Ça doit être agaçant de voir qu’un petit malin détourne un outil qu’on a créé pour le détourner de son usage. C’est ce que raconte David Archer, de l’université de Chicago, sur le blog Real Climate dédié aux discussions scientifiques sur la question du climat.
Archer raconte donc qu’un négationniste du climat a utilisé un modèle auquel il a contribué, avec de «mauvais paramètres», qui lui font conclure que le réchauffement lié aux gaz à effet de serre est beaucoup plus faible que le consensus scientifique en vigueur. Compte-tenu de la faiblesse prévue de l’activité solaire, la température de l’atmosphère devrait par conséquent baisser de un à deux degrés d’ici à 2030.
Ce prophète du froid est David Archibald. Cet australien (décidément, un pays où beaucoup marchent dans les pas de Bush) dépense beaucoup d’énergie pour montrer que la clé du climat actuel reste dans le niveau d’activité solaire, et non dans les gaz à effet de serre émis par les sociétés humaines. Pourtant, un long article publié récemment que j’avais brièvement évoqué tord le cou à cette idée: certes, jusque dans les années cinquante, la quantité —variable— d’énergie qui nous est envoyée du soleil pesait lourd dans la variabilité du climat terrestre. Mais depuis, l’effet serre d’origine humaine a nettement pris le dessus, et son ampleur serait même masquée par une moindre activité solaire.
Bref, Archibald «démontre» dans son papier, que le climat est d’autant plus sensible à une augmentation de la concentration en gaz carbonique qu’elle est faible (une évidence que tout chercheur ayant étudié les grands principes qui gouvernent le climat a constaté dès son entrée en science). Pour Archibald, que comme la teneur en gaz carbonique est élevée de nos jours, tout surplus ne changera pas grand chose au climat terrestre. Il estime qu’un doublement du CO2 n’augmentera la température moyenne de l’atmosphère que de 0,4°C quand le curseur défini par le panel de scientifiques de l’ONU (GIEC), jugé conservateur par des voix de plus en plus nombreuses et compétentes, s’est arrêté sur une valeur de 1,5°C… Tout ça couplé avec la baisse d’activité solaire donne pour Archibald une prévision… de refroidissement d’ici 2020.
Visiblement, ces calculs ne font pas délirer les foules. Certains esprits cartésiens font remarquer qu’ils n’ont pas été publié dans une revue sérieuse, ce qui semble irréfutable. D’autres vont plus loin, au point de qualifier l’un des derniers articles d’Archibald de «Pire publication sur le climat de tous les temps» (Ce décryptage, bien qu’il remontre à février, reste d’actualité).
Bref, dans la communauté scientifique, les débats sont d’autant plus vifs que le négationnisme connaît depuis quelques mois un sursaut pénible, poussé par les dirigeants de grands pays. Non que la remise en cause des consensus soit mauvaise en soi, c’est même un des fondements de la science, mais parce que la mauvaise foi s’immisce partout, même dans des discussions qui devraient rester —chez les scientifiques au moins— dépassionnées.
Image © DDq 2007