Comment gérer l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur les ménages les plus modestes? La question devrait figurer au cœur de la prochaine campagne électorale, du moins on peut l’espérer. Une enquête publiée par l’Insee révèle que 3,5 millions de ménages français affirmaient, en 2006, avoir souffert du froid au cours de l’hiver précédent.
L’an dernier, lors de la Conférence européenne des villes durables de Dunkerque, j’avais donné une conférence de prospective énergétique devant des responsables de collectivités locales (1). La séance de questions s’était totalement focalisée sur la question de la précarité énergétique, une question qui désempare les collectivités locales, impuissantes à adoucir l’impact de la flambée des prix de l’énergie. Rarement évoqué, le sujet risque de sauter à la figure des politiciens l’hiver prochain, alors que le prix du pétrole atteint des sommets et que le prix du gaz a flambé en France ces dernières années: +21% en un an, et +60% depuis 2005. Sans compter qu’il se profile une nette augmentation des prix de l’électricité qui pourrait atteindre 30% d’ici 2015.
Selon l’enquête de l’Insee, 3,8 millions de foyers, soit 14,4% des ménages français, affichaient en 2006 un taux d’effort énergétique supérieur à 10% (2). Un taux qui a probablement grimpé depuis, vu la hausse des prix de l’énergie, l’augmentation du chômage et les faibles augmentations de salaire qui sont intervenues. 21% des ménages auraient limité leur consommation de chauffage en raison de son coût. Le taux d’effort énergétique est de 9,3% en moyenne pour les ménages modestes, quand il est de seulement 2,7% pour les plus aisés, selon l’Insee. Ils sont plus du quart des plus de 65 ans à souffrir du froid, et même 19,5% des propriétaires. Logiquement, ce sont surtout les occupants de logements construits entre 1948 et 1975 qui se plaignent plus du froid.
En parcourant cette longue litanie de chiffres, il y a une donnée qui ne passe pas inaperçue: alors que 33% des ménages français se chauffent à l’électricité, 48% des personnes en inconfort thermique pour des raisons financières se chauffent de cette manière.
En janvier 2010, le gouvernement a lancé un plan national de lutte contre la précarité énergétique. Au total 1,25 milliards d’euros devaient être consacrés, notamment pour réhabiliter les logements de 300 000 propriétaires. En mars dernier, le gouvernement a installé un Observatoire de la précarité énergétique. Rappelons également qu’il existe un Médiateur national de l’énergie, chargé d’appuyer les consommateurs dans leurs démêlés avec les fournisseurs d’énergie.
(1) Dans le cadre du Centre national de la fonction publique territoriale, l’organisme public qui gère la formation continue des personnels des collectivités locales.
(2) Dépenses d’énergie rapportées aux ressources du ménage (chauffage, éclairage, eau chaude sanitaire et électroménager).
Source: Enviro2B du 19 mai 2011.
Grâce à cet observatoire, on va pouvoir compter avec précision le nombre de pauvres qui crèvent de froid.
On peut espérer que 2012 nous amène un gouvernement qui s’occupe de ses citoyens avant leur congélation.