Borloo jette un pavé dans les champs de maïs OGM

Comprenne qui pourra. Borloo a-t-il gaffé, une fois de plus? Selon Le Monde d’aujourd’hui, le ministre du Grenelle de l’écologie a affirmé que le gouvernement se prépare à un gel de la commercialisation des semences génétiquement modifiées. «Sur les OGM, tout le monde est d’accord : on ne peut pas contrôler la dissémination. Donc on ne va pas prendre le risque», a expliqué Borloo au Monde. Mais attention, et d’ailleurs les associations anti-OGM sont prudentes, il n’est pas question d’un moratoire sur les cultures OGM. Et le gel des semences ne durera que d’ici le vote d’une loi sur les OGM promise par le gouvernement, une loi sévère, selon le Monde. Bref, s’agit-il juste un geste politique pour tenter de sortir le Grenelle ès-OGM de l’ornière, ou d’un réel pas en direction des écologistes?

De leur côté, les producteurs ont rangé la prudence au placard. Eux qui, justement, accueillaient Michel Barnier lors de leur congrès aujourd’hui, ont immédiatement hurlé au loup, à l’instar du patron de l’association générale des producteurs de blé: «Nous nous étions engagés avec confiance dans le Grenelle de l’Environnement. La confiance n’est plus possible.»

Pris sous le feu des congressiste, le ministre de l’Agriculture a tenté de calmer le jeu en expliquant que «la question des OGM n’est pas tranchée». De son côté, Xavier Beulin, le premier vice-président de la FNSEA, le principal syndicat agricole, a annoncé jeudi après-midi que son organisation «ne siégerait pas à [la prochaine] réunion» du Grenelle consacrée aux OGM, prétextant les déclarations de Jean-Louis Borloo. Un communiqué de la puissante fédération agricole diffusé dans l’après-midi s’élève contre «la méthode», en menaçant de se retirer définitivement du Grenelle: «Aujourd’hui, sauf démenti, la confiance est rompue et notre participation aux travaux du Grenelle de l’Environnement s’avère inutile si les décisions finales sont déjà actées. C’est la raison pour laquelle les représentants de la FNSEA ne participeront pas au groupe de travail sur les OGM qui doit se tenir ce vendredi 21 septembre.»

Bref, pas grand chose n’a changé sur le front des OGM. Quoi qu’il arrive, le maïs pourra être cultivé l’an prochain sur les 22 000 hectares déjà semés en 2007. Et aussi dans les exploitations qui sèment en secret les semences de Monsanto, puisque contrairement à ce qu’affirmait aujourd’hui le ministre de l’Agriculture, les producteurs qui plantent des OGM ne respectent pas tous la loi. De deux choses l’une: soit l’écologiste Borloo ne dément pas ses propos et la FNSEA quitte les négociations, soit il le fait et ce sont des organisations de défense de l’environnement qui claqueront la porte. Dur, dur d’être ministre de l’Ecologie…

Si Borloo ne s’est pas aventuré sur des sols mouvants, s’il entend réellement revoir de fond en comble la question des OGM, il devra en plus composer avec les instances de l’UE. La Cour de justice européenne a refusé à l’Autriche le droit d’interdire la culture des OGM il y a une semaine. A Bruxelles, la Commission s’arque-boute sur l’absence de nocivité démontrée pour la santé, et on oublie les risques pour la biodiversité.

Aujourd’hui, seul le maïs OGM est concerné en France, et c’est sans doute la plante qui pose le moins de problèmes, vu que la céréale jaune est un alien (sympathique) venu du Mexique. Mais derrière le maïs se profilent colza, betterave et une foule de semences bien de chez nous…

En attendant, Bové et ses amis doivent bien rigoler. Histoire d’énerver un peu plus les producteurs et semenciers, deux procès faucheurs d’OGM (dont José Bové) ont été reportés une seconde fois. Celui de Carcassone (19 septembre), parce que le Procureur l’a demandé. Et l’autre (2 et 3 octobre), sans rire, parce que la justice manque de magistrats à Toulouse… En mars, les audiences visant Bové avaient été reportées en raison de sa candidature à la Présidentielle.

Toujours pas jugé, donc, Bové va donc pouvoir s’offrir un peu d’exercice: il a annoncé une marche de militants sur Paris à partir du 9 octobre, et du surplace ensuite dans la capitale, tant qu’un moratoire sur les OGM n’aura pas été décidé.

Image © Denis Delbecq – 2006

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