Ce sont vraiment de drôles d’oiseaux, ces calamars. D’abord par l’étendue de leurs mensurations, de quelques centimètres à près de quinze mètres, suivant les espèces. Un jeune étudiant néerlandais, Henk-Jan Hoving, passera sa thèse dans quelques jours, qu’il a consacrée aux étonnants ébats de l’animal. Morceaux choisis. (2)
Prenez Taningia danae. Lui inflige des plaies profondes, d’au moins cinq centimètres, à la femelle, dans lesquelles il injecte son sperme. Son cousin Moroteuthis ingens a le sexe plus tendre: il transmet sa semence par simple contact avec la peau, à charge pour les zoïdes de traverser la chair pour atteindre la poche à ovules de la femelle. Chez Heteroteuthis dispar, le mâle remplit une poche à sperme dans le corps de sa compagne, qui s’auto-féconde au fur et à mesure de ses besoins. Une sacrée poche, d’ailleurs, puisqu’elle représente une fois pleine plus de 3% du poids de cette dernière. Imaginez, un réservoir de sperme de quinze ou vingt d’un et demi à deux kilos à échelle humaine…
Ancistrocheirus lesueurii a un comportement sexuel plus ambigu: certains mâles détiennent aussi des glandes liées à la reproduction des femelles, mais pas tous. Ils sont aussi plus grands que leurs copains. Sans qu’on sache si c’est une stratégie de reproduction, ou l’effet de perturbateurs hormonaux rencontrés dans les océans (1). Ce ne serait pas si étonnant vu ce qu’on trouve dans les animaux marins.
(1) Lire, du même auteur, sur le site de Science & Vie, Aux Feroe, la baleine n’est plus comestible.
(2) Tirés du communiqué de l’Université de Groningen.
3% du poids = 15 kgs ???
C’est pas plutot 1,5 à 2 kg ??
Sinon, merci pour ces articles intéressants et/ou divertissants
Oui, bien sûr. C’est corrigé. Merci de votre vigilance. J’étais encore tout étourdi des amours calamaresques…