Quand les maires s’en mêlent, le solaire prend sa chance

Et si une partie de la chasse au gaz à effet de serre dans l’habitat était dans les mains des collectivités locales? A supposer que nos communes soient encore solvables après avoir avalé des prêts toxiques… En Californie, une initiative intéressante, baptisée CityFirst, permettra aux propriétaires d’installer des capteurs solaires électriques sur leur toit sans bourse délier. Du moins sans investir en capital. Le principe est assez simple. On fait installer son système avec l’entreprise de son choix, à condition qu’elle soit agréé par la California Solar Initiative (1), on touche les subventions éventuelles, et le reste de la facture est avancé par la mairie de la commune dès que les travaux sont achevés.

Bien évidemment, ce n’est pas gratuit jusqu’au bout, il faut bien rembourser. Cela se passe par une ligne supplémentaire sur la feuille d’impôts communaux, pendant une période de vingt ans. En cas de vente de la maison, l’obligation de rembourser s’applique au nouveau propriétaire, jusqu’à ce que la période de vingt ans soit révolue.

La ville universitaire de Berkeley est la première à s’inscrire dans ce programme proposé par un organisme financier. La population avait voté à plus de 80% en novembre 2006 en faveur d’une proposition de réduire les émissions de gaz à effet de serre de la ville et de ses habitants de 80% d’ici à 2050.

Le programme « CityFirst » a démarré en novembre sur Internet, limité à quarante maisons dans un premier temps. Les dossiers sont partis en moins de dix minutes. Le taux d’intérêt est fixé à la signature du contrat (3,25% à ce jour). A terme, quatre mille habitations concernées à Berkeley. La mairie s’est associée à l’université de Berkeley pour fournir un simulateur de calcul des économies réalisées.

Dès janvier, les habitants de San Diego auront accès à un programme de financement communal similaire. L’intérêt de cette approche par rapport à un prêt à taux zéro, tel que notre Eco-PTZ national? Il est évident: les propriétaires n’ont plus à se coltiner la procédure d’emprunt, ils se contentent de signer un contrat avec leur mairie…

(1) Un programme de l’Etat qui vise à installer 3000 MW d’électricité solaire en dix ans.

23 commentaires

  1. Excellente idée que voilà, mais en France faudrait que les architectes des bâtiments de France y mettent aussi du leur.

  2. La Californie, c’est pas là où le Gouvernator a demandé un emprunt d’urgence à Washington pour payer ses frais de fonctionnement sans quoi elle sera obligée de se déclarer en faillite? http://blogs.wsj.com/economics/2008/10/03/schwarzenegger-warns-california-may-need-federal-loan/
    On se demande avec quelle argent elle va pouvoir financer maintenant Cityfirst. Ca ressemble furieusement à la nouvelle du surendetté qui prête à son créancier, ce serait comique si ce n’était pas aussi tragique.

    D’ailleurs, c’est aussi en Californie (dans la Bay Area plus précisément) que les Khmers verts interdisent en hiver (!) les feux de bois dans les cheminées pour protéger la qualité de l’air (Jancovici qui vante à qui veut l’entendre les qualités écolo-durablo-énergétiques de son poêle à granulés va apprécier) : http://www.sparetheair.org/
    Et qu’ils interdisent de débroussailler pour protéger les espèces protégées, avec le résultat qu’on connaît sur les feux de forêts cataclysmiques ces dernières années.

    Espérons qu’on est suffisamment endetté et pauvre en France pour ne pas commencer à faire les mêmes âneries que ces bronzés du cerveau.

  3. La lourdeur des investissements est certainement la limite la plus importante aux améliorations thermiques dans le bâtiment ancien, avec les tracasseries administratives. Cette suggestion me paraït excellente, à condition toutefois que les augmentations d’impôts ne soient pas supérieures au montant des économies de chauffage réalisées, ce qui peut se régler par un contrat entre l’entreprise, la banque et la municipalité.

  4. Autrement dit c’est un crédit à la consommation basé sur l’hypothèque, avec toutes les « facilités marketing » qui ont rendu ce type de produit financier si populaire ces dernières années. Dites, je suis le seul à être mal à l’aise?

    On commence à peine à rentrer dans la période de décroissante induite par les subprimes, sans parler d’en sortir, et ce type de pratique n’allume aucun signal d’alarme? Pauvre mémoire que la notre!

  5. La Californie dispose tout de même d’un ensoleillement intéressant et d’une dynamique économique (7ème économie mondiale?) qui permettent de tels investissements.

  6. « too big to fail »… c’est une idée non durable.

  7. @Lecture, je vous rappelle que pratiquement personne ne peut s’acheter un logement sans s’endetter. Il en est de même des grosses rénovations. Ces rénovations n’auront pas lieu sans un mécanisme de crédit qui permette à l’empruteur de retrouver ses billes, sous forme d’une diminution substantielle de sa dépense énergétique et d’une valorisation de son habitat. Si les gouvernements font appliquer des règles de contrôle qui empêchent les banques de faire croître le crédit à un rythme plus élevé que celui de l’économie réelle, cela ne devrait pas créer de problèmes, me semble-t-il.

  8. J’ajouterais cependant qu’il serait bien préférable d’instaurer des mécanismes de ce genre pour l’isolation de l’habitat ancien, plutôt que de mettre le paquet sur le solaire photovoltaïque, qui produit pour l’instant une électricité très chère. La première chose à faire est de faire diminuer la consommation d’énergie dans l’habitat.

  9. >s’acheter un logement (… ) grosses rénovations (…) diminution substantielle de sa dépense énergétique

    Certes BMD, mais les trois cas que tu indiques correspondent à un investissement couvert par une réelle valorisation du logement, alors que mettre des panneaux solaires électriques c’est encore aujourd’hui une dépense de luxe et non un investissement rentabilisable…. grosse différence. *

    Par contre je suis d’accord avec toi qu’une mesure de ce genre avec de l’isolation plutôt que du photovoltaïque ça aurait beaucoup d’allure (en France, en Californie j’ai un doute vu le climat). Mais si c’est pour jeter l’argent par les fenêtres… bof. Il y a quand même des façons moins tortueuses pour se ruiner.

    *parenthèse: tu devrais aller jouer avec leur simulateur de coût. Ils ont une option « assumptions » qui, quand on joue avec, montre bien que les chiffres qui sortent n’ont aucun sens… pas fort.

  10. Oh, le beau greenwashing :).

    L’intention est noble, mais avec ce genre de ville ou tout le monde est obligé de prendre son 4×4 qui consomme plus de 10l au 100 pour aller chercher son McDo contenant de la viande aux hormones & produisant quelques tonnes de méthanes a base et nourri au maïs OGM à coup de tonnes de pesticides, ça me parait un petit peu ridicule. Cela dit quand on compare le prix d’un panneau solaire chez le producteur (en Chine) et chez le détaillant (en Europe ou US), on voit bien que ça en nourrit grassement certains.

    Les panneaux solaires, c’est pour alimenter la télé géante du salon, la X260 qui plante parce que surchauffe trop et le frigo américain qui produit des glaçons et bourré de produits pleins d’emballages de chez Wall Mart ? A, le vélo d’appartement pour compenser l’utilisation du 4×4 à l’exterieur aussi.

  11. J’avais pas bien regardé la photo, et bien effectivement, on vois de nombreux 4×4 et grosse voiture autour des maisons 😀

  12. Author

    Bon, Popolon est bougon, alors je le laisse bouder. @BMD. Vu le climat Californien, la question des dépenses d’énergie dans l’habitat se pose moins (à condition de ne pas abuser de la clim’). @Lecture. On fait comment pour acheter un logement sans s’endetter? On joue au loto? Le problème, c’est que si on n’aide pas les propriétaires, il ne se passera rien. Moi, je suis locataire. Croiyez-vous que je vais dépenser quelques milliers d’euros que je n’ai pas pour changer des fenêtres qui ne m’appartiendraient plus une fois posées? Si j’étais propriétaire, la question ne se poserait plus depuis longtemps…

  13. Certes Denis, mais acheter un logement correspond à un investissement couvert par la valeur réelle du logement, alors que mettre des panneaux solaires électriques c’est encore aujourd’hui une dépense de luxe et non un investissement rentabilisable…. grosse différence. *

    *parenthèse: vous devriez aller jouer avec leur simulateur de coût. Ils ont une option “assumptions” qui, quand on joue avec, montre bien que les chiffres qui sortent n’ont aucun sens… pas fort.

  14. Vu la ressource en soleil, le prix du kWh en Californie en période de pointe (ie en période de climatisation) et les investissements évités pour s’assurer qu’il n’y a pas de congestion du réseau (surtout qu’ils s’attendent à voir des voitures électriques), c’est plutôt une opération rentable…

  15. Elle est pas (encore) suffisante parce qu’il faut la développer pour la terre entière ce qui nécessite d’équiper 7 milliards de personnes pour des besoins universels à un cout modique, mais bon là on parle quand même d’un cas précis… Un peu comme Magnetic Island (près de Townsville en Australie) où il est plus rentable de faire un chantier pour couvrir 30 à 40% des besoins énergétiques avec du PV que de renforcer la liaison électrique existante.

    Et j’émets des doutes sur les possibilités d’améliorer les caractéristiques thermiques d’un châssis aluminium avec du mastic…

  16. @Tilleul, à Magnetic Island, peut-être, qui doit se trouver à des kilomètres du réseau principal de distribution électrique, et dont le nombre d’habitants est minime, mais certainement pas en Californie, et encore moins en France, encore plus densément peuplée!
    A propos, stocke-t-on l’électricité solaire à Magnetic Island, et si oui, comment?

  17. @… merde qui a piqué les numéros des posts?

    @Tilleul, un peu de sens commun: si c’était rentable il n’y aurait pas besoin de cacher les coûts sous le tapis de l’hypothèque.

    Au fait, le mastic c’est pour boucher les rainures… mets pas ça à grandeur de la fenêtre 😉

  18. Author

    A vous lire, Lecture, personne n’achèterait jamais son logement, puisque ce n’est pas rentable d’emprunter… Et personne ne ferait de travaux d’isolation, parce que ça prend trop de temps à être rentabilisé. Avec votre raisonnement, on n’ira pas loin. Nulle part, même. Vous préconisez quoi? Des réacteurs nucléaires de salon?

  19. Certes Denis, mais les deux cas que vous indiquez (acheter un logement ou le rénover) correspondent à un investissement couvert par une réelle valorisation du logement, alors que mettre des panneaux solaires électriques c’est encore aujourd’hui une dépense de luxe et non un investissement rentabilisable…. grosse différence. *

    * où donc ai-je déjà lu ça?

  20. Non non, elle fait partie du réseau électrique, mais c’est juste qu’il faut mettre les lignes électriques sous-marine et que ça coute cher de tirer de nouveaux câbles s’il y a un engorgement du réseau… Au début on était à un investissement individuel, ensuite collectif isolé du réseau, maintenant c’est rentable dans du connecté au réseau saturé (sous réserve que les ressources en solaire sont suffisantes of course)…

    Pour le stockage, c’est pas prévu de stocker, l’intégration des sources distribuées se fait par des mesures d’efficacité énergétique et une smart grid qui permet de faire passer une partie du pic de consommation de fin de soirée en millieu de journée…

    Et même en France on a pas trop d’autres choix pour empêcher des black outs sur la côte d’Azur puisque la ligne souterraine ne sera pas capable de répondre à la totalité de la demande…

  21. @Tilleul, les Smarts Grids, bravo. Cà va dans le sens de l’efficacité énergétique. Mais la méthode a ses limites. çà se pratique déjà dans mon coin de façon empirique, si j’ose dire, avec des coupures de courants intempestives et parfois très gênantes.

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