A chacun sa bible, Effets de Terre a trouvé la sienne

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Il y a trois semaines, une étudiante qui s’est passionnée pour les questions d’environnement, d’énergie et de climat m’a posé une difficile question: «Je suis une bille, et je voudrais me cultiver dans ces domaines. Que dois-je lire?» Bien évidemment, il y a plein de choses à lire, de quoi remplir des bibliothèques entières… Oui, mais s’il fallait un seul ouvrage, du genre de celui qu’on emmène sur une île déserte, hein?

C’est là qu’un éditeur m’a sauvé la face. Parce que j’avais, pas encore déballé, un épais livre qui m’avait été adressé quelques semaines plus tôt. Alors j’ai ouvert le carton, et je m’y suis plongé. Sept cent pages grand format, richement illustrées, un poids à déformer la sacoche. Et je me suis brutalement retrouvé dans la peau d’un étudiant. «Environnement» est en effet un cours, rédigé depuis 1995 par Peter Raven, Linda Berg et David Hassenzahl (1). Cette sixième édition est, pour la première fois, traduite en français.

Peter Raven est l’un des plus important botaniste et spécialiste de la biodiversité au monde, qui a dirigé pendant trente ans le Jardin botanique du Missouri. Linda Berg est biologiste, et auteur de nombreux manuels éducatifs et pédagogiques. David Hassenzahl est un spécialiste de l’analyse des risques à l’Université du Nevada.

© DR
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Peu importe d’ailleurs le pedigree des auteurs, comme celui des traducteurs qui, c’est important de le noter, ont consacré du temps à donner un éclairage français sur de nombreux sujets (un exemple, la loi Bataille et les lois de 2006 sur le stockage des déchets nucléaires). C’est le fond qui importe. Et pour être complet, c’est complet. On y apprend -ou redécouvre- la finesse des notions sur les écosystèmes, la démographie, l’énergie, la toxicologie, les ressources, la pollution, les déchets, le climat, etc. C’est clair, agrémenté de schémas constructifs, et —en annexe— d’un rapide cours de chimie, de données de base sur la représentation graphique et d’une introduction à la modélisation. L’ensemble ne demande pas un niveau scientifique trop élevé

La prouesse, c’est sans doute d’avoir condensé cette masse inouïe de connaissance en oubliant le parti-pris. Scientifiques, les auteurs présentent des faits, mais aussi les incertitudes qui leur sont associées et, parfois les controverses qu’ils suscitent. Cela agacera sans doute les militants antinucléaires, les anti-OGM et les négateurs du rôle humain dans le réchauffement climatique. Peu importe. Ici, il s’agit de donner un large panorama de ce que la science peut dire, à la date où l’ouvrage est publié. Et c’est bien là que le bât blesse, car il faudra souvent se mettre à jour. C’est bien pour cela qu’Environnement en est à sa sixième édition en quinze ans.

Reste un gros reproche que j’adresserai l’éditeur belge De Boeck. Cet ouvrage est cher, comme tous les ouvrages universitaires. Mais c’est aussi un ouvrage de référence. Et un ouvrage de référence, ça se consulte souvent, ça doit être du solide. Alors pourquoi n’avoir pas proposé une édition plus solide, avec reliure à toute épreuve et couverture épaisse. Là, ça la reliure brochée fait un peu cheap, et on risque de l’user très prématurément.

Mais il reste que cet ouvrage est d’importance. On pourrait le mettre dans le paquetage de tout ministre, maire, député, à côté de l’écharpe tricolore. Ça permettrait d’élever le niveau de connaissances environnementales de nos élites politiques. Et les acteurs de la grande farce de l’automne 2007 comprendraient pourquoi le mot Grenelle ne figure pas dans l’index. En attendant, Environnement restera à portée de ma main. J’en ai déjà appris beaucoup depuis trois semaines, et je poursuis ma lecture.

(1) Environnement (6e édition), traduit de l’anglais par Marie-Pascale Colace, Anne Hancock et Guy Lemperiere, Ed. de Boeck, 692 pages, 75 euros

5 commentaires

  1. Sauvez un arbre et 70 euros: la version anglaise usagée se vend 10$ sur amazon.

    1. bonsoir,

      Il est cher, mais la version américaine n’est pas donnée non plus. Pas 10 $ en neuf !! Mais 91 $, soit 63,5 euros. Un écart pas si important que cela tout de même (et la version est broché, comme la française !!
      Bonne lecture


  2. Merci. Je m’en vais de ce pas le suggérer comme achat à la bibliothèque municipale, pour qu’un maximum de personnes en profite. Cela me permettra peut-être à l’avenir de commenter d’autres sujets que ceux liés à l’énergie et au climat.
    Bon réveillon Denis, vous avez carte blanche pour manger de la viande rouge pour une fois.

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