So long, Marie-Do…

© Denis DelbecqIl y a des histoires de vies qui ne supportent pas la mort. Marie-Dominique Arrighi s’est envolée. Marie-Do. Vous ne la connaissez sans doute pas, tellement elle était discrète. C’était pourtant une figure de Libé, inconnue, toujours dans l’ombre, et toujours là pour les autres. Et depuis des années, elle se battait contre le crabe, la crabistouille (1) qui la rongeait de l’intérieur. Cela ne l’avait pas empêchée, entre deux séances de chimio, de nous soutenir, nous les Vittorio de Filippis, Muriel Gremillet, Denis Delbecq et autres —nous étions treize—, quand à l’été 2006 nous rêvions de bouter Edouard de Rostschild hors de Libé, après qu’il eût viré Serge July.

Marie-Do, c’était l’amour des autres, avec un grand  A (2). Le genre d’humain qu’on rencontre rarement dans sa vie. C’est elle qui passait ses nuits à organiser d’étranges tombolas pour financer l’appui associatif à Florence Aubenas, otage en Irak. Motivant chacun d’entre nous pour donner ce qu’il pourrait, poussant les photographes à offrir à «la cause» des tirages de leurs images.

Marie-Do, c’est aussi la seule qui m’a dit au revoir quand j’ai du rendre mon tablier comme un malpropre après sept années passées dans la boutique Libération. La première —et presque la seule— qui m’a rappelé après, même si depuis, je ne suivais ses nouvelles qu’au travers de son blog, et réciproquement. Son «K2» a fini par la rattraper.

Il y a un mois jour pour jour, elle avait écrit un microscopique billet avec la main de Pierre Marcelle. Son dernier. Microscopique, nanoscopique même, mais qui en disait tant. «Je suis au premier étage d’une unité de soins palliatifs, mais je ne suis pas encore morte. Et tenais à vous le dire, haut et fort.». T’est pas morte Marie-Do. Tu pleures sans doute, je pleure. Il y a des histoires de vies qui ne supportent pas la mort. Surtout la tienne. Je t’embrasse.

(1) Pas de faute de frappe dans ce mot.
(2) L’hommage que lui rend Pierre Marcelle est ce soir publié en mode payant. Je hais le business incapable d’humanité.

3 commentaires

  1. « Ne demande jamais pour qui sonne le glas. Il sonne pour toi… »
    John DONE

  2. AMireille Mthieu, ‘t’es l’amor!

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