Le thon, c’était bon…

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

«Le steak de la mer», «Le thon, c’est bon». Ça fait longtemps qu’on ne voit plus passer ces slogans et les spots qui vont avec. Parce qu’évidemment, pour peu qu’on s’intéresse une seconde à l’état des ressources de nos océans, difficile d’échapper à la tragique histoire du thon rouge. Tragique, à moins que la Commission de Bruxelles n’emporte le morceau, elle qui a proposé cette semaine de classer le thon rouge à l’annexe I de la Convention sur le commerce des espèces. Qui n’interdit pas de les chasser, mais en prohibe tout commerce, ce qui à quelque braconnier près, revient au même.

Il faut que je vous avoue une chose. Il n’y a pas très longtemps, j’ai consenti à une levée discrète et toute temporaire du moratoire que je me suis infligé sur la consommation de cette chair délicieuse. Le genre de dîner où il serait malvenu de la ramener. Et tout honteux de ma couardise, je me suis donc régalé (côté recettes de poisson je m’y connais). Mais cela ne change rien au problème. Si on n’oublie pas le thon rouge, nos enfants, ou nos petits-enfants, ne connaîtront son existence que dans les livres.

Le thon rouge, il faut donc l’oublier. Du moins avant qu’il ne rejoigne la morue de Terre-Neuve au rang des disparus. Les quotas de pêche, on connaît. Certains les respectent, beaucoup font comme s’ils n’existaient pas. Le petit Nicolas, notre célèbre leader maximo verde, avait décidé de suivre cette recommandation, avant de reculer et d’opter pour une extraordinaire innovation, la mise en place de quotas de pêche, un machin presque antédiluvien.
Il faut aussi cesser l’élevage de ce bifteck. Car pour élever l’animal, il faut pêcher les juvéniles. Et pêcher beaucoup aussi pour nourrir ce ventre sur nageoires à coup de farines qui exterminent la vie océanique.

Au risque de passer pour un chieur, et malgré mes (pas assez rares) contradictions, n’hésitez pas à emmerder votre producteur de sushi. Et à refuser tout plat contenant du thon rouge. «Il a été pêché, autant le bouffer», m’a dit un proche pas plus tard que ce soir dans un restaurant japonais. Alors gâchons-le. Si tous les mangeurs de sushi laissaient cette viande dans leur assiette, notre animal aurait peut-être une chance de s’en tirer. «Le thon, c’était bon». Je préfère me dire ça aujourd’hui pour que mon boutchou puisse enlever l’imparfait quand il parlera à ses minots.

3 commentaires

  1. Copie de mon post ailleurs ou finalement il avait moins sa place (mais c’est de la faute d’Abitbol) :
    Ça me fait penser à la réponse du serveur au resto quand vous lui parlez de l’état des stocks de thon rouge (ou d’un autre) qu’il propose sur sa carte. Sa réponse : « Ah ben oui justement mon p’tit monsieur il faut se dépêcher d’en manger avant qu’il n’y en ai plus !» . C’est beau la vision à long terme…

  2. http://www.seashepherd.fr/News/090701_news_01.html

    Pour tout les petits eco-warrior du monde le capitaine Watson veut lancer une campagne contre la pêche au thon rouge en méditerranée…

    « Les quotas de l’Union européenne sont ignorés. Les règlements sont bafoués. Le thon rouge est sorti clandestinement d’Europe comme un médicament coûteux. Du braconnier aux acheteurs pour les consommateurs, le trafic de thon rouge est une entreprise criminelle d’un milliard de dollars.

    La pêche au thon est gérée par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique basée à Madrid. Il s’agit d’un organisme corrompu dont le seul intérêt est de protéger les investissements de l’industrie de la pêche dans ses 45 pays membres. Ils ignorent les avis de leurs propres scientifiques et ont établi des quotas deux fois plus élevés que ceux recommandés par les scientifiques de l’industrie.

    La Turquie exige des quotas plus élevés et les braconniers de diverses nations ignorent purement et simplement les quotas.

    « Donnez-moi un navire et les ressources nécessaires pour intervenir», a déclaré le capitaine Watson, « et je patrouillerai en Méditerranée dans une campagne visant à détruire tous les filets de chaque bateau de pêche exploités illégalement que nous pourrons trouver. Nous devons être fermes sur ces braconniers avant de perdre le thon rouge pour toujours. « 

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