La plante miracle ne tiendrait pas ses promesses

Le jatropha, vous connaissez? Cette plante est présentée par certaines comme miraculeuse: elle pousse avec peu d’eau, accepte des sols de mauvaise qualité, et ses fruits sont riches d’une huile transformable en agrodiesel. Bref, elle pousse toute seule, n’entre pas en compétition avec les surfaces à vocation alimentaire, et permet aux pays pauvres en pétrole de se fournir à moindre frais.

On dira encore que les écologistes sont des peine-à-jouir. Mais c’est justement parce qu’ils sont grincheux qu’ils évitent à nos sociétés de s’emballer un peu vite (parfois ce sont eux qui s’emballent pour d’obscures raisons, mais ce n’est pas le sujet). Bref, tous ça pour dire que les Amis de la Terre, Friends of the Earth International, se sont fendus d’une enquête sur les promesses du jatropha. Au Swaziland, plus précisément, où une firme britannique, D1 Oils, associée au pétrolier BP, a mis le paquet en plantant 20 000 hectares de l’arbuste.

A lire le document des Amis de la Terre, il y a beaucoup de fantasmes dans cette affaire. Et de dollars sans doute. Car si le jatropha peut pousser sur des terres pauvres et relativement arides, c’est au prix de mauvais rendements, comme le montrent des études conduites en Inde, avec des rendements de 3 à 10 fois plus faibles que les affirmations de D1 Oil.

Sans compter que la première récolte n’intervient qu’au bout de trois ans… et les premières recettes aussi. De plus, l’ONG a relevé qu’attirés par les promesses de bonne fortune de l’industriel, certains agriculteurs du Swaziland n’ont pas hésité à convertir des cultures alimentaires en plantations de jatropha, avant de se rendre compte qu’il leur est impossible, contrat oblige, de faire marche arrière…

10 commentaires

  1. C’est drôle, je me disais récemment que c’était trop beau pour être vrai, qu’on allait s’apercevoir d’un truc, d’un détail qui fissurerait le miracle. Bah voilà. Y a pas, sans pétrole il faudra diminuer notre consommation d’énergie, tout simplement.

  2. On peut effectivement se dire que c’etait trop beau pour etre vrai mais ces echecs sont interessants car ils permettent d’y voir plus clair et d’ameliorer nos connaissances sur les biofuels.
    N’oublions pas que pour rendre notre planete plus durable il faut en effet une diminution d’energie mais surtout des solutions durables pour combler ces besoins peut-etre diminues mais pas nuls !!!!!

  3. Les plantations de jatropha curcas par D1 oils au Swaziland ont eu lieu en 2007 alors qu’il faut 4 à 5 ans pour arriver aux rendements maximum…

  4. Réponse à Tilleul.

    Pour obtenir des rendements maximum, ce n’est pas de 4 à 5 ans que le jatropha curcas a besoin, mais surtout d’eau et d’engrais. Les rendements peuvent être ainsi multipliés jusqu’à 12 fois.

    Sans oublier que les plantations de jatropha occupent souvent des terres dites « dégradées », mais qui, en réalité, permettent à des milliers de familles de subsister.

    Les émeutes des paysans indiens qui voyaient leurs terres confisquées pour développer les plans du gouvernement (50 milions d’ha de jatropha) ont ralenti le zèle de Delhi et nous rappellent cette vérité première : la terre sert d’abord à nourrir les humains….

    MH

  5. Full disclosure : l’auteur possède même un plant de Jatropha Curcas chez lui alors il est un petit peu au courant de comment ça se passe.

    Même avec de l’eau et des engrais il faudra quand même attendre 4 à 5 ans avant d’avoir la production maximale…

    Le point le plus important c’est de pas le planter dans une zone qui subit le gel parce que une seule nuit en dessous de zéro va mettre en péril toute la récolte. Il y a quand même une pluviométrie à respecter mais l’arbuste est capable de stocker suffisamment d’eau pour ne pas avoir à mettre en place un approvisionnement constant.

    Vu comment c’est pas demandeur comme plante, la seule conclusion qu’on peut avoir c’est qu’un paysan qui n’est pas capable de la faire pousser n’arrivera pas non plus à faire pousser des plantes vivrières… Ah ben mince alors « quand on est pauvre et illettré on crève de faim », ça c’est ce que j’appelle une vraie découverte !

    Si les « terres dégradées » font vivre du monde c’est parce que sous ce vocable se cache les terres issues de la déforestation… C’est pas les cultures qui font vivre les gens c’est la vente de bois, on peut douter du caractère durable de la chose…

    Et personne ne va s’aventurer à faire de la monoculture de Jatropha sur une terre cultivable parce que le pétrole ne pourra jamais être assez cher pour le justifier. Jatropha Curcas est une culture intercalaire qui se met au dessus des autres cultures : en tuteur pour la vanille ou les ignames, en haie de protection, en association avec des cultures maraichères (tomates).

  6. Tilleul écrit : « Si les “terres dégradées” font vivre du monde c’est parce que sous ce vocable se cache les terres issues de la déforestation »

    Non. Le président Lula a déclaré « terres dégradées », 200 millions d’ha au Brésil comprenant majoritairement des savannes dont une des plus riche en biodiversités, le Cerrado et des zones humides attenantes au Paranal. Par contre, ces terres qui n’avaient jusqu’à maintenant pas intéressé grand monde, permettent à des millions de personnes de se nourrir comme les terres que le gouvernement indien voulait prendre aux paysans pour faire du jatropha.

    Tilleul écrit : « Et personne ne va s’aventurer à faire de la monoculture de Jatropha sur une terre cultivableparce que le pétrole ne pourra jamais être assez cher pour le justifier.  »

    Inde, Ethiopie, Afrique Australe, il vous faut combien d’autres exemples ?

    Oui le jatropha peut être une culture intercalaire, mais comment voulez-vous faire 400 millions d’ha de jatropha intercalaire en Afrique Australe, comme certains gouvernement en ont le projet ?

    Les fonds d’investissement qui se chiffrent en milliards de dollars ou d’euros vont faire du jatropha intercalaire d’après vous ? Non, ils vont rechercher le meilleur rendement sur les meilleures terres avec irrigation, pesticides et jatropha GM s’il le faut.

  7. Tilleul a écrit « Full disclosure : l’auteur possède même un plant de Jatropha Curcas chez lui alors il est un petit peu au courant de comment ça se passe. »
    ———————————-
    Bon, il ne vous reste plus qu’à planter un moulin à vent chez vous pour que vous soyiez enfin au courant de comment ça se passe (surtout de comment ça ne se passe pas) avec ces coûteuses éplucheuses d’oiseaux et de subventions.

  8. @minitax: qui vous dit que je n’ai pas déjà une éolienne dans le jardin ?

    @MH:
    Evidemment que ça ne peut être fait qu’en culture intercalaire, comment voulez vous être rentable autrement ? C’est d’ailleurs le cas en Inde où le Jatropha est cultivé en association avec des plantes qui demande de l’ombre (tomates par exemple).

    Et dites moi l’intérêt d’utiliser les terres les plus fertiles pour faire un biocarburant non alimentaire alors qu’utiliser ces terres pour faire des aliments est toujours plus rentable financièrement ? C’est pas crédible votre histoire et les exemple de faillite en Inde le montre, aucun financier n’acceptera d’investir dans un tel projet.

    Quand on fait une culture énergétique on ne cherche pas le meilleur rendement économique on cherche le meilleur rendement énergétique ce qui limite de facto les produits phytosanitaires qui sont à base de gaz et de pétrole et l’irrigation qui nécessite des pompes qui tournent au pétrole…

    Quand on parle d’irrigation du Jatropha ça ne veut pas dire qu’on met de l’eau spécifiquement pour lui, ça veut dire que vous avez des cultures irriguées et vous mettez du Jatropha autour sans rien changer à la quantité d’eau approvisionnée. Comme la plante fait de l’ombre et est capable de se débrouiller avec un approvisionnement intermittent, le Jatropha boit sur l’eau qui serait parti en évaporation autrement…

  9. A Mr Tilleul

    Est-ce que vous que vous avez lu le rapport évoqué par Mr Delbecq ?

    Ce rapport qui se base sur des enquêtes de terrains et d’autres études menées au Swaziland démonte vos affirmations une par une et devrait vraiment donner à … réfléchir.

    MH

  10. Et est-ce que vous avez lu mon commentaire au moins, au lieu de faire des copier coller ? Alors vous avez envie d’essayer de réfléchir ou non ? Alors vous répondez ou non, parce que ce que j’ai fais c’est des commentaires sur le rapport donc bien évidemment qu’il n’en parle pas.

    Alors maintenant expliquez moi comment vous faites pour trouver une rentabilité en Afrique à un projet de biocarburant en monoculture conventionnelle non alimentaire (!), c’est à dire avec un type d’agriculture énergivore et indexé sur le cout du pétrole et qui ne permet donc jamais de produire un carburant moins cher que celui-ci… J’attends.

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