Insolent bénéfice

Douze milliards d’euros et des broutilles. Et même si c’est moins que l’année d’avant, les bénéfices de Total pour 2007 ne manqueront pas de faire couler de l’encre, à défaut de pétrole.

L’entreprise, qui persiste à ne pas reconnaître sa responsabilité morale dans le naufrage de l’Erika, en dépit de sa condamnation, a donc le vent en poupe. Chaque jour, Total produit 33 millions d’euros de cash.

A quoi sert-il? A investir pour l’avenir dans des sources d’énergie alternatives? A créer de l’emploi? Nenni. Total n’investit que 11 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires de 158 milliards… UFC-Que Choisir expliquait ce matin que le groupe dépense 400 millions d’euros seulement par an dans les énergies propres, à peine plus de 3% de ses investissements. Côté emploi, c’est presque une farce. Selon UFC-Que Choisir, le groupe

a réduit ses effectifs de 31% en France (et 22% dans le monde) entre 2000 et 2006… Les actionnaires, eux, se frottent les mains et recevront un dividende en hausse de 11% sur un an…

Comme d’autres, UFC-Que Choisir milite pour une «contribution citoyenne» de Total, au travers d’une majoration temporaire de son impôt sur les bénéfices. En gros, cela reviendrait à appliquer la bonne vieille technique de la carotte et du baton: soit tu investis dans les énergies durables ou les transports collectifs, soit tu passe à la caisse. Franchement, ce serait plus efficace si l’industriel daignait un peu verdir le tas d’or noir sur lequel il est assis. Une fois dans les caisses de l’Etat, notre leader maximo verde élyséen refilerait aussi vite cette «contribution citoyenne» à ses copains sous forme d’allègement-d’impôt-qui-ne-profite-qu’aux-riches. Quant à imposer une baisse du prix de l’essence pour ramener les profits de Total dans une fourchette raisonnable, j’ai déjà dit ici tout le bien que j’en pensais.