Est-ce l’effet de la grisaille automnale sur l’humeur du blogueur? Toujours est-il qu’on se gardera de crier victoire, pour la planète, en tous cas, le 4 novembre. D’abord parce que personne n’est à l’abri d’une surprise (rappelez-vous en 2000) sur l’issue du scrutin américain. Le fils spirituel de Bush, l’inoxydable McCain n’est pas battu, et peut encore bouter Obama hors de la Maison-Blanche. Et surtout, parce qu’il y a fort à parier que, Obama ou pas, l’Amérique n’est pas prête de changer.
Quel qu’il soit, le futur président américain devra composer avec ceux qui l’ont financé. Quel qu’il soit, il devra composer avec la nécessité vitale pour le pays de poursuivre sa domination du monde. Une domination qui ne souffre pas le moindre obstacle. C’est au nom d’une menace pour le leadership américain que l’administration Reagan a commencé à contester la réalité du réchauffement climatique. Si l’écologie doit progresser dans les foulées du futur hôte de la Maison-Blanche, c’est d’abord parce que certains y voient le réservoir d’une nouvelle croissance. Et le n-ième avatar des chantres du toujours plus.
Toutes les discussions de ces derniers jours dans ces colonnes entre ceux qui ont un EPR à la place du cœur, et d’autres, aveuglés par la beauté du spectacle d’éoliennes tournant dans le soleil couchant, confirment que la raison est ailleurs. Dans un profond changement de comportement. Un frein à la course aux gadgets — je lisais ce soir un article qui s’alarmait des conséquences pour l’environnement de la soif d’écrans plats qui pousse vers les décharges du Sud les tubes cathodiques chargés de métaux lourds—, une prise de conscience des petits gestes qui font la différence. Une révolution permanente.
Au risque de passer pour un idéaliste, ce ne sont ni Obama, ni le pantin de l’Elysée —le lider maximo verde— ni les écologistes en mal de pub, qui pourront faire quoi que ce soit pour éviter le mur vers lequel nous avançons à la vitesse d’un TGV. Soif de métaux, soif de pétrole, soif de tout, chaque pauvre du Sud qui gagne enfin sa vie —en fabriquant bien souvent des objets de désir pour le Nord— cherche à copier le modèle de société jetable qu’on lui montre en exemple depuis des décennies. Bien sûr qu’une victoire d’Obama aurait du sens, d’abord pour les millions d’américains laissés pour compte de l’ère Bush. Mais elle ne changera ni le quotidien des millions d’affamés du Sud, ni celui des pauvres-de-pays-riches qui souffrent dans nos contrées.
Le terme durable est galvaudé. L’éolien n’est pas plus durable que le nucléaire tant qu’il s’agit de produire plus pour consommer plus sans se poser de questions sur le pourquoi de cette course en avant.
Je suis comme tout le monde. Je consomme. Je possède même une paire de gadgets. Personne n’est parfait, surtout pas moi. Un appareil photo qui, numérique oblige, donne bonne conscience parce qu’il évite la foule de produits chimiques qui finissait dans les WC quand l’agrandisseur était encore en service. Et qui illustre quelque peu ces austères propos. Un téléphone dernier-cri, parce que son prédécesseur a rendu l’âme au bout de quatre ans, mais bon, dernier-cri quand même. Un chauffage optimisé —à la main— au quotidien, désolé les enfants pour la petite laine que je nous impose.
Je reste donc un cochon de consommateur, un indécrottable pollueur. Et la victoire d’Obama tant espérée par la planète médiatique n’y changera rien. Tant que je n’aurai pas changé, tant que vous n’aurez pas changé, il ne se passera rien. Qu’est-ce qu’on attend?
Je suis hélas entièrement d’accord. Oabama n’a pas trop insisté sur le nucléaire, mais beaucoup sur la technologie du « charbon propre » et les agrocarburants, signe qu’il y a encore du boulot. Mais ce qui était nié ne l’est plus, on va donc dire qu’il y a du progrès !
Ca ne va rien changer écologiquement, c’est un fait. Mais on peut espérer qu’un changement sociétal induise une évolutiion… c’est le petit espoir du moment, voir Obama gagner… et ensuite. Ensuite, viendra le temps ou si ce président n’applique pas les questions sur lesquelles on l’attend, il sera soumis à la critique et au désaveu (c’est un peu le cas avec le mari de Carla Bruni en France).
Je ne sais pas si on aura réussi étourner le TGV assez vite. mais les phénomènes sociaux, c’est comme les phénomènes physiques : c’est pas linéaire ! Ca peut basculer d’un coup.
Ca va quand même grandement aider d’avoir aux USA le président du green deal qui a régulièrement voté en faveur d’un air pur et d’une eau propre que « drill, baby, drill ! » qui était sur une pente très descendante en matière de vote écolo (Sarah Palin par contre a toujours été constante dans ses choix : http://exiledonline.com/sarah-palins-big-sleazy-safari/ )… Au moins on aura moins l’impression que les efforts individuels sont plantés par les décisions collectives.
Sur l’énergie Obama est sur la même longueur d’onde que Al Gore, y compris sur le nucléaire : avant de penser à étendre les capacités nucléaires il faut d’abord trouver une solution aux problèmes de prolifération, de stockage des déchets et de sécurité.
Par rapport au charbon, Obama a flip flopé sur la mise en place de subvention au carburant CTL (coal to liquid) en appuyant le projet puis en le torpillant, donc je ne sais pas trop ceci dit ses votes au congrés sont au dessus de la moyenne.
Le dernier coup de bluff des républicains a été de sortir une phrase hors du contexte de l’interview qui l’accusait de vouloir mener à la banqueroute l’industrie du charbon américaine, je mets le texte en entier puisque c’est un bon résumé…
« »I voted against the Clear Skies Bill. In fact, I was the deciding vote. Despite the fact that I’m a coal state. And that half my state thought that I had thoroughly betrayed them. Because I think clean air is critical and global warming is critical. But this notion of no coal, I think, is an illusion. Because the fact of the matter is is that right now we are getting a lot of our energy from coal. And China is building a coal-powered plant once a week. So what we have to do then is figure out how can we use coal without emitting greenhouse gases and carbon. And how can we sequester that carbon and capture it. If we can’t, then we’re gonna still be working on alternatives.
« But…let me sort of describe my overall policy. What I’ve said is that we would put a cap and trade policy in place that is as aggressive if not more aggressive than anyone out there. I was the first call for 100% auction on the cap and trade system. Which means that every unit of carbon or greenhouse gases that was emitted would be charged to the polluter. That will create a market in which whatever technologies are out there that are being presented, whatever power plants are being built, they would have to meet the rigors of that market. And the ratcheted down caps that are imposed every year. So if somebody wants to build a coal-powered plant, they can. It’s just that it will bankrupt them because they’re going to be charged a huge sum for all that greenhouse gas that’s being emitted. That will also generate billions of dollars that we can invest in solar, wind, biodiesel, and other alternative energy approaches. The only thing that I’ve said with respect to coal–I haven’t been some coal booster. What I have said is that for us to take coal off the table as a ideological matter, as opposed to saying if technology allows us to use coal in a clean way, we should pursue it. That I think is the right approach. The same with respect to nuclear. Right now, we don’t know how to store nuclear waste wisely and we don’t know how to deal with some of the safety issues that remain. And so it’s wildly expensive to pursue nuclear energy. But I tell you what, if we could figure out how to store it safely, then I think most of us would say that might be a pretty good deal. The point is, if we set rigorous standards for the allowable emissions, then we can allow the market to determine and technology and entrepreneurs to pursue, what the best approach is to take, as opposed to us saying at the outset, here are the winners that we’re picking and maybe we pick wrong and maybe we pick right. »
Le programme énergétique est là : http://www.barackobama.com/pdf/factsheet_energy_speech_080308.pdf , à noter qu’en France ce serait présenter comme un programme réactionnaire et utopiste que personne n’oserait présenter de peur de se faire traiter de khmer verts à la solde du lobby germano-danous voulant ruiner l’économie française et saccager les paysages chantés par Trénet…
Les 10 problèmes de pollution les plus critiques selon la green cross et le blacksmith institute sont celles ci :
Artisanal Gold Mining
Contaminated Surface Water
Groundwater Contamination
Indoor Air Pollution
Industrial Mining Activities
Metals Smelters and Processing
Radioactive Waste and Uranium Mines
Untreated Sewage
Urban Air Quality
Used Lead Acid Battery Recycling
http://www.worstpolluted.org/
Tout ne sera pas réglé seulement avec l’abandon de la société de consommation dans les pays du Nord… On est plus au temps où il faut éviter de salir la Terre, maintenant on est obligé de la nettoyer et ça ne peut pas se faire seulement au niveau individuel (de toute façon s’est toujours en conjugant efforts individuels et collectifs que l’humanité s’est développée). Il est d’ailleurs logique que ceux qui ont contribué le plus au déséquilibre du climat (les pays développés qui ont plusieurs dizaines d’années d’avance sur la Chine en terme d’émissions trop grande), soit ceux qui se chargent de financer les recherches dans les moyens de développement propre.