Il y a deux ans et demi, je vous avais raconté les mésaventures de Terminator, qui s’était révélé incapable de combattre la pollution des navire sur les côtes Californiennes, la justice lui interdisant de légiférer. Cette fois, le vent s’apprête à tourner. A Londres, au cours de la session qui s’ouvre cette semaine, l’Organisation maritime internationale devrait adopter le principe d’une zone de contrôle des émissions, qui fixera des normes plus sévères dans un rayon de deux cent milles marins (1) autour des côtes des Etats-Unis et du Canada. L’usage dans cette zone de carburants contenant plus de 0,1% de soufre (contre 2,5% à 4,5% dans les combustibles de navire les plus courants) sera interdit.
Contrairement aux véhicules terrestres et aux avions, les navires brûlent un carburant de très mauvaise qualité, lourdement émetteur de soufre et de fines particules de carbone. En octobre 2007, le principal syndicat d’armateurs, Intertanko, avait publié une étude qui montrait l’ampleur des émissions par la flotte de commerce, autant en terme de polluants que de gaz à effet de serre. Depuis le 1er janvier, les navires à quai dans un port de L’Union européenne ne peuvent brûler que des carburants à moins de 0,1% de soufre. En mer, ils font ce qu’ils veulent! Selon Intertanko, Bruxelles aurait néanmoins recommandé aux pays de l’UE de tenir compte des progrès réalisés par les compagnies, lorsque l’un de leurs navires est contrôlé « positif » au soufre.
Selon Reuters, la fronde contre ces nouvelles réglementations en discussion à l’OMI est conduite par les armateurs de croisière. Le changement de carburant leur imposerait une hausse de 40% du prix du carburant pour leurs paquebots, selon un responsable du CLIA, le principal américain d’armateurs de croisière. Une profession qui a été sécouée par la crise ces deux dernières années, et qui tentait de retrouver le sourire la semaine dernière lors de la foire annuelle, la «Cruise Shipping Miami». Maigre consolation, les professionnels ont arraché du gouverneur de l’Alaska la promesse d’une baisse de 25% de la taxe de séjour que leur avait imposé l’Etat, qui devra encore être approuvée par les élus.
Pour les croisiéristes, la limite des «deux cent nautiques» qui sera très vraisemblablement adoptée à Londres cette semaine autour de l’Amérique du Nord est arbitraire et les problèmes de pollution ne concerneraient que quelques villes portuaires du continent. Pour les Etats-Unis, en revanche, ce seraient plusieurs milliers de décès liés à cette pollution qui pourraient être évités chaque année. Selon un règlement adopté à l’OMI, à partir de 2020, les carburants utilisés en mer ne pourront plus contenir plus de 0,5% de soufre.
(1) Environ 360 kilomètres.
Que risquent ces armateurs? Si l’amende ne dépasse pas le surcoût, ce sera une mesurette (de plus) pour rien (si, pour les sondages).
Il manque à cet article également une analyse de l’impact de cette mesure sur les flottes non nord américaines pour l’approvisionnement d’un des marchés les plus importants de la planète … Protectionnisme …. ?
Déjà qu’on fasse comme aux USA en demandant une obligation d’assurance à tous les navires qui passent sur nos côtes ce qui rendrait hors de prix les poubelles flottantes, ce serait déjà ça de pris…