Après une question posée il y a plusieurs semaines par un lecteur sur la détection des crevasses sur le trajet du Raid, qui transporte le matériel et les vivres de Dumont d’Urville à Concordia, Jonathan a mené son enquête auprès du responsable de la logistique de l’Institut Paul-Emile Victor en Antarctique, qui se trouvait à bord du dernier Raid arrivé à Concordia. Voici ce qu’il peut nous dire, en s’excusant d’une erreur qui l’avait conduit à mentionner l’usage de rayons X pour repérer les crevasses.
«Dans les années cinquante, une piste avait été tracée pour relier la base de Dumont d’Urville, sur la côte, à la station Charcot, située à 300 km de là. Cette piste a été reprise puis continuée jusqu’au Dôme C. Elle est repérée par les mêmes positions GPS chaque année, bien que la glace se déplace. Car si on se contentait de la repérer par des piquets, la route se déplacerait avec la glace et finirait par ne plus conduire à Concordia.
CONCORDIA le 1er février @22:10
Température= -33.1°C
Température ressentie= -43°C
Humidité relative= 69%
Pression atmosphérique= 651.0 hPa
Vent de sud-est. De 2,9 mètres par seconde (10 km/h)
Les italiens utilisent des radars aéroportés pour repérer les crevasses. Les français, qui ne disposent pas de ces outils, s’appuient sur de la photographie aérienne: après traitement numérique en fausses couleurs pour augmenter le contraste, les images mettent en évidence les zones de crevasses.
Quoi qu’il en soit, les crevasses ne concernent que les premiers soixante kilomètres du trajet vers Concordia. C’est en effet près des côtes que la glace et la plus fragile et peu se rompre. Ensuite, sur le Plateau Antarctique (à 60 km de la côte, l’altitude est déjà de mille mètres), il n’y a plus de crevasses.
Le Raid peut franchir les petites crevasses, jusqu’à quelques dizaines de centimètres. Il n’y en a pas de plus importante sur la piste qui conduit à Dôme C.»