Les chiens ne font pas des chats

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Cela faisait des semaines que Greenpeace faisait campagne pour convaincre les actionnaires de StatoilHydro de se retirer de l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta canadien. En vain, l’assemblée générale des actionnaires a confirmé son engagement dans l’exploitation pétrolière considérée comme la plus crade de la planète.

Manifestations auprès des salariés, démarches incessantes auprès des actionnaires, les responsables de Greenpeace savaient que leur remue-ménage serait voué à l’échec pendant l’AG et pour cause: l’Etat norvégien détient les deux-tiers de StatoilHydro et n’a jamais caché son intention de poursuivre l’aventure. La firme a acquis en 2007 les droits d’exploitation de 100 000 kilomètres carrés (vous avez bien lu!) de ces sables canadiens qui contiennent un pétrole si lourd qu’il faut des quantités pharaoniques d’eau et d’énergie pour en extraire un produit utilisable.

Devant la levée de boucliers écologistes, StatoilHydro s’est défendu en expliquant que ce bitume sera exploité in situ, sans recours aux gigantesques pelleteuses qui d’ordinaire extraient le sable chargé d’hydrocarbures. La firme espère faire remonter le pétrole vers la surface en injectant de la vapeur dans les sols, sans devoir raser les forêts de la région et détruire les sols. Vapeur produite en brûlant du gaz et en pompant de l’eau dans les nappes de l’Alberta.

N’en déplaise à Greenpeace, StatoilHydro est une entreprise pétrolière. Et on imaginait mal qu’elle décide d’abandonner un gisement précieux, alors que ses champs de pétrole offshore de Norvège déclinent. L’ONG a réussi, semble-t-il, à capter les projecteurs de la vie politique norvégienne à quelques mois des élections générales. Mais elle n’aura obtenu que le soutien d’actionnaires ultra-minoritaires, notamment quelques fonds de pensions, qui ne pesaient que 0,1% du capital de StatoilHydro… Greenpeace a promis de remettre le couvert dans un an, lors de la prochaine assemblée générale.

Le communiqué publié par l’entreprise mentionne simplement qu’«un actionnaire a proposé un retrait du projet d’exploitation de sables bitumineux au Canada, mais que sa motion n’a pas été adoptée». Et réaffirme que l’entreprise a surtout vocation d’exploiter du pétrole (1). Ensuite, tout ce petit monde a discuté du montant des dividendes qui seront versés. Chacune des 3,6 milliards d’actions seront rémunérées cette année à hauteur de 76 centimes d’euros. Soit 1,8 milliards qui reviennent de droit à l’Etat norvégien, notamment au profit de son fonds destiné aux «générations futures». A Wall Street, l’action a grimpé d’un peu moins de 1% après la conclusion de l’AG. StatoilHydro a aussi annoncé cette semaine avoir acquis des licences exploratoires aux Bahamas… Puisqu’on vous dit que c’est une entreprise pétrolière!

(1) StatoilHydro est aussi en train d’installer les premières éoliennes flottantes au large de la Norvège.

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