges, dont certaines sont équipées de récupérateurs de gaz, et dans les installations de fermentation de déchets.
Bonjour,
Je souhaiterais avoir un lien (ou les références) de l’étude brésilienne citée.
Merci.
Pierre Ozer
Bonjour,
je souhaiterai avoir un lien vers des sites ou je pourrai trouver des renseignement précis, des chiffres sur cet effets dans le cadre de mes TPE de 1er S SVT.
si tout personne peut me renseigner, merci de bien vouloir m’envoyer un e-mail à mxrob10@hotmail.fr ou laisse un commentaire en réponse.
merci d’avance.
Robin ROUMAT