Baleines anorexiques, chasseurs confortés

C’est fou ce qu’un article scientifique en apparence insignifiant peut provoquer comme débat. Prenez le papier publié par des chercheurs japonais et norvégiens à propos de l’état des baleines de l’Antarctique, relaté par l’excellent Hervé Kempf dans les colonnes du Monde daté de ce samedi. Si on regarde le résultat des travaux, on ne peut que s’en féliciter. Découvrir que certains rorquals ont tendance à maigrir au fil des ans est une donnée importante pour la compréhension de l’écosystème du grand sud.

Mais voilà, si le résultat est important, la méthode est très contestable. Car pour découvrir que des cétacés ont du mal à se nourrir, les chercheurs ont abattu les animaux. Ces travaux sont une justification directe de la qualité de « scientifique » que revendique le Japon quand il abat des baleines par centaines en dépit d’un moratoire décidé il y a des décennies. On chasse, on fait quelques études dans un coin, et surtout on refourgue la viande à des palais fortunés.

Que faire d’un résultat quand l’éthique de la recherche est discutable? On le publie, on ne le publie pas? Plusieurs revues ont refusé ces travaux. Une les a publiés. Bien évidemment, les partisans de la pêche à la baleine s’appuieront sur cette publication, prétextant que, peut-être, la maigreur des animaux tient à leur trop grand nombre. Et qu’il faut donc autoriser la chasse commerciale. Mais il est urgent de ne rien changer à la protection des baleines de l’Antarctique. Du moins tant qu’on ne connaît pas avec certitude pas les raisons de cette fonte des graisses.

3 commentaires

  1. On peut aussi penser qu’ils sont maigres parce que la nourriture diminue… Moi je ne suis pas pour la protection systématique mais plutôt pour une gestion durable de la ressource. Surpecher certains poissons comme le maquereau , la sardine, l’anchois etc. conduit inexorablement à une modification de l’équilibre établi depuis des lustres. Il parait qu’il faut se préparer à manger de la méduse !

  2. (gros soupir)

    Des fois, j’ai l’impression que l’auteur de ce blog a du se faire lave la cervelle pour qu’il n’essaie pas de se renseigner plus sur ce sujet…

    Plein de gens critiquent la methodologie des recherches japonaises sur les rorquals de Minke antarctiques, mais aucun autre pays ne fait la moindre recherche « non-letale » pour obtenir les memes resultats sur cette espece. Il est donc toujours facile de critiquer quand on fait rien de son cote. L’Australie a annonce plusieurs qu’elle lancerait des programmes de recherche « non-letale » en Antarctique — apres tout, ils sont juste a cote –, mais on a encore rien vu ! L’annee derniere, ils avaient meme projete d’envoyer un avion pour compter les rorquals de Minke d’au-dessus… mais comme d’habitude, ca a ete annule.

    En outre, un petit peu de recherche sur le sujet apprendra a Monsieur Delbecq que le moratoire sur la chasse commerciale a la baleine a ete adopte en 1982 sans le soutien du comite scientifique de la Commission baleiniere internationale (CBI) sous pretexte que « les donnees scientifiques sur les populations de grands cetaces n’etaient pas sures ». Dans ce cas, n’est-il pas normal que le Japon — un pays qui desire exploiter ces ressources — lance un programme de recherche scientifique en vertu de l’article 8 de la Convention internationale pour la reglementation de la chasse a la baleine, texte fondateur de la CBI ?

    Le voici (traduit par mes soins) :
    « 1. Nonobstant tout autre élément de cette Convention, chaque gouvernement signataire peut accorder à ses ressortissants un permis spécial les autorisant à tuer, capturer et traiter des baleines à des fins de recherche scientifique, ces permis étant sujets à restrictions pour le nombre et à d’autres conditions que le gouvernement signataire juge adéquates ; la mise à mort, la capture et le traitement des baleines en accord avec les conditions de cet article n’ont pas obligation de se conformer aux dispositions de la présente Convention. Chaque gouvernement signataire devra porter immédiatement à connaissance de la Commission toute autorisation de ce type qu’il aura accordé. Chaque gouvernement signataire peut à tout moment annuler tout permis spécial de ce type qu’il a accordé.
    2. Toute baleine capturée dans le cadre de ces permis spéciaux devra autant que faire se peut, être exploitée et les produits ainsi obtenus devront être traités conformément aux directives émises par le gouvernement signataire qui a accordé le permis.
    3. Dans la mesure du possible, chaque gouvernement signataire devra transmettre à l’organisme que la Commission pourra désigner à cet effet, et à intervalles d’un an au maximum, les informations scientifiques dont il dispose concernant les baleines et la chasse baleinière, y compris les résultats des recherches conduites en application du paragraphe 1 de cette article et de l’article IV.
    4. Reconnaissant que la collecte et l’analyse de données biologiques obtenues lors des opérations des navires usines et des stations terrestres sont indispensables à une gestion saine et profitable de l’industrie baleinière, les gouvernements signataires prendront toutes les mesures en leur pouvoir pour obtenir ces données.
     »

    Il faut egalement souligner que des recherches letales sont egalement effectuees sur d’autres especes animales, notamment pour les ressources pelagiques, mais que les gens ne semblent s’indigner que dans le cas des baleines. Il se trouve que l’article 8 mentionne ci-dessus impose au pays ayant emis le permis special pour la recherche d’utiliser au maximum possible les ressources que representent les animaux captures dans ce cadre. Si la vente de la viande de baleine peut soulager l’effort de recherche, ou est le probleme ? Si le Japon conduisait ses programmes uniquement pour subvenir aux besoins d’un marche en viande de baleine, ne capturerait-il pas autant d’animaux qu’avant la mise en place du moratoire — soit plus de 2000 rorquals de Minke ?

    En fin de compte, on a des pseudo-ecolos qui trouvent que tuer des baleines, c’est mal — parce que c’est un de leurs animaux preferes, sans doute. Au lieu d’envoyer des navires pour faire les clowns devant les navires japonais et se prendre en photo, des ONGs soi-disant ecologique comme Greenpeace feraient mieux de conduire des recherches « non-letales » et essayer de prouver que l’on peut obtenir les memes resultats sans tuer d’animaux. Sans cela, je croient qu’ils feraient mieux de se taire.

  3. C’est sur que ça justifiait de tuer 6800 baleines pour apprendre que fertiliser un ovule de vache avec du sperme de baleine ça ne marche pas…

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