C’est tout simplement incroyable. Pas un document sur l’Internet ne mentionne en français l’existence de ce rapport du physicien russe Vladislav Larin pour l’organisation écologiste norvégienne Bellona. J’avais eu vent mi-décembre de l’existence de ce document explosif par un mail reçu de l’ONG, et j’avais pris immédiatement contact avec Larin, qui m’a fait parvenir une version imprimée de son étude (1). J’attendais d’avoir un peu de temps pour m’y plonger avant de vous en parler. Larin dénonce les projets russes d’exploitation de pétrole sous la banquise Arctique avec des engins nucléaires. Son rapport a été présenté le 12 novembre dernier au parlement européen, mais rares sont les medias qui en ont fait état. A ma connaissance, aucun en France. (2)
Vladislav Larin n’est pas un inconnu. C’est un spécialiste du nucléaire de l’ère soviétique. Il a beaucoup écrit sur l’atome soviétique, sur les essais de bombes nucléaires, et sur le délabrement de la flotte de dizaines de sous-marins à propulsion nucléaire héritée de la guerre froide. Il avait notamment décrit la manière dont l’empire soviétique utilisait des essais nucléaires souterrains pour chercher du pétrole.
Conditions climatiques démentielles. Depuis les années quatre-vingt dix, la Russie cherche le moyen de recycler son armada de sous-marins nucléaires et de valoriser son savoir-faire dans leur fabrication. La première idée qui a jailli dans les cerveaux fertiles des chantiers de construction a été de transformer leurs engins en cargos sous-marins. Et comme plusieurs sous-marins Typhoon presque neufs étaient à l’abandon, ils ont imaginé de les modifier pour transporter jusqu’à dix-mille tonnes de fret. Mais le projet a rapidement été abandonné en raison des coûts d’entretien faramineux de cette flotte, et des risques nucléaires.
En parallèle, d’importants gisements de pétrole et de gaz ont été découverts sous les mers de Barents et de Kara, mais la plupart au nord du cercle Polaire. Les conditions climatiques démentielles de cette région empêchent l’érection de plate-formes ordinaires, et les coûts de production estimés seraient quatre fois plus élevés que ceux des forages offshore sous des latitudes plus favorables. De plus, à deux milliards de dollars la plate-forme (valeur 2000, selon Larin), pas question d’en perdre une à cause des conditions météo souvent démentielles (3). D’où l’idée de transformer les submersibles nucléaires en plate-formes sous-marine de forage et d’exploitation du pétrole et du gaz, qui pourraient pomper les hydrocarbures sans se soucier du climat. (4)
C’est en 2003 que les premiers projets ont pris forme sur des tables à dessin. L’idée est de fixer une station d’accueil sur le fond de l’océan. L’Aquadrill, l’engin de forage imaginé par les ingénieurs russes, peut percer huit puits de trois mille cinq cent mètres de profondeur, et intervenir par quatre cents mètres de fond. Après avoir imaginé alimenter le tout en énergie à l’aide de câbles électriques depuis la côte, puis avec le gaz sorti des puits, le recours au nucléaire a été préféré. Le vaisseau nucléaire afficherait une durée de vie de trente ans (à raison d’un an de révision tous les quatre ans d’utilisation opérationnelle). D’une longueur de 99 mètres de long, il accueillerait 60 hommes d’équipage qui ne verraient pas le jour pendant quatre ans…
Rêve d’ingénieur. Vladislav Larin décrit en détail ce que que propose la firme Lazurit pour exploiter les champs de Rusanovskoye et Leningradskoye, dans la mer de Kara. Pour produire 86 milliards de mètres cubes de gaz par an (à peu près deux fois ce que consomme la France), il faudrait percer 96 puits, à une profondeur moyenne de 2500 mètres sous le fond de la mer. Avec une logistique impressionnante: trois foreuses nucléaires, douze plate-formes sous-marines, deux brise-glace, une centrale nucléaire flottante, une centrale nucléaire sous-marine et j’en passe. Ces centrales nucléaires flottantes ne sont pas un rêve d’ingénieur. Rosatom prévoit de démarrer la construction de la première l’an prochain (si la crise financière se calme d’ici là, en tous cas) et en a prévu sept d’ici 2015. Des navires de 144 mètres de long capables de produire 77MW d’électricité ou 300MW de chaleur pendant trois ans, délai prévu entre les rechargement des réacteurs.
Larin estime que la température de l’eau autour des puits nucléarisés pourrait atteindre 40 degrés, attirant sans doute une foule d’organismes marins qui viendraient se fixer sur les infrastructures sans qu’on sache les dégâts que ces dernières pourraient subir.
Vladislav Larin consacre d’ailleurs un long chapitre aux risques posés par ce type d’exploitation de pétrole et de gaz. Risques d’explosion, fumées toxique, fuites de gaz foré et de ciment liquide qui menacent les équipages travaillant dans les installations sous-marines, accidents et fuites sur les réacteurs nucléaires, naufrage des installations. En bon connaisseur des goûts de ses compatriotes pour l’alcool, Larin mentionne aussi les problèmes éventuels liés à l’ébriété des équipages! Le physicien mentionne aussi l’impressionnant histoire des fuites et rejets nucléaires dans la mer de Kara et de Barents, qui sont aujourd’hui de véritables poubelles nucléaires. Il cite enfin les dizaines d’accidents survenus à bord des sous-marins nucléaires soviétiques dont on connaît l’existence, sans oublier ceux dont personne n’a jamais fait état.
Au moins dix milliards, peut-être le double ou le triple. Autre question de taille pour ceux qui se soucient peu de l’environnement et des futurs ouvriers de ces drôles de pompes à pétrole: une telle exploitation est-elle rentable? Un préalable: en produisant à la cadence espérée, les deux principaux champs de pétrole nucléaire russes seraient épuisés en seulement dix et huit ans… Pour tirer le maximum de ces champs, il faut compter 3,5 milliards de dollars pour les forages, 1,2 milliards pour les plate-formes, 2,3 milliards pour les navires de surface, etc. Au total, dix milliards de dollars… Un chiffre qu’il faudra doubler ou tripler vu la dérive de coûts sur des projets d’une telle complexité. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Cela reste dérisoire alors que le prix de l’énergie devrait s’envoler à nouveau sitôt les premiers signes de sortie de crise. Après le pétrole canadien extrait du sable par la chaleur nucléaire (5), le gaz russe continuerait donc à couler dans les conduites de gaz européennes grâce à l’atome. Ça fait froid dans le dos.
(1) J’en ai depuis trouvé une version en ligne sur le site de Bellona.
(2) J’ai trouvé une seule dépêche en français, du 17 janvier 2009, mais signée de l’agence russe d’information Ria Novosti.
(3) Température de l’air de -50°C en hiver, 70 à 400 mètres de fond, deux mètres de banquise (qui recouvre l’océan dix mois par an), des vents de 25 m/s (90 km/h).
(4) Selon Vladislav Larin, c’est l’académicien Evgeny Velikhov qui est le plus ardent défenseur de cette idée. Ce physicien est une pointure: il a dirigé les opérations de nettoyage à Tchernobyl et participé aux négociations sur les traités nucléaires entre son pays et les Etats-Unis dans les années quatre-vingt et quatre-vingt dix. Avant son entrée en scène, c’est le gaz qui devait alimenter en énergie les projets russes dans l’Arctique. Désormais, c’est l’atome.
(5) Lire «Le nucléaire au secours du pétrole», du même auteur, le 26 novembre 2007.
Romu a écrit : « Sauf qu’on m’a juste enseigné que dans un process industriel, on fait un design, un prototype, on teste, on valide, on fait une pré-série… »
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Bah, des prototypes de l’EPR, il y en a déjà quelques dizaines. C’est ce qu’on trouve en fonctionnement en conditions réelles dans nos centrales nucléaires depuis des décennies. Bon, ils ne ressemblent pas exactement à l’EPR qui a des dispositifs de sécurités passives en plus mais c’est bien ça la définition d’un prototype.
Faut croire que les Finlandais qui ont commandé l’EPR connaissent mieux que vous ce qu’est un process industriel en général, et le process nucléaire en particulier. Et le NRC qui a validé la conception de l’ AP1000 de Westinghouse aussi. Et les Chinois qui ont commandé quatre AP1000 alors que ça n’a jamais construit aussi, etc, etc…
Vous voulez quoi, que l’industrie nucléaire française ait fini de monter son premier EPR plus quelques années de tests histoire d’être sûr de notre coup avant de l’exporter pendant que Américains et Japonais engrangent tranquillement leurs commandes d’AP1000 en Asie, en Europe et aux USA ? Il faut redescendre sur terre un peu hein.
—Blanc bonnet?—
Pour que soit le cas, il faudrait que j’ai affirmé que « les retards sont du à ». Or si tu me faisais l’honneur de me lire avec l’attention que je porte à plusieurs de tes articles, tu verrais que je me suis contenté de faire remarquer le choix remarquable des sources de Tilleul, sans prendre position sur qui est responsable de quoi dans ce dossier.
Et pour cause: j’en sais rien du tout. Et en plus, je m’en fout! L’EPR est une variante des REP en plus gros et avec un peu plus de redondance au niveau de la sécurité. A part ça, rien de fondamentalement différent des REP, dont on sait la sécurité et la rentabilité. AREVA prétend que son EPR est mieux, et a réussit à en convaincre les Finlandais. Maintenant on en est à l’épreuve de vérité, non pas sur un projet mais sur plusieurs. Si ça branle dans le manche sur toutes ses autres constructions, on devra en conclure que l’EPR n’est pas une amélioration mais un mauvais modèle. Si au contraire au moins un autre chantier avance comme sur des roulettes, on pourra logiquement conclure que le VTT a pédalé dans la semoule.
Bah, des prototypes de l’EPR, il y en a déjà quelques dizaines.
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Dites donc miniTAX, si vraiment y en a déjà des dizaines des protos d’EPR, comment se fait-il qu’on arrive tout simplement pas à construire un « vrai » EPR ?
Et à part, Tilleul, personne n’as encore répondu : qui va payer les pénalités de retard ?
@Abitbol : Nul doute que l’A380 a aussi été massivement construit en numérique et simulé, et pourtant ça n’a pas empêché Airbus de faire des vrais protos et de les tester. Tiens d’ailleurs, vos simulations n’avaient pas prévu les problèmes de béton.
romu a écrit : « Dites donc miniTAX, si vraiment y en a déjà des dizaines des protos d’EPR, comment se fait-il qu’on arrive tout simplement pas à construire un “vrai” EPR ? »
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Bah si, on arrive à construire un vrai EPR. Arrêtez de raconter n’importe quoi!
Pour l’argent des pénalités de retard de l’EPR finlandais ? Aucune inquiétude, on prendra dans la caisse réservée à la construction du « prototype » qu’on n’a PAS construit. Vous savez, le fameux « prototype » de la fameuse « présérie » (dixit romu) qui doit être construit avant toute première vente, selon tout bon manuel de process industriel (redixit romu). Et s’il n’y a pas assez, on puisera dans la caisse réservée à la construction des prototypes & présérie qu’on n’a PAS construits du tunnel sous la Manche, du viaduc de Millau, de l’Arche de la Défense, du pont suspendu le plus long du monde de Rion-Antirion… et pourquoi pas de la tour Eiffel.
Ah on me dit que des prototypes de la tour Eiffel, il y en a pleins dans les magasins de souvenirs. Pardon…
@Romu
L’EPR finlandais est un prototype (C’est Greenpisse qui le dit). Donc, ils sont en train de tester en grandeur nature, c’est pas beau ça ?! Quant aux pénalités, puisqu’il s’agit d’un proto, on peut assimiler ça à un investissement de recherche… La recherche, c’est important, non ?!
@miniTAX : bien sur que j’exagère, bien sur qu’on arrivera à le construire. J’exagère autant que vous qui voulez faire croire qu’il n’y a que moi qui veut faire des prototypes et des essaies grandeurs nature (comme si Airbus n’en faisait pas, voir plus haut) ; ou en niant le RC.
@Abitbol : bien sur que la recherche c’est important. Tout comme cette question des pénalités, Areva étant une société publique. Nous, citoyens français, pourrions ainsi être amené à payer des pénalités pour le réacteur EPR finlandais.
Le problème ne vient pas du type de réacteur, le problème vient de l’industrie nucléaire en tant que telle. Comme l’a compris involontairement minitax les réacteurs nucléaires sont des pièces uniques dont la conception doit être adaptée au site… C’est une des raisons qui fait que leurs possibilités d’expansion sont très limitées contrairement à d’autres dispositifs qui peuvent être vraiment construit en série (éolienne, panneaux solaires, turbine à gaz…) et ne posent pas les mêmes problèmes de sécurité.
A celà s’ajoute l’état de l’industrie nucléaire qui est totalement sinitrée : il n’y a plus de sous-traitants, les équipes ne sont pas au point, etc… Ils ont d’ailleurs le même problème sur l’opération et la maintenance : ce sont des équipes qui ont un turn-over très faible et il y a donc peu de jeunes formés à prendre la relève des départs en retraite (gros problème aux Etats Unis).
C’est pas seulement Areva qui a des problèmes AtomStroyExport a livré son projet aux chinois avec 2 ans de retard, Lungmen a Taïwan (GE) c’est 5 ans de retard… De toute façon le dépassement systématique des couts et des délais c’est ce qui avait tué l’industrie nucléaire dans les années 80 donc tout le monde s’attendait à ce que ce soit pareil, ce qui explique qu’Areva ne pouvait pas faire autrement que de signer un contrat « clef en main ».
La surprise c’est de voir que ce serait aussi énorme…
Alors si en plus, on ne sait pas faire de centrale au sol : imaginez ce que ça va être avec des centrales flottantes qui seront dans un environnement plus contraignant sur des technologies totalement nouvelle (une centrale flottante c’est totalement différent d’un brise glace pour des questions d’objectifs de compétitivité sur le prix de l’électricité et surtout de refroidissement : le brise glace se déplace, la centrale reste au même endroit)… J’attends d’ailleurs avec impatience le raid de pirates indonésiens ou somaliens sur une centrale flottante…
romu : « bien sur que j’exagère, bien sur qu’on arrivera à le construire. J’exagère autant que vous qui voulez faire croire qu’il n’y a que moi qui veut faire des prototypes et des essaies grandeurs nature (comme si Airbus n’en faisait pas, voir plus haut) ; ou en niant le RC. »
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Oui, donc vous reconnaissez que vous exagérez. Merci.
Quant au climat, il n’a jamais été stable. Il n’a que deux choix, soit se réchauffer, soit se refroidir. Pourquoi donc voulez-vous que je nie le RC ? Votre rhétorique est absurde !
Et puis en terme de RC, m’accuser d’exagération, c’est franchement l’hôpital qui se fout de la charité vu les déclarations à vomir de la confrérie réchauffiste. Enlevez vos oeillères, romu, juste quelques secondes de temps à autre. A un moment, il faudrait bien que vous finissiez par vous rendre compte que l’apocalypse selon St Gore & co ne se produit pas comme promis et que cette hystérie du RC devient intenable (ou non-durable en novlangue).
« Le seul continent habitable d’ici la fin du siècle sera l’Antarctique si le changement climatique n’est pas maîtrisé »
Sir David King, conseiller scientifique en chef du gouvernement de GB
« Les responsables des compagnies d’énergie fossiles devraient être jugés pour crime contre l’humanité et la nature »
James Hansen, directeur du GISS, 23 Juin 2008 devant le congrès américain
« Avec un réchauffement global de 4°C, tout ce que nous pouvons attendre est de disparaître »
Oliver Tickell, éditorialiste de The Guardian, 11/08/2008
« Les impacts du réchauffement climatique sont tels que je n’ai aucune hésitation à le décrire comme une « arme de destruction massive »
Sir John Houghton, ancien président du GIEC, 2003
« Je pense qu’on doit considérer le CO2 plus comme un déchet nucléaire que de la pluie acide : plus on en ajoute, pire ce sera »
Susan Solomon (qui a participé dans la rédaction du SPM 2007 du GIEC) dans le Washington Post 27 Jan 2009
etc, etc…
Tilleul a écrit : « C’est pas seulement Areva qui a des problèmes AtomStroyExport a livré son projet aux chinois avec 2 ans de retard, Lungmen a Taïwan (GE) c’est 5 ans de retard… De toute façon le dépassement systématique des couts et des délais c’est ce qui avait tué l’industrie nucléaire dans les années 80 donc tout le monde s’attendait à ce que ce soit pareil, ce qui explique qu’Areva ne pouvait pas faire autrement que de signer un contrat “clef en main”. »
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Mais oui, bien sûr. Et les écolos qui s’enchaînent aux convois de transport nucléaire, qui bloquent les sites de construction et d’exploitation et qui usent de tous les recours juridiques possibles et imaginables pour entraver tout projet nucléaire, les politiciens qui décident de « sortir du nucléaire », les attentats contre les centrales ou contre les ingénieurs d’EDF, l’assassinat de Georges Besse, les campagnes de propagande opportunistes et mensongères contre le nucléaire à la suite de TMI ou de Tchernobyl, les budgets de centaines de millions en comm des écolos consacrés à diaboliser le nucléaire, tout ça n’a bien sûr rien à voir avec le retard voire le recul de la techno. Tout est la faute de l’industrie du nucléaire, bien évidemment.
Tilleul et sa mauvaise foi dans toute sa splendeur… Pfff
Vous avez beau essayer de refaire l’histoire, il y a eu autant d’opposition aux grands barrages ou aux mines de charbon… C’est Wall Street qui a tué le nucléaire parce que les couts de production ont mis dans le rouge un bon nombre de collectivités. Tous les journaux économiques et tous les analystes sont d’accord là dessus…
(exemple : http://www.businessweek.com/magazine/content/06_28/b3992063.htm )
Vous vivez vraiment dans un monde à part, ça vous dirait pas de vous renseigner autre part que sur des blogs conspirationistes ?
En plus il n’y a pas eu d’interférences sur les chantier finlandais et taiwanais et celui qui se risquerait à faire quoi que ce soit sur un chantier en Chine se ferait exécuter dans les 15 jours….
@Tilleul, donc il va devenir impossible selon vous de construire de nouvelles centrales à charbon en Europe? Si seulement vous aviez raison! Pour moi, c’est le danger n°1. Mais alors ces annonces qui ont été faites de la construction de 50 nouvelles centrales dans les années qui viennent, ce serait de la pure intox? Pour quelle raison? Je fais ici le pari avec vous que l’Allemagne ne diminuera pas substantiellement sa production de lignite dans les années qui viennent,et qu’elle remplacera,sinon même développera ses centrales à lignite, à moins qu’Angela n’arrive à convaincre les Allemands qu’il faut relancer le nucléaire.
A propos, vous avez-vu que l’EPA aux Etats-Unis se préoccupe enfin des émissions de mercure des centrales à charbon? Rien de tel pour l’instant en Europe, malgré les Grünen ( ou à cause d’eux? Le mercure, ce n’est pas radioactif!).
Selon vous, les concurrents du nucléaire en Europe seront le gaz naturel et l’efficacité énergétique. Pour l’efficacité énergétique, je suis d’accord, et elle sera d’ailleurs en concurrence avec toutes les formes d’énergie, ENR comprises. C’est la première chose à faire, avec les économies d’énergie. Quant au gaz naturel, cette concurrence ne durera pas bien longtemps, au train où les réserves s’épuisent. Et çà pourrait même casser avant, quand il deviendra plus avantageux pour Poutine de vendre son gaz à la Chine plutôt qu’à l’Europe. Et la beauté de la chose, c’est que çà plombera en même temps le développement de l’éolien et du solaire, qui en auront besoin en back up tant qu’on ne saura pas mieux stocker l’électricité, ce qui pourrait bien n’arriver, au train où vont les choses, que quand les poules auront des dents..
Lignite, gaz naturel et cache-sexe en ENR. C’est la politique Allemande actuelle!!! Grand bien leur fasse, mais qu’ils se montrent un peu moins prétentieux en matière d’environnement!
Quant à la propreté et au coût des ENR, parlons-en: en ce qui concerne le solaire, une Association de la Silicon Valley vient de publier un livre blanc pour dénoncer les risques de pollution associés aux déchets de la fabrication et du démantèlement du solaire PV, qui sont de même nature que ceux qui sont associés aux déchets des industries électroniques. Et les déchets en question sont dangereux en particulier à cause des métaux lourds qu’ils contiennent, de durée de vie supérieure à celle des déchets radioactifs, puisqu’elle est infinie. Et ces déchets, il y en a bien plus que de déchets radioactifs! On les balance actuellement un peu partout, sans véritable contrôle.Quant au coût, le mieux qu’on sache faire actuellement, c’est 10 fois celui du nucléaire!
On a évoqué ici les catastrophes entraînées par les grands barrages ( mais ce ne seraient pas des ENR si je vous ai compris, il faut les supprimer!).
L’éolien ne pourra produire de quantités substantielles d’électricité que s’il est assisté par du gaz naturel, ou par des centrales hydroélectriques de barrages. Dans le premier cas, il n’y a aucune raison de ne pas lui attribuer sa quote-part de la pollution due au gaz naturel, ainsi que du prix de celui-ci. Et comme il est déjà cher! Dans le deuxième cas, retour à la case précédente!
L’utilisation de la biomasse pose de gros problèmes de santé publique dans les pays en développement, mais aussi partout où on l’utilise dans des conditions précaires, y compris dans les pays développés, à cause des fumées, des goudrons ou du monoxyde de carbone émis lors de sa combustion. Des dizaines ou des centaines de milliers de morts par an, à ce qu’on dit. Mais il s’agit d’une mortalité à la petite semaine, sans aucun panache, alors on n’en parle pas.
A propos, vous avez vu la classification qui vient d’être faite des ONG environnementalistes en fonction de leur transparence et de leur gouvernance, publiée obligeamment par SLC sur son site. La CRIIRAD, qui s’est fait un sigle contenant le mot indépendant, est vraiment très mal classée, et Green Peace pas tellement mieux.
Tilleul a écrit : « C’est Wall Street qui a tué le nucléaire parce que les couts de production ont mis dans le rouge un bon nombre de collectivités. Tous les journaux économiques et tous les analystes sont d’accord là dessus…
(exemple : http://www.businessweek.com/magazine/content/06_28/b3992063.htm )
Vous vivez vraiment dans un monde à part, ça vous dirait pas de vous renseigner autre part que sur des blogs conspirationistes ? »
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Ouh le vilain mensonge ! Ce que vous montrez, c’est un article qui date de 2006 (!) pour parler au nom de « tous les journaux économiques et tous les analystes ». C’est franchement n’importe quoi.
Faites une simple recherche sur les articles plus récents, vous en trouverez une tonne qui parlent de « renaissance » du nucléaire, avec exemples, chiffres et nouvelles législations à l’appui. Pour ne pas les voir, c’est que vous devez vraiment souffrir de dissonnance cognitive aigue.
Le plus drôle c’est qu’il y a un article dans le même businessweek que vous citez mais qui date de fin 2007, soit bien plus récent que le votre qui s’intitule « a U.S. Nuclear Power Renaissance » et qui parle de « A Boon to Construction » et qui cite S&P en train de conseiller les investisseurs à acheter des actions dans le business du nucléaire : http://www.businessweek.com/investor/content/oct2007/pi2007103_572099_page_2.htm
Même Warren Buffett a mis plus de 4 milliards pour essayer d’acheter Constellation et son parc de nucléaire en décembre dernier, avant de se faire souffler la transaction par EDF (oui, notre opérateur national qui soit disant a des centrales nucléaires pas rentables économiquement mais qui a suffisamment de cash pour faire un gros shopping mondial). Warren Buffett, première fortune d’Amérique faite uniquement dans la finance, qui ne fait jamais d’investissement à échéance plus courte que 20 ans et qui n’aurait pas vu quelque chose que Tilleul a vu au sujet du nucléaire. Pour le nucléaire, Wall Street « m’a tuer », dixit Tilleul. Mega lol.
C’est dur de se battre contre la réalité, n’est ce pas. Bon, je sais, vous êtes habitué à du vent mais quand même…
Sur le gaz,
Tilleul peut-il avoir raison? Je pense que les indus allemands n’auraient jamais accepté l’abandon du nucléaire s’ils n’avaient calculé que le gaz, qui en 2000 ne valait pas grand chose, était plus rentable…Donc Tilleul a raison: on pensait que le gaz était l’avenir. Je me rappelle que les antinucléaires étaient alors tous pro-gaz, et encore aujourd’hui, on voit bien vers quoi regarde Benjamin Dessus, dans son article sur Mediapart.
Mais sans doute BMD a raison: le gaz est un pétard mouillé, bien que sa consommation augmente pour produire de l’électricité, même en France, où il reste marginal. Il est assez cher, bien qu’on ait un peu de mal à savoir quel prix est réellement payé. Par exemple, j’ai su à travers la crise Ukrainienen que c’était autour de 360$/1000m3, ou 360/38=9.5$/Gj, et comme il faut de 6 à 7 Gj pour faire un MWh, ça veut dire 65$/MWh, ou 50Euros. Avec les investissments de centrales à amortir, il reste plus cher que le nucléaire EDF amorti (32 Euros) et même que l’EPR réévalué (55Euros dit Gardo, avant que ‘amortissement en fasse diminuer progressivement le prix…).
Reste le charbon. L’analyse de Tilleul est que l’opposition est trop forte. Peur-être a-t-il raison, mais je commence à penser qu’il est plus cher qu’on croyait: soit les ressources d’accès facile en Europe se tarissent, soit en Europe, la main d’oeuvre devient trop chère pour avoir des mines.Et il est assez cher à transporter. Les Chinois en font encore beaucoup usage, mais ça ne va pas durer: il semble qu’ils fassent un gros effort pour fermer les centrales peu efficaces, et ils poussent vraiment leur programme nucléaire: 70Gw en 2020, 300 en 2030, ce sont mes chiffres.
Donc je me demande si on ne va pas assister à une progressive diminution des émissions de CO2 pour produire l’électricité..avec aussi la crise.
Mais Tilleul va dire que je suis un optimiste invétéré…
amitiés.
A Tilleul,
moi je trouve des observations très justes de votre part:
« A celà s’ajoute l’état de l’industrie nucléaire qui est totalement sinistrée : il n’y a plus de sous-traitants, les équipes ne sont pas au point, etc… Ils ont d’ailleurs le même problème sur l’opération et la maintenance : ce sont des équipes qui ont un turn-over très faible et il y a donc peu de jeunes formés à prendre la relève des départs en retraite (gros problème aux Etats Unis). »
si je crois, et EDF l’a montré en son temps, que l’effet de série amène le prix des réacteurs à descendre significativement, reconnaissons que le redémarrage de cette activité n’est pas sans problème. Les équipes, les soustraitants, la formation de jeunes ingénieurs, tout est en chantier. Mais ne vous y trompez pas: la chose est en route. Partout se forment des masters d’ingénieurs pour le nucléaire, le savoir-faire s’accumule et on comble les vides (laissés aussi par les erreurs de Lauvergeon qui a mis des X-mine ssur les chantiers, imaginez ce que cela donne…). La construction de centrales c’est en somme un investissement capitaliste, et heureusement, on n’a pas attendu la GIV, comme le voulaient les antinucléaires pour redémarrer.
Mais le prix semble en effet élevé. Coyez-vous qu’on puisse rapidement compenser les erreurs d’une société qui a préféré les profits rapides et la consommation à l’investissemnt pour son avenir?
Ce qui m’inquiéte aaujourd’hui, c’est d’avoir un gouvernement qui néglige, voire méprise l’autre aspect de l’investissement: l’enseignement et la Recherche! Pour assurer son avenir, un pays doit investir dans son industrie et aussi dans la formation et dans la Recherche.
Et là je suis un peu inquiet, mais je change de sujet…
Karva
BMD: émission de mercure : directive IPCC, ça fait depuis 20 ans que l’UE s’en occupe gràce à l’Allemagne qui de manière générale a été la première nation à mettre en place une législation sur les rejets toxiques des centrales.
Pour l’éolien qui nécessite du gaz, c’est un bon je suis pas un neuneu de Sauvons le Nucléaire, j’ai le bagage technique suffisant pour savoir que c’est de la foutaise alors épargnez moi vos rumeurs… Si vous vouliez utiliser des centrales à gaz pour réguler une production éolienne sur tout un territoire elles ne fonctionnerait que 40 heures par an et à pleine puissance uniquement sur 2h… (un centrale de pointe doit au moins marcher 1000 à 1500 heures pour que l’investissement soit rentable)… On aura juste un peu de stockage (nécessaire de toute façon pour des questions de qualités du réseau liés à l’utilisation d’appareils économes en énergies) et de la flexibiltié de la demande….
Le coup de l’avalanche de centrales aux charbons en Allemagne c’est une grosse part d’intox,
d’abord des 4 grosses compagnies d’électricités en Allemagne qui voulait convaincre le gouvernement allemand de leur donner des quotas d’électricité gratuits et on inventer le « fossé énergétique ».
Ensuite des communicants du nucléaire aux Etats Unis parce que c’était plié que les démocrates allaient partir à fond sur le renouvelable et ceux en Allemagne parce que la CDU veut le relancer
Une autre part de non événement parce que c’est un remplacement des centrales de la RDA qui avait été conservé pour garder les jobs des anciens allemands de l’Est par des centrales au standard européen…
Et une dernière grosse part d’hypocrisie de la part de certains électriciens belges, français, danois et suisses qui ont lancé des projets à leur frontière pour profiter qui de la législation allemande (il suffit de convaincre un village pour pouvoir lancer un projet), qui pour se faire une fausse virginité climatique, qui pour contourner les lois de son pays…
La part du charbon baisse en Allemagne, on fait pas -20% sur ses émissions de gaz à effet de serre en développant le charbon…
Au passage les chiffres faramineux de l’ouverture des centrales en Chine partent du même principe : plein d’ouvertures de centrale de type soviétique par les administrateurs de province pour répondre en urgence à la demande électrique qui sont juste après fermée par le pouvoir centrale pour en mettre une neuve… Je serais aussi curieux de savoir quelle est la part de pétrole qui a vraiment été consommé en Chine et la part qui a été mise sur le marché de la contrebande en Asie (avant que la Chine enlève ses subventions au pétrole l’année dernière)…
Mais revenons à nos charbons…
Le truc qui fait que ça ne peut pas marcher, outre la mise aux enchères des quotas de CO2, c’est tout simplement la directive des trois 20 mise en place dans l’UE.
On a une obligation de faire 20% d’énergie renouvelable mais aussi une obligation de faire 20% d’efficacité énergétique… Donc les énergies renouvelables ne vont pas être mise en place pour pallier à la croissance de la consommation mais vont se retrouver en substitution des énergies sales.
Ces objectifs sont suivi années par années par la commission européenne avec l’obligation de mettre en place des mesures correctrices si le pays s’éloigne de sa feuille de route… Barosso est un président particulièrement médiocre mais au moins le thème de l’énergie a l’air de lui tenir particulièrement à coeur… Donc c’est obligé que ça va se faire…
Comme pour Kyoto on a une obligations globale qui se traduit état par état (par exemple même si la France s’était engagé sur un 8% de réduction à Kyoto les règles de l’UE ont fixé son objectif à +0%… en l’occurence pour la directive des trois 20 ça va dans l’autre sens puisque la France doit faire 23%).
La manière la moins onéreuse de remplir ce contrat c’est de faire de l’éolien parce que c’est une énergie qui est très présente en Europe et qu’elle est compétitive avec les fossiles ce qui évite de faire exploser la facture d’électricité.
Donc on va avoir une très forte pénétration de l’éolien. Du coup qu’est ce qui va se passer en Allemagne ? L’Allemagne a toute ces ressources éoliennes dans le Nord, donc la génération électrique minimale du parc éolien est moins élevée que dans un pays comme la France (on a moins l’effet de lissage du au foisonnement et à l’utilisation des régimes de vents locaux)… Or le truc c’est que le vent n’envoie pas de facture, donc le prix du MWh éolien est systématiquement inférieur au prix du MWh fossile… L’éolien peut aller jusqu’à 0 €/MWh, ça ne lui coute strictement rien de plus que ce qui n’a déjà été dépensée… La centrale charbon doit payer son combustible et sa maintenance ce qui lui fait perdre de l’argent si le prix est trop bas. L’éolien est donc toujours prioritaire, du point de vue réseau il se voit exactement comme si on avait une baisse de la consommation les jours de grand vent.
Du coup ce n’est plus le charbon qui fait la production sur laquelle se base le réseau électrique mais c’est l’éolien (et le solaire). Ce qui implique que les centrales à charbon vont devoir réagir à l’éolien et ça elles n’aiment pas du tout… En fait une centrale au charbon est prévu pour être un investissement de 7000 heures pleine puissance et au final avec le vent comme énergie prioritaire elle ne va pouvoir vendre ses MWh que sur du 5500 heures équivalent pleine puissance. On a donc à la fois un prix du MWh sur le marché qui baisse ET un nombre de MWh vendu en baisse également… => la centrale charbon peut fermer ses portes…
Si en plus on ajoute Kyoto et ben on a ça :
http://pepei.pennnet.com/display_article/350919/6/ARTCL/none/INDUS/1/RWE:-No-new-coal-plants-in-Western-Europe,-looks-east/
Donc prochaine étape : nettoyer les dernières poches de résistance en Europe de l’Ouest et avancer sur le front de l’Est…
@Tilleul, ouaf, ouaf! Le coup de l’éolien qui se suffit à lui-même! Vous n’avez pas honte? Vous ne tiendriez pas 5 minutes devant un jury d’examen, à moins qu’il ne soit constitué de fanatiques de l’éolien ( çà existe, j’en ai rencontré!).
Je note par ailleurs que vous nous avez constamment affirmé qu’il était impossible au nucléaire de changer d’allure, ce que vient de contredire formellement Claude Acket, spécialiste de la conduite des réacteurs nucléaires, sur SLC. L’un de vous deux raconte donc des bêtises. Je me demande bien lequel!
Et voilà que vous vous êtes économiste maintenant: un prix de l’éolien qui va être systématiquement inférieur à celui du fossile parce que le vent n’envoie pas la facture! On croît rêver! Et les coûts de construction alors! Et les coûts d’adaptation du réseau qui ne sont d’ailleurs toujours pas correctement évalués, et vont finir par être démentiels et répercutés sournoisement sur les consommateurs
Une autre des conclusions de C.A. est que l’on pourrait parfaitement éliminer la plupart de nos centrales à combustibles fossiles en construisant quelques réacteurs nucléaires supplémentaires.
Quant au mercure émis par les centrales Allemandes, je doute qu’il soit arrêté par des règlementations. Il existe des recherches en laboratoire, mais aucun filtre industriel. Pour l’instant, il s’accumule dans l’environnement des centrales, dans le grand silence vert !
Je m’étais lourdement trompé, non sur les quantités totales de cendres produites par une centrale à charbon, mais sur les proportions relatives des cendres restant au foyer et des cendres volantes: d’après un ouvrage du Dr Bertin, pour une centrale de 1 GWe produisant 6,6 TWhe par an, il s’agit respectivement d’environ 60 000 tonnes de cendres de foyer et 380 000 tonnes de cendres volantes, quand il n’y a pas de filtre avant la cheminée. Quand il y a filtre, on peut retenir la très grande partie des cendres volantes, mais on en envoie quand même encore 10 000 tonnes par an dans l’atmosphère. Et comme ce sont les plus fines, ce sont les plus dangereuses!
Pour l’Allemagne, il s’agit donc au total d’environ 500 000 tonnes par an de cendres inarrêtables émises dans la banlieue des villes, en admettant que toutes les centrales soient équipées de filtres! Et d’environ 15 millions de tonnes de cendres volantes récupérées, contenat toute sortes de saloperies. Dont on fait quoi au juste? Les stocke-t-on en milieu humide, comme aux Etats-Unis? Les mélange-t-on au béton? Mystère et bouche cousue, même chez Friends of the Earth!
Tilleul a écrit : « Donc prochaine étape : nettoyer les dernières poches de résistance en Europe de l’Ouest et avancer sur le front de l’Est… »
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Oui, c’est ce que s’était dit Hitler…
En matière de stratégie, c’est le top.
Je dit rien, mais je suis contre ce projet de Nucléaire.
Vous préférez sans doute les 500 000 morts par an du charbon ( 30 000 en Europe), mais vous n’osez pas non plus le dire!